16 août 2025

UN REVEIL EXPLOSIF

Ce huit aout 2025, je me posais une question : comment pourrais-je continuer l’aventure de l’autre vie du pèlerin de Touraine ? N’étant pas romancier, mes histoires ne sont que mon odyssée, pas une once d’imagination. Je me suis aussi fait cette réflexion : quand mon capital souvenirs sera épuisé, il me faudra espacer mes visites et attendre de nouvelles histoires.

Pour l’instant, la chance me sourit : les aléas de ma vie au jour le jour me fournissent la matière à écrire, que ce soient mes rencontres… Même la presse se prête à mon jeu, comme vous pourrez le voir en lisant les deux articles à suivre, qui ont fait la une de la nouvelle république.

La Nouvelle République

Un de ces événements s’est passé l’année de mes 20 ans. Nous vivions en colocation dans un appartement avec Françoise et Chantal. Ce logement se situait au troisième étage d’un immeuble de quatre étages, au 3 rue Marceau, dans le centre-ville.

C’est en lisant l’article dans la presse relatant l’incendie rue Marceau qu’il m’est revenu en mémoire un incident vieux de 60 ans.
Au quatrième niveau, au-dessus du nôtre, des chambres étaient aménagées dans les soupentes ; celles-ci étaient séparées par des cloisons qui s’avéraient être de construction assez légère. Nous nous en aperçûmes en prenant connaissance de ce qui va suivre.

C’était mon époque Michelin, trois ans… Il est vraisemblable que mon avenir devait être autrement.
Là n’est pas notre histoire : revenons rue Marceau, lieu d’habitation des trois Duhard. Ce travail en usine se pratiquait en trois-huit de la façon suivante : 3 semaines du matin (5 heures – 13 heures), 3 semaines d’après-midi (13 heures – 21 heures), la nuit (21 heures – 5 heures).

Quand je travaillais de nuit, je dormais comme tous mes camarades aux heures où le soleil brille de toute sa luminosité, c’est-à-dire de jour. C’est pourquoi, par un bel après-midi, je dormais, étant contraint de travailler la nuit. J’ai été réveillé par une explosion, avec un passage devant ma fenêtre de briques et de gravats. Ma première pensée, à la suite de mon réveil en fanfare et encore à moitié endormi, fut de songer au bang que faisaient les avions en passant le mur du son, et pour compléter mon illogisme dans mon raisonnement :

  • « Le cxx, il a accroché la cheminée ! »

Mon premier réflexe fut de sortir sur le balcon pour me rendre compte de ce qui s’était passé. Ce que je vis n’était pas rassurant : les commerçantes et commerçants de la rue étaient sortis de leurs magasins, alertés par la déflagration. Ils regardaient dans ma direction, les bras en l’air. Quand ils m’ont vu sur le balcon, ils m’ont intimé l’ordre de descendre, me montrant par des gestes désignant le ciel au-dessus de moi.

Cette injonction m’a naturellement fait relever la tête : ce qui s’offrait à ma vue n’avait rien de rassurant. Un nuage de fumée sortait par la fenêtre de la chambre aménagée dans les soupentes, juste au-dessus de moi. Écoutant les conseillers sur la chaussée, je me dirige vers la sortie de mon logis, où je trouve la porte entrouverte, soufflée, les chambranles éclatées – résultat de l’explosion.

Je n’étais pas au bout de mes émotions : quand j’ai ouvert la porte, je me suis trouvé en face de notre voisin, locataire du logement explosé, allongé dans les marches de l’escalier, la tête en bas, celle-ci sanguinolente, noire de brûlures. Ne pouvant rien faire, je suis descendu, croisant les pompiers qui m’ont dit de dégager, ce à quoi je ne me suis pas fait prier.

La cause de ce sinistre, je l’ai connue après : notre voisin avait tenté de se suicider en ouvrant les bouches de gaz de sa gazinière. Cet « imbécile », avant de passer de vie à trépas, a voulu fumer une dernière cigarette. C’est en actionnant son briquet pour l’allumer qu’il provoqua cet événement catastrophique.

Question dégâts : chez nous, il n’y avait que la porte à réparer, mais pour ce qui était de l’étage supérieur, de toutes les cloisons séparant les logements, il n’en restait que des trous béants, ayant pour résultat un champ de ruines sur toute la surface des immeubles – le nôtre et ceux des voisins.

Pour me réconforter, je me suis offert un alcool fort : il me fallait bien ça pour me remettre de mes émotions.
J’ai revu le prétendant à la mort : il a eu de la chance après son lifting. Les chirurgiens, ayant fait un très bon travail, m’ont paru l’avoir rendu plus beau qu’avant l’accomplissement de son geste désespéré.

J’avais écrit cette histoire sans imaginer qu’il me viendrait l’occasion de la partager, afin de compléter ma collection de boniments.

2 Comments

  • Pour paraphraser Michel Audiard « C’est pas parce qu’on a plus rien à dire qu’il faut fermer s….. » on ordinateur !! Si tel était le cas, les journaleux et le monde médiatique en général passerait plus de temps à pointer au « Pole en ploie » qu’a cachetonner !!
    Comme eux en pénurie sévère de news, n’aie donc pas vile scrupule à réexhumer, broder, enjoliver, conjecturer, supposer, sur d’anciens faits depuis longtemps enfouis sous les cendres, en soufflant un peu sur les braises il y a encore de quoi faire bouillir la marmite !
    Et puis pour solliciter toutes les zones de ton cerveau, après la MEMOIRE et ses souvenirs, pourquoi ne pas faire appel à l’IMAGINATION, un tas d’auteurs s’en sont inspirés et avec comme seul carburant, depuis la nuit des temps, ont rempli des bibliothèques . FR

  • Ne disposant pas de la qualité narrative de ton ami ROUSSEAU, je me contente de cautionner son excellent texte qui précède, notamment le conseil qui te demande de faire appel à ton IMAGINATION. Amitiés.

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