Suite de la foire mai 2009, épisode n° 2
À ce sujet, je ne peux résister à vous raconter une autre anecdote. De faction devant le stand, traquant le chaland, je vois passer beaucoup de gens. Le samedi matin, un couple retient mon attention, j’interpelle ces deux personnes en leur disant :
– Monsieur, nous nous connaissons.
L’homme et la femme me regardent et lui me répond :
– Vous devez faire erreur, nous, nous ne vous connaissons pas.
Et moi de rétorquer :
– Si ! Si ! Laissez-moi trouver où et quand.
Je passe alors en revue les quelques endroits où je pensais les avoir rencontrés. Plus je parlais, plus j’étais convaincu. Ma prémonition s’avéra véridique, tout d’un coup, tout revint dans ma mémoire et je dis à l’homme du couple :
Vous, en 1968, vous m’avez engueulé, quelque chose de bien, vous vous appelez Tiraud et vous habitez le lieu-dit La Barre, entre Sainte-Catherine-de-Fierbois et Bossée. Vous avez acheté une fourche à fumier pour votre tracteur, celle-ci et une 2000 de marque Konskilde, installée sur un tracteur Renault.
Comme réponse :
– Oui ! Je l’ai encore.
– Vous, madame, vous avez une trayeuse de marque Melotte. La meilleure machine, celle à pots suspendus avec pulsateurs à tiroirs, pompe à vide à ailettes avec des ailettes en saphites qui résistent bien plus longtemps que toutes les machines concurrentes.
Me retournant vers le mari à présent.
– Je vais vous donner la raison de votre colère envers moi. Cela s’est passé chez vous, vous étiez appuyé sur la demi-porte d’entrée de votre maison, voilà pour le décor. Pour la raison de cette engueulade, j’étais tout nouveau représentant, mon prédécesseur vous avait vendu cette fourche à fumier pour votre tracteur. Une fourche construite par un constructeur local, Coallier de Razine dit Coco.
Il avait conclu ce marché en ayant noté sur le bon de commande comme clause : dans le cas de non-satisfaction, nous vous en vendrions une autre en remplacement. C’est là que j’interviens, vous aviez écrit à ma société que cette machine ne vous donnait pas satisfaction et vous nous demandiez de bien vouloir mettre à exécution nos engagements ; ce que je fis en refaisant un bon de commande pour cette Konskilde 2000, avec les mêmes conditions de reprise de la nouvelle machine, si comme la première, elle ne donnait pas satisfaction.
Tout est parfait après la transaction, je reprends la route et quelque temps après, je repasse chez vous et c’est là que vous m’avez engueulé en me disant que je ne vous avais pas laissé le double de votre bon de commande, vous garantissant le respect de mes engagements. Vous étiez persuadé que je l’avais fait exprès. Moi, j’étais persuadé du contraire et aujourd’hui, je vous dis que vous aviez raison, car le double, je me rappelle l’avoir retrouvé longtemps après dans mes papiers. Comme la fourche vous a donné entière satisfaction, tout est amnistié, du moins, je l’espère.
Mon feuilleton continuant, je leur dis : vous, je ne pense pas à vous tous les jours, mais votre ancien Maréchal Ferrant M. et Mme Bodin. J’ai vraisemblablement une pensée pour eux, car à notre mariage, ils nous avaient offert une pince à sucre et celle-ci, je m’en sers tous les matins.
Ce moment de retrouvailles se terminant, la femme qui était complètement abasourdie de ce que je leur racontais 41 ans après dit à son mari :
– Nous nous sommes ennuyés sur cette foire, regrettant presque d’être venu, mais à présent, je suis très heureuse.
À la semaine prochaine, un autre blabla.