19 mars 2022

PRISKA LA PIE

Notre première protégée fut une jeune pie.

Celle-ci s’est retrouvée dans nos murs un dimanche soir. L’après-midi, nous étions chez nos amis, Jean-Pierre et Taté, les parents d’Éric, nos trois enfants jouaient dans le jardin.

L’évènement relaté se passe fin mars, je donne cette précision pour justifier de la vraisemblance des faits. Si nous étions allés chez nos amis à une autre époque de l’année, il aurait été impossible que l’événement, pie se réalise.

Nous nous trouvions, nous les quatre parents à l’intérieur de la maison quand les trois enfants Bénédicte et les jumeaux. Nous avons baptisé Eric et Arnault (les jumeaux, en raison de leur naissance ? voir nos bébés) sont entrés dans la pièce où nous nous trouvions, avec une jeune pie prisonnière entre les mains de l’un d’entre eux.

Ces trois bambins, tout excités, trépignaient de joie. Pour eux, pas question de relâcher le jeune volatile. La décision fut prise de le garder, Jean-Pierre possédait une petite cage, nous incarcérons l’oisillon que nous ramenons en fin de soirée chez nous.

C’était l’époque de mon chômage, ce qui me clouait à la maison et me permettait de travailler à l’amélioration de celle-ci. Étant présent en permanence, je pus nourrir notre protégée, lui donnant la becquée le plus souvent possible, sa seule chance de survie.

Le traitement infligé réussi, notre jeune pensionnaire prit de plus en plus de force et se para de son plumage noir et blanc. Le jour fut venu de la libérer, une petite appréhension m’étreignait, ne sachant pas si Prisca ne profiterait pas de cette opportunité pour nous faire ses adieux à l’ouverture de la cage, suspens ?

Eh bien, non, elle opta de nous garder en sa compagnie. La vie commença avec cet hôte. Que de joie et de turpitudes résultèrent de cette cohabitation. Elle était en permanence à l’affût pour nous chaparder les objets, devançant le moindre geste de nos mains, voulant se saisir d’une petite cuillère, d’un schtroumf ou d’une brosse à dents, etc. 

Ces objets dérobés, elle allait les cacher, nous en retrouvions un peu partout. Des schtroumfs dans les gouttières de nos voisins, des fois, enterrés dans les plates-bandes où je les récupérais en jardinant.

Notre vie commune dura environ une année, elle vivait en toute liberté autour de la maison. Pour la ramener au logis, il suffisait de l’appeler en prononçant son nom Priska et de taper dans nos mains. À ces bruits, elle arrivait en voletant.

Une de ses spécialités était de se poser sur mes épaules, passant de l’une à l’autre pour me nettoyer les oreilles. Elle devait goûter la saveur de mon cérumen. Une autre de ces attitudes était de se poster sur le bord de la fenêtre de la salle pour assister aux ablutions de Danièle, moments dont elle profitait pour chaparder les brosses à dents ou tout autre objet à sa portée.

Quand arriva le temps des vacances dilemme, que deviendrait notre amie. Il n‘y avait pas d’autres solutions que de la laisser à son cadre habituel. Nous avons dû l’abandonner quinze jours à son entière liberté ne sachant pas si elle ne profiterait pas de cette absence pour connaître d’autres cieux. À notre retour, des notre arrivée, à peine sorti de la voiture, je prononce Priska en frappant dans mes mains, ce fut instantané elle arriva en jacassant.

Tout se passa très bien entre nous, nous étions habitués à sa présence, nous avons beaucoup ri de ses petits larcins et ses facéties jusqu’au mois de février suivant !

Un prétendant est venu de plus en plus souvent nous rendre visite. Je présume qu’il ne venait pas pour les humains, que le but de ces visites était de conquérir le cœur de notre jeune oiselle. Il avait bon goût le bougre, Prisca était jeune et très belle. Il fit tant et si bien que son charme opérant, il nous a vaincus et la belle nous a tiré sa révérence pour vivre, je l’espère ! Une belle histoire d’amour.

Adieu bel oiseau, nous ne t’avons pas oublié. Chaque fois que nous croisons une de tes sœurs, nous avons une pensée pour toi. Il m’arrive encore, 30 ans après, de taper dans mes mains et d’appeler Prisca quand je croise une ou un de tes congénères.

Danièle a essayé de la garder en lui offrant des chocolats, mets qu’elle adorait, en vain. Ce départ lui a valu une otite de trois semaines, étant donné que ce mois de février fut d’une grande froidure.

Une autre histoire de pie, celle-ci ne me concerne pas directement. C’est mon village et notre cimetière, le champ de manœuvres d’une margotte, un volatile qui, pendant quelques semaines, a jeté la suspicion dans les descendants des disparus enterrés dans le cimetière.

Un homme voisin de ce jardin des morts avait lui aussi domestiqué une agace, celle-ci a créé ce climat de doutes dans le village.

Notre oiseau, qui a l’esprit taquin, accompagnait les visiteuses et les visiteurs venant se recueillir sur les tombes de leurs proches, rien que de normal quoique ? Cet oiseau facétieux profitait de leur sortie pour sortir les fleurs des vases sans délicatesse, les renversant à l’occasion, pour d’autres, déterrer les jeunes végétaux fraîchement plantés.

Les villageois ont résolu cette énigme, je ne sais comment une chose est certaine, tout ce monde fut libéré de cette défiance.

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