

Aujourd’hui, ce n’est pas la Nouvelle République qui m’a provoqué, excusez-moi du peu, mais la télévision, dans un reportage sur les vendanges en Italie.
Cette errance nous a promenés à travers des vignes pour ma plus grande satisfaction, le vigneron était équipé d’un tracteur SAME.
De là, il m’est revenu en mémoire un événement qui s’est réalisé il y a plus de cinquante ans, grâce à mon instigation.
En tant que concessionnaire SAME, la société qui m’employait louait un stand à la foire-exposition de Tours pour une semaine au mois de mai. Cette manifestation ancestrale rassemblait tous les corps de métiers du département. Notre stand se situait en limite d’une allée réservée aux marchands de matériels agricoles, ma spécialité.
En vis-à-vis de mon lieu de « travail », le quartier des gourmets appelé « le village gourmand ». Tous les métiers qui ont un rapport avec les commerces de bouche, que ce soit des producteurs de denrées alimentaires de toutes les régions, bien sûr, les commerçants de notre Touraine y étaient prépondérants. Ce lieu de festivités attirait une population qui profitait de la fête foraine qui durait tout le mois. Eh oui, les attractions prenaient position afin de distraire les amateurs de sensations fortes : loteries, stands de tir, confiseries, barbes à papa, pommes d’amour, etc.
Et bien sûr, tout ce que l’homme a créé de manèges afin de contenter les amateurs d’évasion et de sensations fortes, l’instant d’un tour ou plusieurs. Mes deux collègues, grands amateurs de ce genre d’amusement, ne quittaient jamais cet espace récréatif sans avoir donné satisfaction à leurs frasques. N’étant pas amateur de ces jeux, je les attendais pour boire la dernière…
La promiscuité de ces commerces a bien fait les choses : je me suis trouvé, en tant que voisin, avec un viticulteur alsacien. Il m’a été facile de communiquer : question dégustations, les contrôles d’alcoolémie… que du bonheur ! En ce temps-là, les tracteurs SAME n’étaient pas très connus, par contre ils avaient un avantage sur leurs concurrents : ils étaient équipés de quatre roues motrices, net avantage. Avec ce bistroquet d’occasion, nous nous sommes côtoyés tous les ans pour une bonne raison : nous n’avions qu’à traverser l’allée pour trinquer avec nos clients de passage, les mêmes qui nous réservaient un accueil chaleureux le reste de l’année lors de nos démarchages dans leurs exploitations.


Nos conversations avaient comme fil conducteur le vin et le matériel agricole. Pour ce qui est de moi, mes arguments de vente ont dû être persuasifs, car deux ou trois ans après que nous avons noué une amitié renouvelée tous les ans, le viticulteur m’a annoncé son acquisition d’un SAME. Je me suis dit que, compte tenu de mon orgueil, je ne devais pas être pour rien dans la décision de ce choix.
Ma satisfaction aurait pu s’arrêter sur ce résultat.
L’avenir en a décidé autrement : trente ans se sont passés.
J’avais quitté la machine agricole, je n’éprouvais pas le besoin ni même l’envie de baguenauder entre les stands du champ de foire.
Quand, un dimanche après-midi, nous avons décidé de faire un périple au salon gastronomique sous le grand hall réservé aux contemporains qui se veulent gourmets ou gourmands.

Ceci dit, revenons au motif de ma narration.
Mon plaisir a pris de l’importance quand nous nous sommes retrouvés devant le stand de mon viticulteur. Nos congratulations échangées, il a été tout heureux de m’annoncer que son tracteur avait fait des petits dans les exploitations de son village et, cerise sur le gâteau, même la commune s’était équipée en SAME.
Merci Joseph Binner, sans toi pas d’écriture.
Pour entériner mon histoire, j’ai pris contact avec les mis en cause dans mon baratin : ils m’ont confirmé, sinon l’historique, du moins, que l’utilisation des tracteurs SAME dans ce village était toujours bien réelle.
Mon ensemencement en 1968 perdure encore aujourd’hui, en 2025…
C’est quoi l’autosatisfaction ?!
Pour répondre à ton interrogation, faute d’avis externes dénués de toute flatterie mais pouvant s’avérer intègres, probes et scrupuleux, il n’y a pas de mal à se faire du bien, en se grattant le nombril et en proclamant : » ça m’ » suffit, pour être satisfait de mon sort !! FR
Son orgueil n’a pas de limite mais je l’aime tel qu’est…même pas fatigué malgré les année.
Jean-Lou