Le 24 juillet 2013.
Pourquoi ce jour, rien ne présageait que je devrais écrire sur cette journée. Il a fallu une démarche administrative pour animer mon sarcasme. J’aurais aimé ne pas avoir à écrire cette anecdote, celle-ci résulte de notre héritage et de ses ennuis collatéraux.
Il y a deux ans que je me bagarre pour que toute la lumière soit faite sur les renseignements erronés dans la rédaction des données d’urbanisme émanant de la mairie de Chemillé. Je ne vais pas raconter toutes mes démarches liées à ces chausse-trappes dans ce récit, elles figureront dans d’autres pages.
La première fois que je me suis rendu à la préfecture, c’était pour rendre service à un ami afin d’opérer au changement de sa carte grise. Comme retraité, il m’était plus facile de faire la queue dans la file d’attente, passage obligé pour ce genre d’opération. Et malin comme je crois l’être, je me suis dit matinal comme tu es, en partant de bonne heure, en arrivant un quart d’heure avant l’ouverture, je pensais être dans les premiers postulants.
Que nenni ! À mon arrivée, un grand nombre de quidams attendaient déjà. Qu’à cela ne tienne ! Voyant cet attroupement, je prends l’initiative de faire un tour dans les environs, pensant revenir quand le gros de ces quémandeurs aura satisfait à sa requête.
Après une heure de villégiature, je reviens à mon point de départ. Contrairement à ce que je croyais, la file d’attente était aussi nombreuse, même si ce n’étaient pas les mêmes personnes, et comme un imbécile, je n’avais pas pris de ticket d’appel ; ce que je fis, mais un peu tard. Il me fallait attendre mon tour et, voyant le numéro affiché à l’écran, je pouvais ronger mon frein. En attendant, et pour satisfaire à ma curiosité reconnue, j’emprunte les escaliers et les couloirs de ce bâtiment, visionnant les différents services de cette préfecture.
Au deuxième étage, une inscription attire mon attention : « Urbanisme ». Il me vient à l’idée de frapper à la porte de ce bureau afin de demander aux occupants de ces lieux en quoi consistait leur travail. Complaisamment, elles me l’expliquent : cette tâche consiste à régler les différends des particuliers avec l’administration dans leur domaine. J’en profite pour résumer en deux mots nos aléas avec la mairie de Chemillé. Avec gentillesse, cette préposée me donne la marche à suivre et me dit de revenir la voir quand j’aurais des éléments probants.
Il a fallu attendre plusieurs mois pour avoir les preuves. Quand je les ai eus, je suis retourné voir cette dame, mais elle était en vacances. Qu’à cela ne tienne, j’ai expliqué à sa collègue la raison de ma venue. Complaisamment, elle m’a dit qu’elle se souvenait de ma conversation antérieure et qu’elle était en mesure de me donner satisfaction.
Suite à mon exposé, elle m’a conforté dans mon raisonnement. Fort de ce qu’elle venait de me dire, je lui demandai si elle pouvait me donner une photocopie du document qui attestait de la justification de notre conversation. Acquiesçant à ma demande, elle me prévient que les photocopies ne sont pas gratuites. Je m’empresse, malgré mon côté pingre, de lui annoncer : « Peu importe le prix, je suis tellement heureux de votre réponse, je paierai ce que vous me demanderez ».
Et croyez-vous ce qu’il arriva ? Elle m’annonça, après avoir délibéré avec ses collègues, que ce document me coûterait dix centimes. Je me suis empressé de sortir mon porte-monnaie pour m’acquitter de cette dette.
– Oh ! LÁ ! LÁ ! Pas si vite, me dit-elle !!! Cela ne se passe pas comme ça. Il faut régler au trésorier, qu’il fasse un reçu.
Qu’à cela ne tienne. Pour lui éviter un dérangement, je tends la main pour prendre la facture de dix centimes qu’elle venait d’écrire. Un « non » vint conforter son geste de retrait, en me précisant qu’elle se devait de m’accompagner à la trésorerie. Elle n’avait pas peur que je parte sans payer, mais cette fonction devait être effectuée dans les règles.
Arrivés devant le guichet du caissier, heureusement pour nous et pour l’administration, il n’y avait que deux personnes qui nous précédaient. L’attente ne fut que de dix minutes pour récupérer ce reçu de dix centimes. Pour moi, c’était du temps suspendu, mais il y avait mon accompagnatrice qui a perdu, elle, dix minutes de travail effectif pour s’assurer de mon règlement. Je ne sais pas combien cette personne coûte au contribuable pour chaque minute de travail, mais je pense que le compte est loin d’y être.
J’en souris encore, mais ne devrais-je pas plutôt en pleurer.
Aujourd’hui, le 24 janvier 2024, je suis de retour derrière mon clavier pour partager cette aberrance qui n’avait pas été écrite pour être diffusée, mais collectionnée avec mes autres histoires pour mon plaisir.
Comme satisfecit, il faut savoir que mes démarches n’ont pas été vaines.
Un an et des dizaines de démarches avec des réponses erronées qu’il m’a fallu combattre pied à pied pour arriver à une évidence : SATISFACTION.
Que crois-tu qu’il se passe lorsque les « ronds-de-cuir » de Bruxelles se penchent sur le sort de nos paysans ?