31 mai 2025

UN CARTÉSIEN ?

Encore une fois, je vais voir ce que j’ai envie de voir. Ma bonne fortune me gâte : la semaine dernière déjà, le sujet de mon histoire (le poulbot) fut impromptu, et pour comble de bonheur, cette semaine, un concours de circonstances m’amène à fabuler une nouvelle fois.

Il faut savoir que ma prose n’était pas destinée à paraître en feuilletons. J’ai pris cette initiative à l’intention de mes petites filles dans la mesure où elles seraient curieuses de savoir qui était leur grand-père.

Pour alimenter mes « bonnes semaines », je fais feu de tout bois : tout ce qui m’amuse, je le partage. Aujourd’hui encore, une anecdote qui vaut ce qu’elle vaut. Descendons dans mon jardin que j’appelle ma prairie.

La première tonte n’a lieu qu’après le fleurissement des myosotis.

Le myosotis est aussi désigné par des phrases poétiques d’amour : « aimez-moi », « souvenez-vous de moi », « plus je vous vois, plus je vous aime », « pensez à moi » et le plus utilisé : « ne m’oubliez pas ». Selon une légende, un chevalier et sa dame se promenaient le long d’une rivière. Le chevalier voulut se pencher pour cueillir une fleur. Son armure étant trop lourde, le chevalier tomba à l’eau. Sachant sa fin inéluctable, avant de disparaître sous les eaux, le chevalier lança galamment la fleur vers sa dame en la priant : « Ne m’oubliez pas ! ». Cette symbolique est reprise dans le poème de la cantate.

Quand papa m’a donné ce plant, il ne se doutait pas que, 45 ans plus tard, je matérialiserais ce présent.

Ne m’oubliez pas.

Fini la radoterie ; pour revenir à la bonne raison de ces lignes dans ce carré de verdure, il me plait de fantasmer sur la présence d’animaux qui orneraient ma prairie et, pourquoi pas, ovins ou caprins y auraient bien leur place.

Soyons fous, mais quand même, mon environnement ne tolérerait ni les mouches ni les odeurs inhérentes à leur promiscuité.

Pour satisfaire à mon vœu, je me suis mis à rêver : une simple photo de ces bestiaux paissant sous le pommier me comblerait.

Alors, comment faire ? C’est alors qu’il m’est revenu en image une vitrine qui, pour les fêtes de fin d’année, est animée de la plus belle des façons.

Dans cette devanture, les santons de hauteurs respectables représentent les êtres agrémentant les étalages de NOËL, entre autres un mouton et une chèvre.

Cette vitrine, bien qu’il me fallût faire un détour à cette période de l’année, je suis passé pendant plus de 18 ans devant, pour le plus grand bonheur de mes petites filles durant l’aller et le retour du repas de midi, et ceci durant un mois, hors des vacances ; précision nécessaire pour les Chinois qui ne manqueraient pas de me discréditer.

Et pourquoi ne pas faire une démarche en allant demander à ce commerçant s’il voulait bien mettre en pension dans notre îlot de verdure le temps de prendre des photos ? Comme il n’y avait pas d’urgence, je remettais toujours à plus tard le moment de ma requête.

Mais le destin en a voulu autrement. Encore une fois, je vais renier ce que je voudrais être : un cartésien. Ce qui va suivre me donne l’occasion d’évoquer encore une fois le mot hasard.

Ce vendredi 23 mai 2025, était garée devant notre maison une camionnette ; pas n’importe quel fourgon, celui de l’artisan qui venait exercer son art, changer la porte d’entrée de notre voisin.

Comment ne pas remercier le ciel ? Il ne m’a pas fallu attendre pour inviter ces hommes à prendre un verre. J’ai quand même, malgré leur refus, posé ma requête : mettre en pâturage les deux ongulés animant sa vitrine. Un accord fut convenu, c’est pourquoi aujourd’hui !

AU REVOIR LES MYOSOTIS

1 Comment

  • Si l’histoire parait bien singulière, le triste spectacle qui en ressort me parait fort affligeant … Toi qui ne d’ordinaire ne répugnes pas à te mettre en scène, pourquoi tel Dieu Pan, vêtu d’une simple peau de bique, flute au bec et houlette en mains, ne l’as-tu pas allégrement rejoint pour le rendre un peu plus vivant ??
    Ces deux pauvres caprinés tondus, perdus, figés dans leur posture sur l’herbe rase, font peine à voir en ces lieux bucoliques et d’aventure ton habituel sourire goguenard, d’un trait en eut illuminé tout l’éclairage !! FR

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