2 septembre 2023

CRIN BLANC

Avant cette narration, je vous dois une explication pour ce moment d’absence dans mes histoires. Une panne informatique ; il m’a fallu attendre la venue d’un technicien pour remettre de l’ordre dans cette machine infernale. Ayant mes habitudes, j’ai attendu sa disponibilité.

Encore un cheval gardé en mémoire.

Comment une illusion vieille de soixante-dix ans, sinon plus, se transforme en désillusion pour le vieillard que je suis devenu au fil des ans.

La Camargue, un Éden dans mon imagination d’enfant.

Pour le bonheur des écoliers de ma génération, notre instituteur, Monsieur Hémery, avait convaincu la municipalité de Chemillé-sur-Dême, mon village, d’acquérir un projecteur cinématographique afin de compléter notre éducation avec des documentaires, mais pas que !

Dans ces projections du samedi après-midi, des films récréatifs s’intercalaient dans les séances instructives, entre autres : Jodi et le faon, Crin blanc, etc.

Ce dernier m’a laissé une certaine vue de la Camargue. Ce film, tourné en noir et blanc, a laissé libre cours à mon imagination ; le coloriage des paysages des sites panachés de verts, de bleus du plus bel effet. Il faut dire à ma décharge, que tous les reportages vantant cette région ne reflètent pas exactement les couleurs du décor.

Je profite de l’opportunité qui m’est donnée pour relater le comportement de notre instituteur. Machiniste, ce Monsieur en plus de nous instruire, veillait à ne point exacerber nos libidos quand il arrivait dans des films des scènes jugées à ses yeux un peu trop osées : des baisers, la partie d’un sein, une jambe féminine dénudée au-dessus du genou, il prétextait la cassure de la bobine pour passer le passage tendancieux.

Ma critique gratuite suite à cette excursion : je ne suis pas revenu emballé par la beauté des sites. Il faut croire à mon attente trop imagée par des paysages filmés que je n’ai pas retrouvés devant mes yeux. Fi de ma façon de voir, il me reste à remercier l’accueil de mes deux hôtesses, Josette et Jacqueline, anciennes Parisiennes, des cousines avec lesquelles j’ai partagé une bonne partie de mes loisirs lors de mon séjour à la capitale entre 1961 et 1964.

La maman de Josette et Jacqueline, étant une sœur de notre grand-mère maternelle qui profitait des vacances certaines années pour séjourner dans notre village, de là nos souvenirs communs.

Question voyage, j’ai emprunté le TGV pour l’aller. Je me suis converti en animateur d’un dialogue à trois ; une femme et deux hommes. Nous étions assis en vis-à-vis dans des places qui je crois sont destinées aux voyages familiaux. Me reconnaissant bien là, j’ai dû vraisemblablement entamer la conversation en interviewant mes deux voisins sur je ne sais plus trop quoi. Peu importe, une conversation relatant nos vies a animé un vrai débat, mais contrairement à ce que peuvent penser de moi certaines de mes connaissances, je n’ai pas monopolisé la parole.

Je me suis même surpris, en restant pratiquement muet, à juste, jeter mon grain de sel pour relancer leurs échanges, relatant leur vie : loisirs, profession, politique, tout y est passé, rien que de banal. À la fin du voyage, au moment des adieux, l’homme, chauffeur routier, chose apprise lors de sa narration ; son travail consistait à se rendre dans toute l’Europe afin de ramener des véhicules de transport « cars et Poids Lourd » pour une société faisant commerce de ces matériels. Il passait la moitié de son temps de labeur dans les trains.

À la séparation, avant de nous saluer, il a terminé notre rencontre par cette phrase :

– Sachez que c’est la première fois, et Dieu sait combien de temps, je passe dans les trains, à avoir pris autant de plaisir à voyager.

Dans la deuxième partie du voyage, c’est avec un couple d’Indiens que j’ai bavardé.

Pour le retour, j’ai fait comme tout le monde, admirer le paysage, les Charolaises blanches, ornement du plus bel effet sur le vert des prés.

Mon séjour en tant qu’hôte des cousines a répondu à mon attente. Tout était prévu, mon accueil, même les menus, les « travaux » à exécuter le temps de ma présence. Ma première exigence envers ces dames fut de les virer de la cuisine, en les informant de mon intention de les sustenter le temps de mon séjour, ce que je fis. J’ai cuisiné les recettes héritées de ma grand-mère, leur tante. Ces mets, faits à la fortune du pot qui nous ont régalés. Pour moi pas de surprises, mais pour elles, oui.

Tout n’a pas été que déception, des visites d’églises et de monuments ne serait-ce que le moulin d’Alphonse Daudet…

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