AVEC TOUS MES VOEUX POUR 2025
Comment on se fait embarquer.
Et comment le futé que je voudrais être se fait surprendre par l’une et berné de la plus belle des façons pour l’autre. Pour la première histoire, pécuniairement, pas de coût, ce qui n’est pas le cas pour la deuxième, c’est autre chose !
Il y a quelque temps, encore jeune, j’arpentais la ville sans distinction des quartiers. Je les parcourais au gré de mes visites. Le but : présenter des logements à vendre ou à louer, le quotidien d’un agent immobilier !
C’est pour me rendre à un rendez-vous afin de présenter un de ces biens à vendre dans le nord de la ville qu’il m’a été donné d’être le témoin d’un instant de recueillement complètement inattendu.
Lors d’un passage devant une résidence, j’avais remarqué une des clarisses logeant dans le quartier, la tête dans les poubelles de l’immeuble destiné à la classe d’un monde nanti. Les premières apparitions de mon héroïne : celle-ci était dans la position décrite ci-dessus, ce qui attira mon attention. Je souris à la vue de cette scène improbable, mais sans plus. Ce sont les réitérations de la situation qui ont fait que je suis devant cette page blanche à noircir. Eh oui ! Il m’arrivait de revoir régulièrement cette personne dans ce contexte.
Un jour, j’avais dans mon coffre des anciens vêtements portés par les membres de notre famille et devenus obsolètes, avec la mission initiale de les fourguer à une institution caritative. En voyant la sœur en pleine récupération, je l’ai interpelée en lui offrant mon sac de vêtements à reclasser. Ai-je été accueilli comme un bienfaiteur, ce que j’étais ?
Nous avons palabré. Notre conversation nous a amenés à prendre une résolution : quand il m’arrivera d’avoir un lot à lui remettre, si elle n’était pas dans la rue, il me suffira de me rendre à la maison des clarisses sise dans le quartier.
Ce qui arriva devait arriver. Devant me débarrasser à nouveau d’anciennes loques, je me suis rendu à l’adresse indiquée par la nonne. C’est elle qui m’a ouvert la porte, m’invitant à la suivre. J’ai obéi à cette injonction : nous sommes entrés dans une pièce meublée, dans le même style qu’une ancienne salle à manger, avec, dans un angle une statue de la Vierge Marie, pas n’importe laquelle : celle de Lourdes.
Le pourquoi de mon récit : je venais de franchir le seuil du logis quand mon hôtesse passa son bras derrière moi et ferma la porte à clef (les mal pensants, qu’ils aillent se faire voir). La religieuse me prit par la main et m’accompagna devant la madone en m’intimant de prier en duo un « Je vous salue Marie » et « un Notre Père », les prières les plus usitées par les catholiques. J’espère que Saint-Pierre s’en souviendra à mon arrivée.
Avant cette manœuvre, vous devez vous douter que je ne sois pas resté muet : elle connaissait mon passé d’enfant de l’église en tant que digne fils d’une maman fervente catholique. D’où ma sérénité en vue de mon éternité, sachant que maman m’attend, et comme elle ne peut être qu’au paradis, elle me prendra sous son aile ; dans le cas contraire, son bonheur ne serait pas paradisiaque.
Revenons avec la clarisse. Dans nos entretiens, nous nous étions rendu compte de faits nous rapprochant qui se sont déroulés il y a bien longtemps. Elle avait un cousin vicaire à Neuvy-le-Roi, commune jouxtant mon village. Ce prêtre en herbe venait seconder notre curé pour certains offices. Une de ses parentes vivait à Chemillé-sur-Dême. Il n’en fallait pas plus pour nous émouvoir en ramenant ces deux personnages au centre de nos conversations.
Passons de la nonne à la dévote dans un autre genre.
Comment, je me suis fait berner ?
Je ne suis pas gourmand : les desserts n’entrent pas dans mes goûts, le sucre ne satisfaisant pas mon palais. N’empêche que je ne suis pas sectaire. Comme tous les dimanches, nous avions une de mes sœurs, l’aînée de la fratrie, invitée à notre repas dominical. Danièle m’avait bien noté qu’il me fallait ramener du marché deux desserts, et le peu d’intérêt qui me caractérise envers ces mets a fait que j’ai omis l’achat des gâteaux.
Pour réparer ma bévue, il me fallait retourner dans une pâtisserie, d’où arrive comment je me suis fait berner. En sortant de ma voiture, une jeune femme tenant un missel entre ses mains m’a interpellée en m’expliquant qu’elle venait d’assister à l’office du dimanche matin, finissant sa phrase par une requête : lui offrir une baguette de pain. Comment refuser ? Je l’ai invitée à me suivre et voilà l’origine de mon désarroi. Il ne restait plus de baguettes ordinaires, mais par contre du pain sophistiqué, oui.
Ne pouvant pas reculer devant cet état de fait, il me fallait bien prendre une décision. Le radin que je suis a laissé la place à l’orgueilleux reconnu, et oui, j’ai accepté pour ne pas perdre la face cette dépense majorée.
— On appelle ce geste une B.A. (Je t’en « foutrais », moi, de la B.A.).
Bonjour,
Je ne vous connais pas sous la forme ‘radin’….
continuez d écrire
bonne soiree
Cette jeune femme, inspirée par les paroles qu’elle venait d’entendre à l’office du dimanche matin, t’adressait, à demi mot, une requête que tu as mal interprétée … ou pas voulu comprendre peut-être : elle voulait du pain … et du vin !
Et là, c’était la B.A. intégrale …
En Bon Apôtre (BA!), tu largues sans scrupule, plutôt que de les déposer en déchetterie, tes encombrants rebuts chiffonniers vestimentaires aux Bonnes Oeuvres des Nonnes Clarisses !
Avec soucis de sainte moralité je suppose, afin qu’ils soient reconditionnés pour des nécessiteux et ne viennent pas s’ajouter aux autres déchets perturbateurs écologiques, que « Nous » expédions en toute bonne conscience, par pleins containers vers les pays Africains, qui n’en ont rien à foutre !!
Ayons mes Frères, une pensées émue pour toutes ces fringues, hardes, frusques, défroques, haillons, loques, nippes, guenilles, élues d’un coup de coeur et plus souvent victimes des dictats de la sacro-sainte Mode et des kilos superflus, que de la saine usure qui devrait raisonnablement mettre terme à leur existence !!
En Bon Samaritain victime de la caution d’un Missel, ne regrette donc pas la largesse de ta « baguette fantaisie », car foi d’honnête Chrétien, en ces troublantes circonstances de ce jour de liesse, pour selon tes espoirs intéressés avoir quelque chance d’interpeller Saint Pierre, c’est à minimum la « Brioche Dominicale » qui aurait du dévaster les trésors de ta pingre escarcelle !!! FR