Il ne suffit de presque rien pour qu’une journée sans soleil s’éclaire. J’étais loin de me douter hier, en prenant la décision de me rendre à la pharmacie mutualiste afin de suivre la prescription de mon médecin et pour prendre livraison d’une ordonnance, que je croiserais un couple à qui j’avais eu affaire en leur vendant un immeuble dans le quartier du vieux Tours il y a plus de 25 ans.

Il m’était arrivé de le rencontrer entre temps, mais nous ne nous racontions que des banalités et nos échanges verbaux se limitaient à des phrases de courtoisie, ce qui ne fut pas le cas cette fois. Comme nous attendions notre tour d’être servis, bavard comme je suis, il me fut amusant de vouloir leur remémorer les circonstances de notre transaction immobilière datant du siècle dernier : vers 1985.

Mon récit à peine commencé, le monsieur m’interrompit tout en prenant sa femme à témoin pour me dire que cet achat avait changé le cours de leur vie et qu’aujourd’hui, ils seraient loin d’être aussi à l’aise financièrement si nous ne nous étions pas rencontrés.

Il ne m’en fallait pas plus pour me rengorger, mais ce verbe usité ne correspondait pas selon moi à la véritable définition que je me fais de ce mot.

Oui, il eut bien une rencontre, mais celle-ci ne fut pas fortuite. Je l’avais provoquée de telle manière qu’elle ne s’est jamais effacée de ma mémoire.

En voilà le récit : c’était un samedi midi, j’arrivais à la maison. Ce couple regardait un petit immeuble qui était habillé d’une pancarte « À VENDRE » en vis-à-vis de notre seuil. Je savais qu’une transaction avait eu lieu, donc ce bien n’était plus à acquérir.

En bon commerçant que je suis, j’interpelle ces chalands en les informant qu’il était trop tard pour acheter ce bien. Ceci fait, je me présente en tant que négociateur en immobilier en leur proposant un immeuble dans le même genre, mais bien mieux placé dans la ville. Il faut croire que je fus assez persuasif : nous avons pris rendez-vous à 14 heures à l’agence ; à 17 heures, ils avaient signé, pour mon bonheur, un compromis d’achat.

Dans le sous-sol de cet immeuble, nous ne pouvions pas y accéder. Des siècles durant, ce local avait récupéré un amas d’immondices. De ce fait, nous ne pouvions voir que le plafond.

Aujourd’hui, ces nouveaux propriétaires ont redonné vie à ce monument en convertissant ce qui était un lieu de culte en petite salle de réunion et en mini salle de spectacles (Photo ci-dessous).

Cette affaire me rappelle une autre du même genre. J’avais comme banque la BNP. Je ne sais pourquoi, ce soir-là, je m’étais rendu dans une succursale de cette société. Il faut croire que j’y avais à faire ; un client devant moi demandait des renseignements sur un prêt immobilier. L’employé de la banque, qui ne devait pas être très féru dans ce genre de produit, répondait très évasivement, vraisemblablement à court d’arguments. Il se rend dans une pièce située derrière son bureau pour demander à un de ses collègues des renseignements complémentaires ; je profite de l’absence de ce monsieur pour m’adresser à l’homme en quête d’informations sur les emprunts, en lui proposant qu’il m’attende à la sortie et que je me ferai fort de le renseigner.

Ce monsieur suivit mon conseil. Il m’a attendu, m’expliquant son cas : il venait de signer un compromis pour un appartement, il était en recherche d’un financement. Je lui ai donné des conseils pour, sinon résoudre sa requête, au moins lui donner la marche à suivre.

Mon esprit de vendeur devait être comme il se doit en toute logique en éveil, car, au moment de nous séparer, je lui laisse ma carte de visite en lui précisant que je me ferai un plaisir de le renseigner si toutefois il avait besoin d’autres conseils. Bien m’en a pris, son achat, et je ne sais plus pourquoi, n’a pas abouti, si bien qu’il est revenu vers moi, ce qui m’a donné l’occasion de lui vendre un autre appartement.

Ces histoires, je les ai écrites en 2011 avec l’intention d’amuser, si le cœur leur en disait, mes petites filles.