Encore un champignon qui éveille en moi des souvenirs de la forêt de Loches. Je la traversais régulièrement pour me rendre de village en village afin de prospecter les paysans, étant susceptibles de devenir client, du moins ce que j’espérais.
Je saisis l’occasion pour vous promener dans cet écrin de verdure qu’est la forêt de Loches.
Avant de relater mon histoire de mycologie, parlons d’une énigme qui m’a turlupinée dans cette forêt. Je connaissais bien la présence des pyramides se situant aux croisements des allées forestières, mais dans ma tête, il y en avait deux.
Comme je passais rapidement devant ces monuments, il faut croire que mon cerveau n’avait pas imprimé les caractéristiques dépeignant ces monuments, car j’ai mis un certain temps à démêler l’embrouillamini occupant mes méninges.
Chaque fois qu’un de ces monuments s’offrait à ma vue, je ne l’identifiait pas à cette place, tout c’est remis en place dans ma caboche à l’instant où je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas deux pyramides, mais quatre. De ce jour-là, tout fut clair dans ma tête.
Pendant que j’y suis, je vais écrire une autre de mes histoires ayant des similitudes avec cette confusion, due aux nombres et aux images perçues par mon système optique. Celle-ci n’a aucun rapport avec les golmottes, mais si je ne la place pas là, il ne me sera pas facile de trouver l’occasion de narrer cette anecdote alors, je profite de cette opportunité pour la faire connaître.
Ce trouble fut occasionné par une fratrie de trois frères exerçant la profession d’huissier de justice. Malheureusement, dans ma tâche d’agent immobilier, il m’arrivait d’avoir recours à leurs services pour régler des contentieux avec des locataires peu délicats.
Comme pour les pyramides, je ne voyais les personnages de cette famille qu’en coup de vent, entre deux portes et un seul à chaque fois. Nos affaires se réglaient la plupart du temps au téléphone.
Dans mon esprit, j’étais persuadé que l’étude était gérée par une famille composée d’un père et deux fils. Ce qui me désarçonnait, je n’arrivais pas à reconnaître mes interlocuteurs. Pour le père, bien sûr, aucune confusion possible. Pour la progéniture, c’était autre chose.
Comme dans la forêt de Loches, pour les pyramides, je ne pouvais les différencier formellement, car je ne les rencontrais jamais ensemble.
Ce trouble prit fin le jour où j’ai rencontré les trois frères réunis, car mon désarroi venait de mon ignorance dans la composition de cette famille. Comme je le narre plus haut, j’ai toujours pensé qu’il n’y avait que deux frères, alors qu’ils étaient trois. Bien sûr, ils ne sont pas des gouttes d’eau, mais ils ont un air de famille assez prononcé.
Fini pour les apartés, revenons aux champignons et à la forêt de Loches. Le thème de cette histoire s’est déroulé au début de l’automne, la période la plus propice à la cueillette de ces fruits de la terre. Il m’arrivait souvent de faire un tour dans les sous-bois avec l’espoir de trouver des cèpes, des coulemelles, etc… Enfin, des variétés de champignons de ma connaissance.
Ce jour, rien à ramasser de ce que je connaissais comme mets comestible, par contre, s’étalait à mes pieds des champignons inconnus de mon petit savoir. Le nombre me fit prendre la décision d’en cueillir avec l’intention de me renseigner auprès d’hommes de l’art.
Les pharmaciens que je croyais incollables dans cette science, de là une surprise, le premier apothicaire dans le village de Montrésor situé en bordure de la forêt. Sa réponse fut on ne peut plus franche, m’assurant de la comestibilité de ma cueillette en la nommant comme : des amanites vineuses ou de leur nom usuel dans la région : les golmottes.
J’aurais dû m’arrêter à cette réponse, mais pour plus de sécurité, en passant devant une autre officine située à l’entrée de Tours, je réitère ma requête auprès du potard. Celui-ci, après avoir regardé ma récolte, a montré un scepticisme sur la non-venimosité. Après avoir consulté un livre spécifique, me prenant à témoin pour juger sur photo de la vérité de ses dires, me raccompagnant à la sortie, il me dit :
– Pour moi, ils sont comestibles.
Ce Monsieur, avec sa non-assurance, a jeté le doute dans ma tête pour la dégustation sans danger de ma cueillette. Ni une ni deux, je fais étape dans une troisième pharmacie. Cette officine était tenue par un homme d’une soixantaine d’années, ce qui aurait dû me rassurer. Regardant dans mon panier, il m’annonce d’un ton sûr de lui :
– Il faut jeter tout ça à la poubelle.
À la sortie du magasin, je ne savais plus quoi penser mais, cela m’ennuyait de jeter le contenu de mon panier. Arrivé à la maison, j’ai pris mon livre de champignons et examiné consciencieusement, ce qui me fit prendre la décision qui me souriait le plus, de me rendre à l’avis du premier praticien en dégustant mes golmottes.
Ne voulant pas prendre de risques, je fus le seul de la famille à tenter cette expérience, mon entourage ne s’est risqués que le lendemain pour tester le goût du plat.
Tout ce petit monde ne fut pas convaincu par le goût de ces amanites, il faut admettre qu’une odeur spéciale, pas des plus agréables se dégage à la cuisson. Pour moi, dans l’échelle des saveurs, il est dans la moyenne.
Ma satisfaction était de savoir reconnaître une variété nouvelle de champignons.
Une autre histoire reviendra en ces lieux dans une autre série : la fontaine D’ORFONDS
Comestible après cuisson
Comme quoi on ne sais à qui se vouer…
Bon Dimanche
La fontaine d’Orfonds… merci de nous l’avoir fait découvrir. Quel endroit magique.