Ces manifestations commerciales animent les quartiers situés dans la ville. Elles se déroulent hebdomadairement :

– Les mardis et vendredis sur la place Saint-Paul.

– Les mercredis et samedis sur la place des Halles.

– Le jeudi, sur la place Strasbourg.

– Le dimanche, sur la place Rabelais.

Il en est d’autres, mais je me contente de ces susnommés, leurs situations géographiques me permettent de m’y rendre en promeneur presque quotidiennement.

Les animateurs de ces commerces de bouche sont souvent les mêmes, hormis les mardis et les vendredis. Ces deux manifestations ont la particularité de se dérouler dans un quartier au centre d’une résidence aménagée en logements sociaux avec beaucoup d’habitants originaires de pays qui nous ont fourni la main-d’œuvre utile afin de répondre aux besoins de la demande de l’industrie, de la construction, des infrastructures, etc., durant les Trente Glorieuses.

Aujourd’hui, une civilisation descendante de ces travailleurs a organisé une vie issue de ses cultures ancestrales, c’est pourquoi un marché s’est spécifié en proposant sur les étals les produits correspondant à la demande des résidents de la cité.

Un vrai dépaysement pour mon plus grand bonheur, pour ce qui est de son importance. Il est, et de loin, le plus étendu de toutes ces manifestations urbaines, en un mot « le souk ».

Quand le soleil est de la partie, je déambule dans les allées en touriste. Pour ce qui est des palabres, ne pouvant point me mêler aux conversations incompréhensibles, ne sachant m’exprimer qu’en franchouillard, il ne faudrait pas croire à un silence complet, chose impossible dans mon cas : ma provocation orale envers mes vis-à-vis me procure beaucoup de plaisir. Ces commerçants avec leur accent et la musique générée par ce brouhaha m’emmènent dans des pays méditerranéens.

Pour ce qui est de mes autres errances, il en est différemment du fait de ma présence presque quotidienne. Je suis interpellé de haute voix par bon nombre de ces commerçants qui, à mon passage, prennent leurs aises en utilisant des sobriquets tels que Picsou, monsieur le radin. Cette appellation formulée de haute voix, qui n’est pas faite pour me déplaire, ne serait-ce que pour entendre dire, pour ma défense, par des intervenants, clients comme moi, faisant la queue dans la file d’attente :

– Non ! Monsieur n’est pas radin, il est économe !

Alors là, pour justifier de ma qualité, j’ouvre mon porte-monnaie que vous connaissez, celui avec des punaises qui a une histoire éditée : LE PORTE-MONNAIE en date du 23 novembre 2023.

Dans un autre genre, il y en a un qui y va fort en m’apostrophant en tant que gauchiste. Pour ce qualificatif, une explication : il paraitrait que je ressemblerais à un certain Robert Hue ; pour d’autres, ils m’interpellent en me nommant pour la même raison inspecteur Broussard et encore le professeur Jacquard.

Il est une raison, entre autres : ces déambulations me procurent du plaisir. Je croise, il est vrai, de moins en moins de paysans anciens clients qui proposent en ventes directes leurs productions. Aujourd’hui, ce sont les enfants et même les petits-enfants qui ont pris la relève.

Bien sûr, je n’ai pratiqué ces flâneries que depuis ma mise en retraite, hormis celui de la place Rabelais ; lui, il peut témoigner de ma fréquentation tous les dimanches matin depuis mon arrivée dans le quartier en 1968.

Il est peu banal de remarquer une continuité dans la succession de ces producteurs. J’ai remarqué une continuité dans la succession de ces producteurs, que cela soit les maraîchers, les arboriculteurs, les apiculteurs, les fromagers de Sainte-Maure .

Pour justifier mon blabla, la femme sur la photo n’est rien de moins que la petite fille d’un arboriculteur auquel j’ai vendu un atomiseur en 1968.

Pulvérisateur

Son vis-à-vis n’est autre que le quidam à qui j’ai donné une bonne partie de mon savoir-faire en lui fabricant ces étals.

Il y aurait bien d’autres choses à dire sur mes facéties résultantes de mes provocations destinées à agrémenter mes démarches de consommateur en produits locaux.