Cette histoire mérite encore quelques lignes. Pour simplifier la transaction à venir, nous avons opté pour le choix du tabellion : prendre le même que les acheteurs. Et de là, une autre bonne surprise allait me surprendre. Je n’ai pas besoin de préciser que dans le monde notarial de l’agglomération tourangelle, les notaires, je les connaissais presque tous du fait de mon ancienne profession.
L’horloge ayant tourné, vingt ans se sont passés, alors beaucoup de ces officiers d’état civil ont subi le même sort que moi ; la retraite les a rattrapés eux aussi. L’étude choisie par les acheteurs étant située dans un village hors agglomération, je n’ai pas signé beaucoup d’actes dans les bureaux de cette office mais, quand même quelques-uns. De toutes les façons, les rédacteurs de mon époque avaient vendu à des jeunes, inconnus de moi.
Pour accélérer donc la rédaction des actes, je me suis déplacé physiquement pour remettre les documents nécessaires à la rédaction des écrits. En entrant dans le bureau, je ne pensais pas que cette initiative me ramènerait vingt ans en arrière. Passé le seuil, je me trouve en vis à vis de l’hôtesse d’accueil.
– Bonjour monsieur ! C’est pour quoi ?
Je la renseigne sur la raison de ma présence. Mon explication n’est pas finie qu’une femme masquée (covid) se dirige vers moi d’un pas décidé. Arrivée à ma hauteur, je reconnais en cette personne, l’ancienne secrétaire d’une étude avec laquelle j’ai énormément travaillé durant le temps de ma carrière d’agent immobilier. Elle avait reconnu ma voix.
Pour ce matin, j’arrête mon blabla. Une suite ne manquera pas.
Une fois encore, le sort m’a souri. Je savais, tenant compte de nos relations antérieures, vu le nombre de dossiers traités en collaboration avec son ancien patron, qu’une complicité s’établirait entre nous.
Il ne nous restait plus qu’à attendre la signature de l’acte authentique.
SUITE ET FIN! CE QUI EST MOINS SUR ?
Cela dit, je ne peux faire autrement que de relater des événements on ne peut plus étranges qui se sont déroulés au cours des cinq jours qui ont suivi cette visite.
Et la prise de position.
1. Dans la nuit suivant l’offre, je ne dormais pas quand, un bruit insolite comme la chute d’un objet assez lourd s’est fait entendre. Je me suis posé la question : quelle pouvait être la cause de ce vacarme ? J’ai pensé à l’échelle dressée sur le mur qui vraisemblablement devait être tombée. Que nenni ! une demi-heure ne s’était pas écoulée, que rebelote le même tintamarre ! par contre, pour celui-ci, je réalise que ce boucan s’est manifesté dans la maison. Ne pouvant faire autrement, je sors des draps pour voir de quoi il s’agit.
Quelle ne fut pas ma surprise : une partie du carrelage, entre la salle à manger et la lingerie, avait éclaté sur une surface d’un mètre carré. Il est déjà arrivé que des carreaux se décollent toujours en silence et un ou deux simplement l’affaire aurait pu s’arrêter là ! Eh bien non ! Une suite est venue agrémenter cet aléa. J’ai informé Danièle de l’incident. Elle est sortie du lit pour visualiser mon information. Nous regardions les dégâts, quand deux rangées de carreaux se sont soulevés les uns après les autres, sur une cinquantaine de centimétres, dans un crépitement qui suivait au fur et à mesure le soulèvement du carrelage.
2. Le lendemain matin, soit le mercredi, jour du passage des éboueurs comme à l’habitude, je descends pour sortir notre poubelle. Le mercredi : collecte de la grise. Une surprise m’attendait à l’entrée de la cave. La statue représentant le buste d’un pharaon gisait, éclatée en multiples morceaux sur le sol. Il est vrai que mon étagère n’était pas fixée dans des règles des plus rigoureuses.
3. Le jeudi, même rituel, ce coup-ci pour le conteneur jaune, et là, une partie de mon matériel de pêche était tombé de son étagère. Celle-ci n’était pas des plus fiables non plus mais, depuis des années, il s’y trouvait vraisemblablement bien et n’avait jamais perdu l’équilibre
4. Le vendredi matin, je suis descendu pour voir si un nouvel événement venait égayer mes heures matinales. Rien d’anormal mais, pas pour longtemps. L’après-midi, me rendant au sous-sol, un tas de gravats provenant du crépis jonchait le couloir. Il est vrai que cet enduit était salpêtré, n’empêche que ces manifestations matérielles m’ont interpellé.
