29 mars 2025

RAOUL ET MARIE ANTOINETTE

Raoul et Marie Antoinette

Une fois n’est pas coutume, aujourd’hui, je laisse ma place, quoique ??

Mon orgueil ne s’arrête pas à moi. Cette histoire va relater la personnalité de notre grand-père maternel qui, comme son petit-fils (ou l’inverse), était imprégné d’un égo, vraisemblablement pas des moindres. Ce jugement de valeur ne lui enlève rien, bien au contraire, je me targue pour mon plus grand bonheur d’avoir comme aïeul : un Seigneur.

Son état d’artisan maçon lui a donné la possibilité de laisser son empreinte de bâtisseur, se reconnaissant dans ses œuvres par un cachet à nul autre pareil.

Ces maisons qu’il a bâties dans notre village Chemillé-sur-Dême en sont la preuve (la photo ci-dessus représente la maison familiale), quand il est revenu au village, juste après la guerre de 1914-1918, en tant qu’ancien combattant (dénomination on ne peut plus justifiée). Sa classe avait été enrôlée plus de six ans pour se battre contre l’ennemi, que cela soit dans les tranchées de Verdun ou en tant que zouave dans les Dardanelles. Grand-mère Marie, son épouse, aimait à dire qu’il avait traversé plus de 8 États en Europe centrale.

Quand il a pris l’initiative de bâtir sa future demeure, il n’a pas fait dans la dentelle. Aujourd’hui, suite à des transformations intérieures, elle est découpée en trois appartements (pas des studios) de type 3 ou 4.

Avant de m’étaler sur les œuvres construites pour des clients, il me faut faire la description de notre maison. Je dis « notre » du fait que je suis né ainsi que mes frères et sœurs, hors le dernier, dans un appartement en duplex de l’immeuble. Nous avons quitté ce logis l’année de mes 10 ans, en 1954. C’est-à-dire que nous avons passé ces premières années de nos vies en voisinage avec nos grands-parents.

Pour ce qui est de notre espace de vie, un vrai bonheur pour des gamins. Ce monsieur avait très bien choisi l’emplacement de sa construction à la sortie du village, au milieu d’un jardin donnant sur une route. La façade orientée au sud a une vue imprenable sur la vallée de la Dêmée, affluent de la dême ; vous savez, cette rivière chère à mon cœur (vous ne m’entendrez pas dire que le sang coule dans mes veines, il n’en est point, c’est l’eau de la dême qui circule dans mes vaisseaux).

Comme aménagement du bâtiment et de la propriété (environ deux hectares de terres), c’est autre chose. Le couple a, je pense, d’un commun accord, elle Marie, en tant que fille de métayers en Bretagne, plus précisément à Torcé, village d’Ille-et-Vilaine et lui originaire de Brinon-sur-Sauldre, bourgade du Cher, enfants tous les deux issus de la France rurale.

Ils ont réalisé une mini-ferme sans gros animaux, mais pour le reste tout y était : poules, dindes, oies, lapins, chèvres au nombre de cinq, le cochon… Tous ces animaux avaient leurs abris propres.

Comme ces photos à suivre qui illustres ses réalisations, sa signature, tous ces jambages en briques sont la résultante de ses racines : il est né à Brinon-sur-Sauldre, village de Sologne, raison pour laquelle il a gardé une certaine façon de penser la maçonnerie dans une région de forêts et de marais. N’est-il pas dit que la région aux trois mille étangs, propice à une engeance de braconniers, avait comme règle de construire les maisons d’habitations en briques depuis la nuit des temps ? Les sols en argile fournissaient la matière première. Comme combustible pour alimenter les fours, le massif forestier (cher à un certain Raboliot, héros dans l’art du braconnage) alimentait les fours pour la transformation de la terre en matériaux de construction.

Le gamin que j’étais, il y a bien longtemps, a dévoré les romans de Maurice Genevoix et d’autres du même genre grâce au bibliobus qui stationnait chaque semaine dans la cour du centre d’apprentissage afin de nous fournir la lecture pour meubler les heures d’études.

Ce n’étaient pas mes premières lectures de roman. Auparavant, les illustrés étaient notre nourriture spirituelle et là encore, le choix était orienté. Pour les filles : ÂME VAILLANT ; pour les garçons : CŒUR VAILLANT. Pour les familles mixtes, ce qui est notre cas (3 garçons, 3 filles) : « FRIPOUNET ET MARISETTE ». C’est comme cela que J’ai ouvert mes premiers bouquins, ceux qui étaient mis à la disposition des jeunes par la bibliothèque paroissiale.

Par bonheur, nous avons retrouvé sur une brocante du quartier, dans les années 2000, deux de cette série que j’ai relue avec plaisir.

(Il faut croire qu’en tant qu’interne, le petit rural « traité de paysan » selon la dénomination des citadins qui représentaient la majorité des apprentis de métiers manuels destinés à fournir la main-d’œuvre à la demande de l’après-guerre pour reconstruire les dégâts du conflit).

Sortons de cette échappée bucolique pour revenir en compagnie du héros d’aujourd’hui, Raoul.

Par bonheur, dans notre village, dans le lieu-dit « les Bournais », s’était érigée une briqueterie. La terre du site (cette matière première, plus communément connue en tant que glaise ou argile) a servi, après cuisson et façonnage, à faire des briques, des tuiles, des tubes « drains ».

Notre homme a dû satisfaire sa requête en se fournissant avec les matériaux de la production communale rien que pour construire sa propre maison. Suite aux dires de maman, il aurait maçonné rien que pour la réalisation de sa demeure familiale 30 000 unités de ce matériau aux dimensions de : 22 x 11 x 5 centimètres.

Quand je dis « grand-père », c’était une personnalité, malgré sa petite taille, il en imposait. De plus, comme un artiste, il a laissé son empreinte dans bien des œuvres qui sont encore visibles et que l’on découvre au cours des pérégrinations en nous promenant dans les rues de notre village.

Pour commencer, à notre arrivée par la rue principale, nous sommes accueillis par ce décor. Cette maison est une preuve de son imagination ainsi que les autres à venir.

Dans le même genre !

Pour celle-ci, quelle ne fut pas ma surprise en regardant les sculptures ornant les deux chiens assis en pignons de la bâtisse, de voir apparaître deux têtes gravées dans les frontons de ces lucarnes ; comment ne pas être étonné, en découvrant les visages, de m’entendre dire par le propriétaire :

– Regarde bien les visages, c’est ton grand-père qui les a sculptés avec comme modèles mes grands-parents.

Connaissant la descendance des effigies en relief, je n’ai pas pu ne pas remarquer la ressemblance des traits entre les descendants d’aujourd’hui et l’aïeule trônant en pignon des frontons ornementant la construction.

Dans même genre ! L’école de Montrouveau, commune voisine de Chemillé.

Cette photo représente une construction solognote, d’où je présume son inspiration.

Sa production ne s’arrête pas à ces œuvres. Pour les autres, il n’était vraisemblablement pas le conseiller.

Encore une de ses constructions

Route de la Chartre

Aujourd’hui, j’arrête. Une suite viendra forcément compléter leur comportement sociétal.

1 Comment

  • Je me souviens de votre maison où nous allions jouer dans la cour avec Marie-Claire et ta sœur aînée (Maryvonne) si je me souviens ?

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