Un vieux couple de voisins assez austère pour ne pas dire irascible habitait une maison en mitoyenneté d’un de nos plus proches voisins. Ma discorde avec ce vieux couple d’acariâtres (de mon point de vue) n’aurait jamais dû être, les événements en ont fait autrement.
Tout a commencé par une nuisance d’humidité apparue dans la maison de ce couple. Ils étaient persuadés que leurs ennuis étaient causés par la malveillance de leurs voisins. Cette discorde n’était pas récente. Quand nous avons emménagé, ces personnes étaient déjà en querelle, chose que j’ignorais, je l’ai appris ultérieurement.
Je me suis retrouvé mêlé à ce différend du fait de mon nouveau travail. La propriétaire du bien mitoyen, n’habitant pas sur place et ayant appris ma profession d’agent immobilier, me sollicita pour bien vouloir essayer de régler le conflit entre elle et ce couple, celui-ci l’accusant d’être la cause des désagréments nuisant à leur confort. Ma première démarche en tant que médiateur fut de demander une explication aux préjudiciés.
Comme explication, il me décrit l’humidité remontant dans les murs de sa maison, accusant notre voisin mitoyen (pour lui à sa droite, pour nous à notre gauche) de trop arroser son petit jardinet, ce qui, d’après lui, était la cause de ses désagréments. Sans trop de convictions, je persuade la propriétaire de la maison sujette au litige d’engager des travaux d’assainissement. Elle obtempère à ma requête, tout en me signalant qu’elle avait toujours eu des ennuis avec ce voisin et qu’elle me mettait en garde pour des agissements futurs pouvant émaner de ce couple.
Bien lui en a pris, ces avertissements ne furent pas inutiles au vu du comportement de ce couple octogénaire. L’homme de ce couple était un ancien gendarme. Je précise ce fait, car il aura une importance dans la suite des événements à venir. Je pensais en avoir fini une fois les travaux exécutés. Que nenni, il faut croire que les ennuis d’humidité ne venaient pas du problème supposé, celui-ci n’ayant pas disparu après ; ce qui me revalu la visite du sinistré. Comme je ne pouvais plus rien faire pour solutionner son problème, je lui en fais part. Sur ma réponse négative, il me tourne les talons en maugréant des paroles pas très agréables à mon égard. Je n’y attache pas d’importance. Cette histoire aurait pu cesser là, mais il n’en fut rien. Quand, par hasard, lors de mes déplacements dans la ville, il m’arrivait de croiser ce Monsieur, il me faisait des gestes obscènes. J’avais droit à des bras ou des doigts d’honneurs.
Le hasard a voulu que je rencontre un ancien locataire résidant dans la maison, cause de tous les maux. Il avait quitté ce logement peu de temps après notre arrivée. Nous avons bavardé, et bien sûr, la conversation est venue sur les voisins. Quand je lui ai parlé de ces personnages belligérants, il me répondit que ce monsieur était un vieux « cxx » (sic) ; ce qui venait confirmer ma propre opinion.
Un lundi matin, jour de congé, notre homme impétueux est venu pour la énième fois frapper à notre porte pour m’agresser. Je lui ai demandé s’il n’en avait pas marre de tracasser son voisinage, entre autres moi ? Comme il me répondit qu’il ne comprenait pas pourquoi je lui parlais des voisins, je lui ai répété la phrase de notre ancien voisin qui me l’avait présenté comme étant un vieux « cxx », ce qui ne l’étonna pas vu leurs relations. Cet échange de mots se déroula sur un ton des plus vifs.
Il ne faut pas croire que notre histoire s’arrête là. Il y eut une suite, et quelle suite ! Une veille de départ en vacances, nous étions couchés quand nous avons entendu notre voisin d’en face, mon ami Michel, l’ancien menuisier, invectiver une personne en la traitant de vieille « saleté », lui faisant remarquer qu’il l’avait bien vu faire son acte de malveillance. Je me suis bien douté que le méfait dont il était question m’était destiné, mais comme nous devions partir de bon matin le lendemain, je ne voulais pas y attacher d’importance.
J’avais eu raison. À l’heure de notre départ, Michel, qui voulait nous aviser de ce dont lui et son épouse avaient témoins : le traçage d’un trait de peinture noire, sur toute la longueur du mur en façade de notre maison. Ce préjudice ne nous empêcha pas de partir, remettant à notre retour les mesures de rétorsion à prendre envers ce vieux délinquant.
Ce que je fis ? Ne voulant pas avoir à faire à ces personnages directement, je me suis rendu chez mon assureur avec un devis de réfection, leur demandant de bien vouloir le faire parvenir aux auteurs de cet acte délictueux. Il m’informa qu’il n’était pas de son ressort de s’occuper de ce genre de litige, ce que j’ai compris. Je l’ai simplement prié d’envoyer le devis, pensant qu’il serait plus convainquant par cette démarche que moi.
