20 janvier 2024

L’ARGENT

Cet article n’est pas ici par hasard. Le commentaire de François sur mes rapports avec l’argent, suite à ma visite de la semaine dernière, me donne une bonne raison de la ramener ; s’il fallait m’en trouver une.

« 
Rousseau François

Après cette prolixe faconde, parlons gros sous, toi qui te targues d’être si pécuniairement intéressé…
Je présume que durant ta longue carrière commerciale, tant dans le domaine du matériel agricole puis celui de l’immobilier, tu évitais de développer vis-à-vis de ton client, tels propos que ceux de tes derniers mots, sur le coût réel des crédits ??
Présentées ainsi, ces sommes peuvent sembler faramineuses, mais il ne faut pas négliger qu’en cette période d’inflation succédant  » les Trente Glorieuses », les salaires étaient indexés sur le SMIC mensuel, qui passait de 2.000 à 6.500 F et les taux d’intérêt chutant alors de 9,5 à 3,5 % !
Comme beaucoup d’entre nous, tu as profité de cette manne pour investir dans la pierre, sans perdre de vue que sur ce coût global de 800.000 F, le loyer évité durant cette acquisition sur les 240 mois, représentait déjà un bon 1/3 du montant !
À l’époque de 1999, cette somme de 800.000 F équivalait environ 120.000 €. Par rapport au prix de vente de ton bien actuel, 25 années plus tard, je ne pense pas que les proportions offusquent ta conscience pour autant ?? FR « 

MA FAÇON DE VOIR

PALAIS BRONGNIART, BOURSE DE PARIS.

À chaque fois que j’expose ma façon d’analyser ce thème, mes interlocuteurs se montrent sceptiques et pourtant, notre génération est la preuve matérielle de ce fait. Malheureusement pour nos descendants, ils paieront la note (pour le climat et ces conséquences, n’en parlons pas, je n’ose y penser, car j’espère me tromper !).

Mon sujet du jour, c’est la finance.

Nous avons bénéficié d’une conjoncture on ne peut plus enrichissante pour le commun des mortels, que de la satisfaction. Par contre, je reproche à nos dirigeants de ne pas avoir prévu cette future situation mortifère pour les générations à suivre. Pour être le plus explicite possible, je vais prendre mon cas et celui de mes amis qui ont démarré dans la vie avec les mêmes moyens financiers que moi.

Il n’est pas question de juger les réussites professionnelles, chacun a fait de son mieux dans sa carrière. Je reconnais que certains de ces contemporains ont travaillé plus que d’autres, surtout les travailleurs manuels qui ont exercé leurs professions dans le bâtiment en tant qu’artisans ou tacherons ; les métiers de bouche et les commerçants de quartiers, quoique, eux aussi, ont profité du système comme tout un chacun.

Cela dit, j’en arrive à ma façon d’expliquer comment je vois le futur. Catastrophique ? Pas pour nos enfants, ils bénéficieront encore des retombées des trente glorieuses. Ces années-là ont « enrichi » notre génération et le fruit de cette richesse, nos descendants directs vont en bénéficier, mais pour leurs enfants et la suite, ce sera autre chose ! (Malheureusement, je ne suis même pas sûr de ce délai, il se pourrait que les événements aillent beaucoup plus vite.)

En tenant compte des chiffres de la dette française à la date à laquelle j’écris ces lignes et qui est d’un montant de 2160.40 milliards d’euros ; soit 33000 euros par habitant. J’ai beaucoup de mal à comprendre d’où vient cette manne financière et à qui la doit-on ? Comme nous ne sommes pas le seul pays dans cet état. Cela représente une somme faramineuse, inimaginable pour l’instant. Les intérêts payés par la France nous coûtent le même montant que le budget de l’éducation nationale.

Je n’attends pas de réponse de nos hommes politiques pour résoudre ce handicap. Je ne suis même pas sûr qu’ils veulent ou qu’ils puissent entraver cette marche en avant, ce qui un jour futur produira un cataclysme financier.

Mon explication vaut ce qu’elle vaut, nous avons tous réussi avec des professions honorables, mais si nous avons réalisé des patrimoines plus ou moins importants, nous avons bénéficié d’une époque inflationniste qui a contribué pour beaucoup à notre enrichissement.

Mon exemple, j’ai commencé dans la vie avec 60 francs en 1961, ce qui correspondait à un billet aller-retour Paris Tours et qui me fait dire : si je meurs et que j’ai l’équivalent de soixante et un francs dans mon porte-monnaie, je serais heureux, car j’aurais gagné un franc dans ma vie. Par contre, si je n’avais plus rien, je n’aurais jamais perdu que ces soixante francs depuis 1961.

Je ne connais pas mon avenir, mais aujourd’hui si nous avons un patrimoine, nous en sommes devenus propriétaires sans trop de contraintes ni de sacrifices, avec un train de vie assez confortable. Nous avons pu payer des études à nos enfants, acquérir notre maison, avoir une retraite confortable du fait de l’acquisition d’un local mis en location et générant un complément de retraite.

Ce local ne rentre pas dans mon calcul, car celui-ci est bien le fruit de ma profession. Ayant eu l’occasion d’acheter une agence immobilière (une autre histoire), j’ai payé le prix d’achat en rapport avec son chiffre d’affaires comme le veulent les us et coutumes des transactions de ce genre de commerce. Quand je l’ai revendu 12 ans après, je l’ai négocié sur les mêmes bases de calcul qu’à l’achat, soit ce chiffre multiplié par 6. Je ne rentre pas dans mon analyse cette transaction, car elle ne résulte pas, sinon pour d’autres logiques, dans ma démonstration.

