Pour ce qui est des sueurs froides, il ne faut pas croire à une bonne fortune inconditionnelle. Pour mon bien-être, je ne garde en souvenir, du moins ceux que je choisis, que les bons moments !

Les lignes qui vont suivre vont vous dévoiler un mois de tourments, d’où ce souvenir. Si aujourd’hui, je m’en amuse, ce ne fut absolument pas le cas sur l’instant. Cette période, que je vais vous relater, m’a « turlupiné » de la plus belle des manières.

Je me devais, a priori, de faire confiance à mes clients, qu’ils soient acheteurs ou vendeurs. Des déceptions, il est vraisemblable que j’en aie ressenti. Avec le temps, ces mauvais souvenirs se sont estompés.

Le jour où ce monsieur, portant beau, est entré dans l’agence, j’étais loin de me douter du cauchemar à venir ; j’exagère un peu, mais pour la beauté du récit, il me faut bien poivrer ma sauce.

Il n’est pas venu au hasard : une annonce proposait un appartement à la vente. L’intéressé, suite à la visite, m’a fait une proposition d’achat. J’ai présenté son offre au vendeur qui l’a acceptée, chose normale, tout allait pour le mieux.

Il n’y avait pas de conditions particulières, que les contraintes de l’urbanisme. Il payait comptant avec ses deniers personnels. Il avait recours à un prêt pour des raisons personnelles qui n’étaient pas notées comme conditions suspensives. Les 10 % de dépôt pour arrêter la négociation étaient consignés sur mon compte spécial ouvert à Agencia.

L’affaire, qui devait se dérouler sans anicroche, ne me posait pas de doutes quant à sa réussite. C’est pourquoi, quand l’acheteur m’a demandé les clefs en m’expliquant la raison de sa requête (il avait pris contact avec un architecte afin de réaliser des plans dans l’intention de faire des travaux suite à son investissement, démarche assez fréquente). Suite aux différents entretiens, on ne peut plus sympathiques, j’ai sans hésitation accédé à sa demande; mal m’en a pris !

La ville de Tours étant ce qu’elle est, je me déplaçais au gré de mes visites dans les rues pour présenter ou négocier les biens immobiliers de vendeurs que je démarchais, avec l’intention qu’ils me les confient pour que je les propose à la vente.

C’est au cours d’un de ces déplacements qu’il m’a été donné de passer devant l’appartement, leitmotiv de cette histoire.

Telle ne fut pas ma surprise : les fenêtres du bien étaient ouvertes, une camionnette d’artisan chargée de matériaux était en stationnement au pied de l’immeuble.

Mon sang n’a fait qu’un tour quand je me suis rendu à l’évidence : l’acheteur m’avait berné en me demandant les clefs pour faire des soi-disant plans. Ma situation était devenue catastrophique. Il ne faut pas oublier que, pour des raisons administratives, j’avais enrôlé dans mon sillage Bénédicte et Arnault, en attendant un laps de temps à passer en formation, 10 ans, avant de pouvoir exercer la profession en tant qu’agents immobiliers.

Il m’était arrivé de donner des clefs dans ces conditions, mais j’avais précédemment fait signer un acte par les deux parties, dans lequel il était précisé les obligations suivantes : l’acheteur s’engageait à remettre le bien dans l’état d’origine ou à terminer les travaux. Il me fallait pallier cette bévue.

Pour ce faire, j’ai pris la décision d’informer le propriétaire de cet état de fait, de lui proposer, comme une requête, de permettre à l’acheteur d’engager les travaux. Comme réponse : un NON catégorique, de là, mes inquiétudes.

À ce ton, j’ai compris qu’il ne me fallait pas insister et attendre, en espérant que ce monsieur n’ait rien oublié dans le logement.

Dire que je suis resté inactif, non. J’ai pris contact avec le notaire de La Chartre-sur-le-Loir, le rédacteur de l’acte, pour lui expliquer mon tourment afin qu’il presse la signature. Par bonheur, cet officier d’état civil a compris mon désarroi et nous avons signé l’acte dans un temps record.

À la remise des clefs, qui a suivi la clôture du dossier, nous nous sommes simplement congratulés à la sortie de l’étude, sans palabres, à mon initiative.

Pourquoi ces photos de LA CHARTRE-SUR-LE-LOIR ?

Tout simplement, cette petite ville, en frontière de la Sarthe et de l’Indre-et-Loire, et située à 10 kilomètres de Chemillé-sur-Dême, mon village, son environnement a beaucoup participé à mon émancipation !

Que de souvenirs !

Tout est bien qui finit bien.