Bien m’en a pris, la suite démontra que j’avais eu raison. Pour ne pas en rester là, je me suis rendu au commissariat afin de porter plainte, ce qui eut pour conséquence une convocation devant le tribunal de police du tagueur octogénaire en confrontation avec Michel et Claudie, les témoins.
Le récit de cette réunion, je le dois à mes amis. Dans un premier temps, l’accusé a nié connaitre ces vis-à-vis alors qu’ils étaient voisins depuis plus de vingt ans. Il les a quand même commissionnés pour nous demander de retirer notre plainte, car il allait de ce pas porter un chèque du montant du devis à l’assurance, ce qu’il a fait. Le peu de l’échange entre les quatre personnages qui m’a été rapporté me fait encore sourire. Ils étaient quatre, car le « voyou », patronyme qui lui aurait été attribué, comme s’il avait eu soixante ans de moins, s’était fait accompagner de sa femme.
Après avoir nié connaitre leurs anciens voisins et affirmé ne pas être l’auteur du méfait, il y eut une suite qui ne fut pas moins épique. Michel, le témoin, narra ce pourquoi il était là. Il avait vu, de la fenêtre de sa chambre, le grand-père facilement reconnaissable à sa façon de claudiquer, en train de passer un coup de pinceau sur notre façade, ce qui le fit appeler Claudie, son épouse, afin de l’inviter au spectacle.
Dans la déposition, Michel et Claudie ont relaté ces faits en précisant qu’il leur avait été très facile de reconnaitre l’auteur de ce vandalisme à sa façon de marcher. Ces propos firent répliquer au « boiteux » qu’il était vrai que l’on pouvait facilement le reconnaitre à sa façon de marcher. Pour arranger son cas, il continua sa péroraison en concluant son dialogue par cette phrase : « Vous savez, je vous vois bien, vous et Duhard, les lundis, passer d’une cave à l’autre, et ça plusieurs fois dans la journée ». Cette affirmation, en contradiction avec les propos tenus en arrivant par lesquels il niait nous connaitre, le désavoua.
Suite à cette confrontation, les protagonistes signèrent la déposition puis se séparèrent. Michel et Claudie rentrèrent chez eux, et nos deux accusés se rendirent à l’agence de notre assureur pour remettre un chèque du montant du devis des travaux occasionnés par la dégradation volontaire sur la façade de notre maison. J’en souris encore, car ce devis, je l’avais fait faire par un entrepreneur en peinture d’un montant complètement fantaisiste. J’ai moi-même exécuté les travaux pour un moindre coût. Pour fêter cette rentrée d’argent, nous nous sommes offerts avec nos deux témoins, Danièle et moi, un très bon repas dans un restaurant.
Contrairement à ce que mes dégradeurs pouvaient penser, il n’était pas question que je retire ma plainte. Hélas, je n’avais pas prévu la « coalition » des policiers, tous de connivences. Je rappelle que l’accusé était un ancien gendarme. Persuadé de mon bon droit en tant que citoyen, j’attendais une convocation devant un tribunal, pensant qu’une bonne leçon ne ferait pas de mal au vieux délinquant auteur des dégradations ; et bien non. À une requête de ma part, m’impatientant de ne rien voir venir, les policiers qui devaient s’occuper du dossier m’ont informé que celui-ci était perdu.
Cette histoire s’arrête là.
Histoire de voisinage en elle-même, qui mêle et démêle chicanes de vieux cxxs, ergoteurs et butés, n’est que très classique prose du type « pipi de chat », imprégnant la sérénité trompeuse de certains vieux quartiers « pépère ».. et assoupis. Connaissant ton caractère chevaleresque et véhément, ton intervention pour jouer le « Chevalier Blanc » n’y est pas autrement surprenante !!
Pas très loin de là, dans d’autres quartiers plus récents et plus juvéniles, ce sont les jeunes cxxs qui font le buzz, équipés d’un outillage du type Glock ou Kalashnikov, beaucoup plus percutant et expéditif. Autre us, autre lieu, autre époque, on arrête pas plus le progrès que la sauvagerie !!!
Mais Morbleu, que vient donc faire dans cette galère l’image de cette flaque rosacée baignant un cul d’assiette, soumise ici à nos interrogations ?? Tout d’abord qu’en est-il : un fond de vin rosé, de vinaigre, de grenadine, côtoyant de l’eau, de l’huile, du savon liquide ??? Accidentel, ou dans quel but, nourrir un animal, parfumer une ambiance, ou attirer les mouches ?? Je donne ma langue au chat et « Que le Grand Cric me croque !! ».
Par contre, connaissant l’auteur et ses affinités à la paréidolie, il me semble maintenant y distinguer les traits poupins de son visage, lorsqu’il était tout gamin … Et vous qu’en pensez-vous ?? F
PS : Cxx, pour ceux qui n’auraient pas compris, trêve de pudibonderie = con