
Une journée avec un rebondissement.
Encore un appel téléphonique qui va faire d’un samedi, qui se voudrait normalement banal : marché le matin, sieste l’après-midi, suivi de mots croisés, de sudoku, et bien sûr de l’ordinateur, cela s’était ce qui était prévu.
Il en fut autrement à cause de ce coup de téléphone. Lise, notre amie et voisine, résident momentanément en Suisse, nous avisait qu’un bruit incongru vers 22 heures avait réveillé ses voisins. Ce boucan était généré par un cambrioleur forçant à l’aide de coups de marteaux les ferrures assurant la fermeture du soupirail donnant sur le trottoir.

Photo du résultat de la tentative d’une effraction.
Cet appel n’était pas désintéressé. Elle sollicitait mon aide en tant qu’ami et voisin pour me rendre sur les lieux du délit afin de lui rendre compte du préjudice. Pour ce qui était de l’événement de la nuit, d’autres voisins avaient fait le nécessaire.
Ce qui restait à faire, c’était la mise en sécurité de la maison et un minimum de travaux en attendant son retour pour l’exécution d’une œuvre pérenne par des professionnels. Par bonheur, le fatras de mon sous-sol m’a fourni tout le bois nécessaire pour réaliser ce genre d’étrésillon afin de bloquer l’élément endommagé par le cambrioleur de la nuit.
Croyez en mon orgueil revendiqué : j’étais plus que satisfait du travail terminé. Il ne me restait plus qu’à quitter les lieux et prévenir mon amie qu’elle pouvait dormir sur ses deux oreilles : sa maison était de nouveau en sécurité. Il est vraisemblable que, sans l’événement à venir, je n’aurais pas couché sur le papier mon histoire, quoique ? Pour ma mise en valeur, que ne ferais-je pas ?
Le travail terminé, il ne me restait plus qu’à quitter les lieux. Pour ce faire, il me fallait réitérer le chemin de ma venue en sens inverse, comme bien entendu ! Et de là, commence cet aléa : pour accéder au sous-sol, il faut traverser la maison, sortir par la cuisine, descendre dans un jardinet qui lui nous amène à la porte du sous-sol, le lieu de mon futur travail à exécuter. Celui-ci réalisé, il ne me restait plus, après l’avoir maté d’un œil satisfait, qu’à rassembler mes outils et revenir à mon atelier

Pour sortir du sous-sol, pas de problèmes, croyais-je, c’était avant mon arrivée devant la porte de la cuisine : le déclenchement de mes ennuis, et pas des moindres. Il m’était impossible de l’ouvrir, celle-ci a été fermée de l’intérieur. Grand moment de solitude : j’étais prisonnier entre les murs du jardin et, pour compléter, je n’avais pas mon téléphone.
Pour savoir ce qui s’était passé, je le présumais, les instants qui ont suivi m’ont donné raison : une femme de ménage qui était, elle aussi, en possession d’une clef devait être passée pour, je ne sais quelle raison.
Pour résumer mon état d’âme du moment : comment me sortir de ce contretemps ? Je ne voyais qu’une seule solution : c’était de déconstruire mon travail de l’après-midi, mais un dilemme se posait : comment pourrais-je, si je ne peux rentrer dans la maison barricadée ?
Il me restait comme espoir de joindre la femme de ménage en espérant que nous ayons en note son numéro de téléphone. La mort dans l’âme, je suis revenu vers mes bouts de bois assemblés. Ne pouvant travailler dans le noir, j’ai allumé le sous-sol et là bien m’en prit.
Comme on peut le voir sur la photo, il y a quatre entailles qui laissent passer la lumière recto verso. Suite à cette initiative, j’ai entendu la voix d’une jeune fille m’interpellant :
- Monsieur Duhard, c’est vous ?
Ouf ! J’étais sauvé !
J’avais reconnu la voix de la poseuse de cette question comme étant celle de la fille de la femme de ménage. En deux mots, pour ne pas exagérer dans l’art de ma logorrhée, la jeune fille, en venant relever le courrier, a constaté l’entrouverture de la porte donnant sur le jardin, pensant à un oubli de sa maman. Elle a réparé l’inadvertance : le hasard a voulu qu’entre l’entrée et la sortie du logement, à sa grande surprise, la lumière s’était allumée à cause de mon initiative. En voyant les entailles du soupirail éclairées, elle en a déduit à juste raison qu’il y avait quelqu’un dans le sous-sol, c’est pourquoi elle s’est empressée de téléphoner à sa maman, bien lui en a pris pour mon salut. Sa maman, sachant que j’avais en possession une clef, l’a avisée qu’il ne pouvait s’agir que de moi. Il en a suivi la première narration de l’épilogue.
Troisième rebondissement : le surlendemain, je croyais en avoir fini avec cet état de fait, la suite à venir va me démontrer qu’il n’en serait rien.
Le lundi soir suivant, comme il m’arrive souvent, j’avais oublié mon téléphone dans ma voiture. Il était 22 heures quand je me suis rendu compte de cette étourderie. Pour récupérer mon combiné, il me fallait passer devant la maison sujette à la tentative de cambriolage. Quelle ne fut pas ma surprise en constatant que l’imposte de celle-ci était éclairée de l’intérieur. N’ayant pas été informé d’une présence dans la maison qui se devait être vide de toute occupation, nouvelles perplexités ?
Par acquit de conscience, j’ai sonné. Il est évident, comme je l’avais présumé, pas de réponse, ce qui ne me rassurait pas. À mon retour, Danièle a essayé de joindre la femme de ménage, mais elle est tombée sur un répondeur sur lequel elle a laissé un message. J’en ai déduit qu’il me fallait passer le seuil du particulier pour me rassurer. Comme je ne voulais pas m’offrir à des personnages belliqueux, ayant déjà eu affaire, dans un cas similaire, à la façon de faire d’un gangster qui m’avait estourbi, ceci est une autre histoire.
L’ancien téméraire que je suis a sonné chez un voisin pour qu’il me prête main-forte en cas de mauvaise rencontre. Par bonheur, avant notre départ pour jouer les justiciers, la personne à qui Danièle avait téléphoné l’avertissait de la lumière : celle-ci était allumée volontairement sous les ordres de notre amie.
A la suite de cette déplorable tentative d’intrusion par effraction, j’ai suivi haletant les épiques péripéties de tes besogneuses prestations de sauvegarde, si habilement mises en oeuvre en vue de condamner l’accès du fameux soupirail.
La photo de ton rustique ouvrage m’a permis de juger de sa redoutable efficacité, mais au risque de pédantisme, pardonnable à un quasi nonagénaire, ton terme un peu suranné « d’étrésillon » n’a pas manqué au passage de me faire tiquer !
En effet, d’ordinaire cette appellation s’applique plutôt à un étai ou une entretoise, en quelque sorte une pièce dont les fibres sont vouées à travailler longitudinalement en compression.
Dans le cas présent de ton ouvrage, la poutre ajoutée solidaire de la porte est disposée transversalement, afin d’en « barrer » ou verrouiller l’ouverture. En cas de sollicitation sur la dite porte, les fibres de la poutre y travaillent donc alors en flexion !!
« Sans tourner autour du pot », « Appelons un chat, un chat » et « Les vaches seront bien gardées ». FR