23 septembre 2023

CETTE MAISON A UNE ÂME n°3

LE CARMEL

La justification de l’intitulé d’une nouvelle histoire relative avec une construction du XIXe siècle.

Cette nouvelle narration aurait pu trouver sa place dans « mes hasards ».

Les événements qui vont suivre ne font que me conforter dans les invraisemblances qui ont suivi le changement de propriétaire de notre maison.

En 1951, papa et maman sont devenus propriétaires d’un terrain sur lequel avait été construit, il y a peut-être trois cents ans une chapelle. Malheureusement, il y a bien longtemps, cet édifice a perdu sa raison d’être en tant qu’édifice religieux pour devenir une simple grange délabrée. Je me rappelle très bien de cette bâtisse. Je regrette de ne pas être aquarelliste, car, je figerai sur la toile mon enregistrement mémoriel. À l’intérieur, le crépi était de couleur ocre, la toiture, vu son état de délabrement, laissait passer la lumière de la « chapelle ». Il ne restait qu’une statue de la vierge trônant en hauteur, ornementant la ruine.

Ce n’est pas par hasard que la parcelle de terre où était érigée cette grange avait comme particularité de se nommer « LE CARMEL ».

Ce bâtiment ne représentait rien comme valeur, il était même dangereux. Avec vraisemblablement les accords de la municipalité, papa a pris la décision de raser cette ruine. Suite à cette manœuvre, la sainte vierge a trouvé place dans l’église parmi les statues sulpiciennes, ornementant la nef et les allées de l’édifice dédié à Saint Cyr et sainte Judith, les protecteurs des Chemillois, « Chrétiens baptisés ».

Ceci dit, il me faut justifier ce déroulement de mots qui va suivre.

Je reconnais aisément ma façon de toujours voir le côté romanesque des événements qui ont meublé mon passé et là encore, je ne peux omettre de relater ce devenir.

Comme je l’ai déjà souligné lors de mon premier contact avec les acquéreurs de notre maison, je ne pouvais faire autrement que de reconnaître des catholiques très pratiquants.

Aujourd’hui, deux ans après cette transaction, nos relations de vendeurs-acheteurs sont au beau fixe. Je ne rate jamais l’occasion de rendre visite aux nouveaux propriétaires, ils m’entretiennent avec beaucoup de verve, les travaux exécutés et à venir. Il m’avait informé de la construction d’une salle de réception en aile sur le côté est de la maison. Je m’en suis tenu à cette information sans plus.

La motivation de ce palabre est née suite à une conversation avec une amie Chemilloise où il a été question des travaux apparents exécutés par les nouveaux propriétaires. Nous avons évoqué l’agrandissement, de-là ma surprise. Mon interlocutrice en parlant de cet appendice, l’a nommée comme une future chapelle. Cette nomination lui a été rapportée par une de ses amies à qui l’homme, maître des travaux, l’avait renseignée sur la future destination de ce bâtiment.

À ces mots, que croyez-vous qu’il arriva dans mon cerveau ? Un tiroir a été tiré, je me suis retrouvé dans la grange du Carmel. Cette nouvelle construction n’est pas exactement à la même place, mais il s’en faut de peu, 15 mètres plus à l’est.

Celle-ci s’érigerait à l’emplacement exact de l’ancienne chapelle, ma première déduction qui s’avère fausse. Il serait plus vraisemblable que ce lieu soit un Hermitage, tout se prête. Suite à ma cogitation, la construction de cette bâtisse était vraisemblablement érigée par un religieux (Hermite). La configuration du lieu est appropriée pour cette vocation, un terrain fertile, une rivière à proximité, un éloignement relatif du village.

Pour me conforter dans mes dires, j’ai mené une enquête auprès des personnages de la paroisse susceptibles de se souvenir de ce qui pourrait être une affabulation sortie de mon imagination. Pour la plupart, pas de réminiscence, mais pour d’autres, nous sommes d’accord sur le visuel mémoriel de cette ruine ornementée de la vierge.

Pour justifier de cette affirmation, je me suis mis en quête de preuves écrites. Après avoir démarché les bureaux d’archives du département sans résultat, en petit malin que je suis, j’ai épluché les actes concernant les transactions entre les propriétaires successifs. La chance m’a souri dans le bas d’une page, comme le prouvent ces photos où l’appellation du lieu-dit se dénomme comme « le four à chaux », « le vivier » ou encore « le carmel ».

Il est resté et il se peut qu’un témoin vivant tout du moins y vivait encore il y a peu de temps. Maman nous a soignés avec ses fruits, il parait que la gelée nous guérissait de nos ennuis gastriques : le cognassier. J’avais fabulé en me rappelant que cet arbre, a peut-être, compte tenu de son âge et sa ramure des plus tordues, aurait pu connaître cet « Hermite », chose impossible. La durée de vie cette variété de fruitiers n’excède que très rarement le siècle, chose plaisante, il a poussé à l’ombre de L’hermitage.

1 Comment

  • Très intéressante cette parcelle d’histoire chemilloise retrouvée dans les couloirs du temps. Peut-être un jour retrouverons-nous trace ou témoignage avéré sur cet ermite du Carmel … ou sur la fontaine du Gast …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Plateforme de Gestion des Consentements par Real Cookie Banner