7 décembre 2025

LE VOLEUR !

EN TANT QUE COMMERÇANT, JAMAIS LE NOM DE VOLEUR N’A ÉTÉ PRONONCÉ A MON ENCONTRE. Il m’a fallu attendre mes 75 ans pour entendre cette indignité (au goût du jour) à mon égard.

LA PLATE-FORME, mon self-service.

Quoi que ? Une exception (mon banquier), lui, me catalogue comme un voleur. Aujourd’hui encore, il fait partie du cercle d’amis : Jean-Louis, Alain, Jean-Yves, Charli et bien d’autres encore qui ne prennent pas de gants pour me confondre en prenant comme référence ma profession en tant qu’agent immobilier. Je pense que ce personnage, compte tenu de son emploi (directeur d’une agence bancaire), est le mieux placé dans sa remarque. Cette rumeur, bien qu’elle soit sous-jacente pour le commun des mortels, ne m’est pas assénée avec la même impudence que ces personnages susnommés.

Ceci dit, revenons à la motivation de mon anecdote.

Faisant feu de tout bois (en l’occurrence, cet adage n’est pas tout à fait vrai), du bois, il me fallait en trouver, sinon pour alimenter ma cheminée, au moins, afin de fabriquer des objets que je voudrais dignes dans leur exécution, voir ressembler aux œuvres des ébénistes.
Une opportunité m’a été donnée il y a 40 ans et qui dure encore aujourd’hui, de me fournir en bois gratuitement. Quelle bonne fortune pour mon porte-monnaie ! Je n’ai jamais acheté de matière première, j’ai sympathisé avec le personnel d’un gros marchand de matériaux spécialisé dans la construction. Je récupère des bouts de bois qui servent comme cales d’emballages de certains matériaux qui leur sont livrés par les fournisseurs.

Tout le monde se retrouve dans cette affaire. J’ai exécuté, pour satisfaire à des demandes du personnel travaillant sur la plate-forme préparant les livraisons de l’entrepôt, entre autres, une table en mosaïque pour un Breton, un portail pour un autre, et bien sûr des plateaux.

En 1979, une tempête avait dévasté notre pays. Les forêts ont subi de gros dégâts, des centaines d’arbres de toute essence : chênes, hêtres, charmes, sapins sont tombés. Il y en avait tellement que les débardeurs ne savaient que faire de cette profusion, ils ont aussi transformé cette matière première en produits de conditionnement pour affréter les matériaux transportés par les camions.

Pour mon bonheur, j’ai pu, tout le temps qu’a duré cette aubaine, travailler des bois nobles, ce qui m’a permis de réaliser ce genre d’objets.

Venons à ma motivation de ces lignes : une certaine habitude s’était installée pour me réapprovisionner en bois. Je passais les barrières de l’entrepôt, je vaquais dans ce lieu sans retenue jusqu’au jour où un jeune freluquet m’a interpellé d’une façon on ne peut plus abrupte.

– Monsieur, vous êtes un voleur. Je vous ai vu passer par-derrière en évitant l’entrée officielle.

Je l’ai regardé, surpris de tant d’arrogance, ma réponse :

— C’est vrai ! Sur un ton ironique, fort d’arguments, en essayant de lui expliquer l’historique dans ma façon de faire, tout en continuant mon chargement.

Ma mémoire ne se rappelle plus de la fin, mais je suis parti sans rien changer à mon habitude.

Je me suis empressé d’aller conter mon altercation aux collègues de notre homme avec l’intention qu’ils argumentent ma défense. Ce qu’ils ont dû faire de la plus belle des manières. Aujourd’hui le redresseur de torts me salue en acceptant ma présence au fur et à mesure de mes besoins.

Pour clore cette histoire, il me faut narrer une autre rencontre lors d’un chargement de bouts de bois.

Un homme portant un beau costume-cravate, se présentant comme le directeur de l’entreprise, vint à ma rencontre afin de me remercier pour mon initiative ; celle-ci lui épargnant des dépenses en récupérant ces déchets pour leur donner une deuxième vie.

Hé oui ! Sa société doit payer pour se débarrasser des emballages, quelle qu’en soit la matière. C’était à mon tour de lui faire choisir un plateau de ma fabrication. Voilà ! Comment je m’amuse de cette aubaine.

Ce sont les aléas d’un maraudeur.

les aléas d’un maraudeur

1 Comment

  • Au risque d’abonder dans le sens de tes vieux amis Jean-Louis, Alain, Jean-Yves, Charli et les autres …., qui je suppose depuis belle lurette, connaissent bien tes travers, je trouve que la narration de tes « combines » en vue d’approvisionner la table de ton « combiné », laisse subséquemment présumer au niveau des us professionnels, également les traces d’une certaine complaisance !
    T’imaginant sans peine, durant que tu polis finement le dessus du plateau pour l’un de tes bons Clients, d’y surprendre sans surprise s’immiscer sous-jacent, quelque modeste « dessous de table » !!
    Ainsi si je ne m’abuse selon tes critères, se faire accuser de « voleur » par un banquier, c’est un peu comme de se faire traiter de « gourmet » par un Grand-Chef étoilé !! FR

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