Il est vraisemblable que je ne me sois pas rendu compte de cet état de fait, mais mes différentes professions de commerçant m’ont éclairé sur les effets bénéfiques à court terme. J’ai compris bien plus tard que ces conséquences catastrophiques, allaient générer pour les générations suivantes des situations économiques semblables aux pays qui sont passés récemment dans ce genre de tourmente.

Pour ce qui est de mon appréciation et comment j’en suis venu à cette conclusion, dans les années 1975, quand j’avais vendu un tracteur, je proposais 3 ou 4 ans après de lui racheter presque le même prix. Bien sûr, j’en revendais un autre plus cher et ainsi de suite. J’ai pris le cas d’un tracteur, mais pour tous les matériels, nous agissions ainsi, tout le monde s’y retrouvait. Une inflation de 14% a commencé à créer la dette d’aujourd’hui qu’il faudra bien payer un jour. Nous empruntions à des taux de 10% et plus jusqu’à 15%.

Pour tous les investissements comme les voitures, un turn-over permettait un changement très intéressant pour les consommateurs.

Passons à l’immobilier, je ne vais pas me plaindre, j’ai bénéficié de ce système pour deux raisons, notre maison et mon travail.

Pour la maison, nous avons profité de cette période comme toute notre génération. Il est vrai que nous avons payé des intérêts sur nos emprunts à des taux exorbitants, mais du fait de cette inflation, nos remboursements, tout du moins pour la plupart des cas, étaient à taux fixe. Quelques années après, ces remboursements amputaient de moins en moins nos budgets.

Là encore, mon métier m’a ouvert les yeux. Quand j’ai commencé dans cette carrière en 1979, je me suis demandé comment des acheteurs relativement jeunes, surtout des commerciaux itinérants, pouvaient s’offrir l’achat de maisons de 800 000 francs. Curieux comme je suis, j’ai mené mon enquête, imaginant que ces acheteurs avaient bénéficié d’apports de financiers indépendants de leur travail.

Que nenni, c’était une époque où les firmes qui employaient ces cadres avaient opté pour une politique de mutations systématiques, ne laissant ces représentants sur des postes que 3 ou 4 ans, ce qui leur donnait la possibilité de profiter pleinement de l’inflation. Ils achetaient en arrivant dans la ville où ils devaient travailler et revendaient au fur et à mesure de leurs mutations. La plus-value réalisée par ces multiples transactions a généré l’augmentation de leurs patrimoines dans un temps record.

Ces exemples, généralisés dans tous les secteurs de l’économie, me portent à justifier mon jugement. Nous avons tous bénéficié de ces mouvements monétaires qui nous ont permis de constituer des petites « fortunes », qui sont éphémères, car elles reposent sur de l’argent qui n’existe que du fait de la dette que nous avons contribué à alimenter, avec l’encouragement de nos dirigeants.

Pour nous, les petites gens, nous avons amassé à notre échelle du fait du grand nombre de ces foyers. La dette est considérable, mais les plus fortunés ont profité de cette situation, comme toujours, ils ont spéculé sur la duplicité des non-argentiers. Ces dirigeants, dans les plus hautes instances de la Nation, je les accuse de forfaiture. Je pense que cette manipulation n’est pas innocente, car pour eux, tenant compte de leur possibilité et des sommes mises à leurs dispositions, leur a permis de spéculer des fortunes pour plusieurs générations de leurs descendances. Ce qui ne sera pas le cas pour les nôtres, il suffira d’une ou deux générations.

Vu l’avenir, je ne suis même pas sûr que les événements qui se préparent aujourd’hui le 28 janvier 2017 avec les hommes politiques qui nous gouvernent, vu leurs comportements mercantiles, ce mot serait sûrement trop faible si les faits relatés dans la presse aujourd’hui se révélaient vrais.

Il paraîtrait que le document à suivre n’est pas certain. Peu importe, il me plaît de le faire circuler.

2 Comments

  • Juste savoir si tes commentaires ci-dessus sont d’aujourd’hui ou antérieurs.
    Car la dette publique française n’est plus de 2160,40 milliards d’euros (avec une charge par habitant de 33 000 euros) mais, au 30 septembre 2023, de 3088,20 milliards d’euros (pour une charge par habitant d’environ 45 000 euros). Les chiffres au 31 décembre 2023 (non encore calculés par l’INSEE) seront-ils plus « optimistes », pas sûr. Ou nos « dirigeants » (je pense au film « Y a-t-il un pilote dans l’avion ») se féliciteront ils d’un léger fléchissement dans l’augmentation inexorable ?
    A la fin de ton commentaire, une date aussi : « aujourd’hui, 28 janvier 2017 » ?
    Amitiés, bonne journée

  • Louables scrupules de ta part, vénérable « Chevalier Blanc », qui sans toutefois parvenir à démanteler le pernicieux et diabolique engrenage de la finance, présente au moins le mérite de tenter d’apaiser les affres de la cruelle lucidité de ton for intérieur.
    Calme-toi camarade, même en te mettant tout nu sur la paille, le problème ne serait pas pour autant résolu et l’inégalité sociale d’un coup effacée du Monde, car compte tenu des expédients actuels, tout comme la Pollution Humaine, c’est bien à cette vaste échelle qu’il faut en considérer l’ampleur …
    Pour la béatitude de notre bonne conscience sociale, nous ne pouvons que déplorer qu’il n’en soit pas ici, de même qu’en ce domaine béni du religieux, ou séraphique confession, suivie d’une contrition de trois Pater et deux Ave, soit censé apporter, jusqu’au prochain péché, absolution et miséricorde aux tourments du pauvre pécheur .. FR

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