Ces deux ruisseaux, trop grands pour être des rus et trop petits pour être des rivières.
La Dême 32,700 kilomètres.
La Méouge 39, 600 kilomètres.
Deux filets d’eau qui ne se rencontreront jamais sinon sous les traces de ma plume. Une distance de 700 kilomètres les séparant à vol d’oiseau.
Pour l’une, la Touraine, Chemillé-sur-Dême, chère à mon cœur; pour l’autre, anciennement Ribiers, commune des Alpes-hautes-Provence, aujourd’hui rebaptisée : Val-Buëche-Méouge sis dans le canton de Gap « Hautes-Alpes ».
Voici pour le décor, quant à ce qui va suivre, je m’en remets à ma logorrhée.
Dans les années 1980, nous étions allés pour la célébration d’une procession de foi d’Antoine, filleul d’un des fils de Chantal, une de mes sœurs. Elle avait élu domicile, suite à la mutation professionnelle de son mari en tant que préposé des postes, dans cette campagne qui sent bon la Provence et m’a emballe dès notre première escapade.
Nous sommes arrivés en fin de matinée chez Chantal. Notre hôtesse m’a emmené dans un maquis, endroit fréquenté par des chèvres et des moutons gardés par une des bergères de ses amis.
J’ai regretté de ne pas avoir pris mon appareil photo, je me suis retrouvé dans le film : Manon des sources, le monde de Marcel Pagnol. Quand on sait combien j’admire cet écrivain, mes amis ne seront pas étonnés (Il est vraisemblable que je noircisse encore du papier pour partager mon ressentiment lors d’un voyage dans la ville de Marius). Une bonne raison pour que nous allions passer nos vacances l’été suivant la cérémonie dans ce coin de garrigues.
Si je mêle la Dême à ce récit, c’est une question d’éthique. Je ne peux comparer ce cours d’eau paisible qui prend son temps, en parcourant avec maints méandres la campagne Chemilloise. Je ne peux que vénérer ce serpent d’eau vital pour moi, qui aime à dire, ce n’est pas du sang qui coule dans mes veines, mais l’eau de la Dême.
Ceci dit, il me faut revenir à la motivation de mon histoire qui prend place dans la série des hasards, ce torrent capricieux aux charmes indéniables « LA MEOUGE » en est le leitmotiv.
L’invraisemblable : voilà comment dans un bistrot, lieu relationnel cher à ma personne, je palabrais avec un habitué, lui aussi habitué de ce genre d’établissements. Nous n’en étions pas à notre premier entretien (ce personnage haut en couleur représente tout ce que je rejette idéologiquement). N’ayez crainte, je n’ai pas changé, mais allez savoir pourquoi, malgré nos différences, une certaine amitié, du moins pour moi est née, politiquement, c’est une catastrophe, j’aime à lui dire :
Dans l’hypothèse d’une rencontre, chose complètement impossible quand nous avions vingt ans, il y a de fortes chances que nous nous serions haïs de la plus belle des manières, lui collant des affiches louant des pensées extrémistes, qui pour moi sont des plus vils.
Aujourd’hui, avec l’âge, malgré nos disparités, nous trouvons des sujets de conversation des plus acerbes.
Son parler, ponctué d’un accent méridional, attisa ma curiosité. Je lui ai demandé de quelle région il était, il m’a répondu le canton de Gap. À l’évocation de ce non, je l’ai avisé de notre escapade dans cette région, lui narrant mes souvenirs de randonnées mémorables sur les sentiers escarpés longeant le lit de la MEOUGE, de là ma stupéfaction quand il m’a relaté ce qui va suivre :
– Ce torrent, il a bercé mon enfance. J’y ai passé une bonne partie de mes vacances chez une grand-mère résidant dans un village traversé par la MEOUGE.
Il ne m’en fallait pas plus pour exacerber mon imagination quand nous marchions en longeant ce ruisseau. Il y a plus de 40 ans si on m’avait prédit cet entretien, que l’on me donnerait une occasion de rencontrer dans un bistrot à plus de 700 kilomètres, un personnage qui a vécu une histoire avec la Méouge, similaire à la mienne avec la Dême.
Voyez comment je m’arrange toujours pour avoir le dernier mot.
Cette semaine, l’attitude de vantard que je suis m’a valu d’être qualifié d’hubris par un de mes lecteurs.
J’espère que non, quoique.
Bon Dimanche à toi
Je me permets de te recommander la lecture de cet ouvrage
Infiniment Loire de Philippe Ouzounian
A bientôt
Une bucolique histoire d’EAU, entre le paisible ruisseau de La DÊME et le torrent impétueux de La MEOUGE… Et si la MEMOIRE de ces EAUX intrinsèquement différentes, avait interféré via celle qui constitue nos CORPS à 70% du poids, sur ton caractères et celui de ton acolyte de bistrot ! Ceci, à degré d’alcool ingéré sage et raisonnable, pourrait peut-être expliquer l’acerbité de vos propos politiques si radicalement divergents ?
Partant de l’hypothèse Benveniste, une idée à creuser autour d’un verre de Vouvray ou de Bourgueil « à consommer avec modération » bien qu’il soit constitué de 87% de flotte !!! FR