Pendant que j’y suis, tant qu’à passer pour un fou, allons-y, donnons dans la fantasmagorie. Pour les incidents relatés ci-avant, des preuves concrètes étaient palpables. Ce qui n’est pas le cas pour les trois gestes invraisemblables ressentis sur ma personne qui ont suivi ces incidents on ne peut plus réels.
Le décor : mon bureau. Le moment : entre 3 heures et 4 heures du matin. Je tapotais comme souvent sur ce clavier. Pour ce qui est du sujet, pas besoin de questions : depuis toujours le monde paranormal ne m’a jamais laissé indifférent. Les événements qui vont suivre viennent titiller mon scepticisme, ce qui n’est pas pour me déplaire, au contraire, elles m’apportent une certaine sérénité.
Mes tourmenteurs, tout du moins ceux que j’ai ressentis, ne s’en sont pas tenus à ces manifestations palpables. Ils ont accentué leur présence en se manifestant de drôles de manières.
1. Un frôlement dans le dos comme le passage d’un voile qui est passé derrière moi. Je n’ai pas réalisé sur le moment, pensant qu’un vêtement vraisemblablement posé sur le dossier de ma chaise était tombé ; sans plus. Je me suis retourné pour constater. Rien. Pas de linge nulle part et puis même ce chiffon serait tombé à la verticale mais, pour moi, cette sensation d’effleurement s’était déroulée à l’horizontale.
2. Assis au même endroit le lendemain aux aurores, dans les circonstances comparables, tout occupé à ma rédaction de ce blabla, les yeux rivés sur l’écran comme la veille, j’ai ressenti des doigts dans mes cheveux : vous savez, les extrémités de ces mains qui agissent dans une gesticulation de fermeture et d’ouverture qui font que vous ressentez comme lors d’un massage du cuir chevelu.
Non ! Non ! Cette sensation fut tellement fugace et douce que je l’ai subie agréablement. Ce n’est qu’après, que le côté étrange de cet événement m’est apparu.
Jamais deux sans trois, qu’ils disent !! Pour ne pas faire mentir cet adage, la suite de mes avatars va me donner encore une fois l’occasion de blablater sur un moment de scepticisme dans mes élucubrations fantasmagoriques.
3. C’est comme ça ! le fada naïf que je suis prend pour argent comptant tous ces petits aléas qui ont agrémenté ces instants pour le moins étranges.
Ce qui va suivre ne peut que me conforter dans mon délire. Le 2 juillet, veille de la signature du compromis de vente, le diagnostiqueur m’avait donné un rendez-vous sur place, dans la maison sujet de ces manifestations, afin d’établir le rapport nécessaire à la rédaction de cet acte.
Pendant le temps qu’il contrôlait la maison, je patientais en déambulant dans le jardin quand j’ai ressenti un coup dans mon tibia gauche assez violent. Il y avait bien quelques herbes hautes mais, leurs tiges n’étaient pas en mesure de m’infliger un tel choc. Sans explication, j’ai constaté en relevant le bas de mon pantalon, qu’aucune trace de coups ne confirmait cet état de fait.
De conclusion ? Il n’en n’est point.
Sinon que le cartésien que je veux être se doit de revoir sa copie.
Quand j’ai écrit quelques lignes plus haut en annonçant la fin de cette narration : rien n’est moins sur ?
Je devais avoir un pressentiment car le 22 juillet, soit 20 jours après la signature du compromis. Alors que je me trouvais dans la lingerie, le téléphone fixe s’est mis sonner. Il est très rare que je décroche sur cet appareil, allez savoir pourquoi, le hasard a voulu que ce jour là, je sois à portée du combiné. A peine ai je porter l’écouteur à mon oreille qu’une voix après le bonjour m’annonça tout de go :
-Monsieur votre maison de Chemillé, nous l’achetons.
Ne pouvant faire autrement je lui répond.
-Qui êtes vous ?
- Le couple qui a visité il y peut être un an votre maison nous ne pouvions prendre de décisions, car nous devions réaliser la transaction de la nôtre.
- Mais Madame c’est trop tard nous avons signé un compromis de vente il y a trois semaines.
- Cette réponse négative a généré de vrais sanglots émanant du combiné.
- Monsieur c’est grave nous avons vendu la nôtre hier soir.
Mon histoire devrait s’arrêter là mais non, j’ai appris par une Chemilloise de mes amis que cette dame l’avait contactée pour qu’elle intercède auprès de moi, pour changer le cour de la vente.
Pour ce que je croyais en avoir terminé de cette histoire il n’en est rien en juin 2022 je reviens taper sur mon clavier pour un autre épisode relatif à cette bâtisse.
LE RETOUR AUX SOURCES