Cette histoire du jour, de ce fait vient s’insérer entre mes récits de tableaux.
UN BUREAU POUR AMBRE
Le plan de la donneuse d’ordre.
Pour son entrée à la faculté, notre étudiante, l’aînée de mes petites filles, m’a dessiné le plan d’un meuble désiré. Connaissant ma servitude, il ne faisait aucun doute que son vœu serait exaucé. Je ne crois pas qu’il eût un précédent de refus dans les requêtes émanant de mes donneurs d’ordres. Ne serait-ce que pour flatter mon ego, je prends un malin plaisir à réaliser ces objets, que cela soit pour la famille ou les amis.
Jusqu’à présent, pour créer ces objets, j’avais la chance de pouvoir m’approvisionner en matériaux chez mon ami et voisin, dans un stock de bois entassé dans ces dépendances. Il y en avait assez pour satisfaire à mes besoins. Depuis son décès, je n’ai cessé de me fournir en essences de toute variété et de même pour ce qui était de la quincaillerie. Ces récupérations étaient très importantes pour moi, ces ponctions ne diminuaient pas visuellement le décor.
Aujourd’hui, depuis le départ de Claudi, son épouse, les enfants, dans la logique, après m’avoir offert de me servir en matières premières, ont fait place nette dans la maison en vue de la vendre.
C’est le surlendemain de cette opération, qu’Ambre est venu avec le plan de l’objet désiré. La réalisation de ce meuble ne m’a pas emballé. Pour moi, ces objets ne correspondent pas aux prédispositions de mes créations.
Comme prétexte du refus, j’ai invoqué ma nouvelle condition, aujourd’hui pour ma matière à travailler, il me fallait la payer, ce qui n’était pas le cas précédemment. En conseilleur, j’ai indiqué une grande enseigne spécialisée dans la vente de ce genre de meubles avec comme argument le prix du bureau ! Il est vraisemblable que le coût de cet investissement ne dépasse pas le prix de la camelote nécessaire qu’il me faudrait acquérir pour réaliser l’écritoire sophistiquée.
Mon affaire était entendue et finie !
Cela, c’était ce que je croyais, avant un jeu de hasard qui a changé la donne.
Le comment de ce revirement, lors de notre petit-déjeuner du mardi, jour de ma visite chez Jacques et Maryvonne ma sœur. Après mon rendez-vous hebdomadaire dans un bistrot avec un ami de vieille date, Danièle m’informe de son intention d’accompagner cet après-midi Bénédicte en vue de commander le bureau.
J’entends bien !
Le futur emploi du temps de ces dames, mais sans plus, cet achat occasionné par mon refus, aucun regret dans ma décision de ne rien faire.
Le revirement dans ma décision et le fruit du hasard, je dirais même les deux. Sur mon itinéraire : bistrot Jacques, un trottoir encombré d’un tas de planches, mon reflex de récupérateur à la vue des objets mis au rebut m’interpellent toujours. J’ai réalisé après avoir parcouru une centaine de mètres que ces morceaux de bois seraient parfaits pour créer le bureau d’Ambre.
Une marche arrière me ramène au niveau des planches. Par bonheur, un écrit sur une feuille de papier « SERVEZ VOUS ». Prenant cet ordre à la lettre, je prélève ce dont j’avais besoin pour mon futur travail ; suit les aléas de transport, ma voiture n’étant pas conçu pour ce genre de « colis ».
Pour véhiculer ces éléments, compte tenu de leurs dimensions, il me fallait rouler, le haillon de ma voiture ouvert. Ce qui devait arriver arriva, au premier démarrage d’un feu passé au vert, mon accélération fit que deux des plaques se sont retrouvées sur le macadam de la voie longeant les quais de la Loire.
Après avoir pallié cet incident, j’ai stocké les planches dans le sous-sol de notre maison transformé en atelier.
Cette initiative m’a permis d’annoncer aux acheteuses ma décision de réaliser le meuble.
Il ne me restait plus qu’à trouver de l’isorel pour les fonds de tiroirs. Le hasard s’est manifesté encore une fois bis repetita, le surlendemain, en me rendant sur le marché de mon quartier, un autre habitant avait déposé sur le trottoir un fatras, les restes de meubles mis au rencart. Dans ce tas de planches, trois plaques d’isorel convenant parfaitement pour la finition des tiroirs du futur bureau.
Au retour de ma pérégrination, mon filet garni, j’ai pris sous le bras ce matériau nécessaire à la finition du vœu d’Ambre.
Ces deux trouvailles arrivées au jour prés
Le lendemain, il était trop tard, l’achat aurait été réalisé.
Alors hasards ou pas???
Emmaus
Hasard? Que nenni! l’ange gardien de ma fille et sa bonne étoile n’ont guère apprécié ton refus et ont fait en sorte que tu le fasses, ce bureau!