5 février 2022

LE QUATRIEME DEPART

1980 – 36 ans.


Comme écrit dans l’histoire précédente, ma décision de changer de carrière s’est imposée malgré la circonstance. Encore une fois, la chance m’a souri, la rencontre de cet agent immobilier interférant en ma faveur pour mon embauche dans un cabinet immobilier en tant que négociateur.

Le directeur de cette agence avait une certaine ressemblance avec mon premier patron, celui avec lequel j’ai rompu notre collaboration du jour au lendemain. Lui aussi, il a tenté de me truander en revenant sur des conditions établies sur le contrat de travail à mon embauche. Pour ce faire, il m’a convoqué dans son bureau un samedi matin, le jour de mon départ en vacances.

Cette convocation avait pour objet de m’informer qu’il ne pouvait me garder en qualité de négociateur qu’en changeant les conventions de ma rémunération. Suite à mon refus catégorique, il m’a licencié sur-le-champ et pour me confirmer sa résolution, il s’est mis devant sa machine à écrire pour rédiger la missive concernant mon licenciement.

J’ai su plus tard pourquoi un tel empressement, il ne voulait pas que la secrétaire soit au courant de cette démarche, il lui fallait poster le pli avant midi le bureau postal fermant à midi !

Nous étions dans le même bureau pendant qu’il tapait sur le clavier, j’ai appelé un de ses confrères en parlant distinctement. Un homme avec qui j’avais réalisé une transaction, lui annonçant ma future situation à venir. Je n’ai pas appelé au hasard, au cours de nos conversations, il m’avait informé de son intention d’embaucher un négociateur, compte tenu de sa réponse, je pouvais partir en vacances, serein.


Sans le savoir, j’ai joué un tour à mon licencieur. Dans sa perversité, ce quidam était persuadé qu’il me gâcherait mes vacances, je l’ai su à mon retour, il n’avait pas compris mon comportement désinvolte. 

À mon retour, ses premiers mots furent :   

– Je ne comprends pas que vous ne soyez pas allé chercher votre lettre de licenciement.

– Ayant assisté à la rédaction de votre courrier, j’en connaissais le contenu, pourquoi aurais-je perdu deux jours de vacances ?

Comme prévu, je fus embauché par le concurrent, notre collaboration a duré 6 ans en toute harmonie.

Il faut croire à une certaine lassitude, il est arrivé au bout de ces six ans, je voulais prendre mon indépendance, dire que cette séparation s’est bien passé serait trop dire. 

Ce vœu de liberté est arrivé aux oreilles d’un agent immobilier qui me connaissait particulièrement pour une raison évidente, son agence était située au 19 de la rue Néricault Destouches, celle où je travaillais était au 17 de la même rue.

Un samedi après-midi, ce voisin est venu me rendre visite, il savait que j’étais seul ! Notons qu’en six ans, jamais il n’avait franchi le seuil de l’agence, dire que je n’étais pas surpris serait un mensonge. La suite justifiera de ma suspicion. 

Après les formalités de politesse, mon visiteur m’explique son état de santé, il avait des problèmes de locutions. En fin de journée, il ne pouvait plus parler, une opération de ses cordes vocales était nécessaire, sans garantis de réussite.

Du fait de cet aléa, il aimerait bien rencontrer un personnage comme moi, ma réponse :
– Je vous ai compris, mais aujourd’hui, je ne cherche pas une autre place. Quitte à continuer dans mon statut, je resterai où je suis.

Suite à cette réponse, mon interlocuteur m’a exposé les propositions d’une négociation.  Vu son âge, nous signerions une convention entre lui et moi, un sous-seing privé dans lequel il serait noté une promesse de vente le jour où il partirait en retraite. C’est-à-dire dans trois ans.

Sans conviction, je lui ai demandé le prix qui sera mentionné dans cet acte. Comme réponse, il m’annonce un prix raisonnable. Sans hésitation, je lui propose la moitié de son offre, pas de réponses, nous continuons notre conversation en banalités puis il sort du bureau en me saluant.

Un quart d’heure ne s’était pas écoulé qu’il était de retour pour m’annoncer un accord sur ma requête, connaissant mon comportement, il mentionnerait dans l’acte vraisemblablement toutes mes conditions. 

 Dire que je ne jubilais pas, serait mentir.
Ce jour-là, je remerciais mon étoile, je ressentais les mêmes sensations qu’à mon embauche dans la société : La motoculture de Touraine.

Ma collaboration avec ce Monsieur s’est déroulée comme prévue. Par contre, je suis passé à deux doigts de me faire escroquer de la plus belle des manières.
Ce que cet homme ne m’avait pas dit, bien qu’informé de ce fait par la bande, il avait une double vie avec une jeune femme 35 ans sans travail, maman de deux enfants dont il était le père, ceci a son importance.

La femme de ce monsieur travaillait en tant que secrétaire depuis toujours, le jour de mon arrivée, elle a annoncé qu’elle ne travaillerait plus avec son mari, pour moi pas de jugement.

La chance a voulu une réussite complète de l’opération, mon vendeur a retrouvé la voix, son épouse étant partie, la maîtresse s’installait petit à petit dans le bureau. Si je connaissais la liaison entre cette femme et le propriétaire, il en était autrement du passé de celui-ci.

Cette association n’était pas la première, toutes se sont terminées de la même manière avec des associés qui se sont faits berner (alors, pourquoi pas moi ?).

Les événements qui ont suivi m’ont évité vraisemblablement bien des soucis, les résultats de l’acte chirurgical fut une réussite, delà une interrogation pour mon avenir. 
Le sort en a décidé autrement, à peine remis, un cancer a mis fin à ses jours dans l’année qui a suivi.

Malgré les aléas, je me suis retrouvé propriétaire comme convenu, il est vraisemblable, sans le décès de ce Monsieur, mon acquisition n’aurait vraisemblablement pu se faire. 

Je ne peux que me rendre à l’évidence, ma carrière s’est construite sur ces quatre drames ! Hasards ou pas ?

Le sujet de ces quatre dernières histoires !



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