21 septembre 2024

RIFIFI AUX URGENCES N° 2

Vendredi 3 juin 2011

Cette journée s’était déroulée de la même façon que beaucoup d’autres, très uniformes. Ce soir-là, après avoir pris ma douche avant de dîner, un événement vint « agrémenter » ce crépuscule. Je ne suis pas du tout sûr que le verbe agrémenter soit bien approprié si je me mets à la place de l’instigateur de ce bouleversement, qui a chamboulé le déroulement routinier d’une soirée normalement paisible, en l’occurrence : regarder un match de foot à la télé.

La table était dressée, les couverts étaient mis quand le téléphone se manifesta. Danièle se mit en relation avec le correspondant auteur de ce coup de fil, qui s’avéra être Arnault. Il lui annonça la raison de son appel : il venait de se blesser à la main droite et demandait si j’étais disponible pour lui servir d’ambulancier afin de le conduire aux urgences de l’hôpital. Comment faire autrement ? J’ai obtempéré à cette requête illico. La blessure s’avéra être trois doigts entaillés, dont un méritait deux points de sutures.

Il ne nous restait plus qu’à attendre qu’un praticien exécute les soins. Le cas d’Arnault n’étant pas dans l’échelle des urgences le plus pressant en comparaison des arrivées à ce service, cela généra une attente de plus de six heures pour être plus précis. Arrivée vers 19 heures 45 à ce service, entrée en salle d’opération le lendemain à 1 heure 45, tant et si bien que nous sommes rentrés dans nos foyers à 2 heures 30.

Si j’avais pu prévoir tout ce temps d’attente, j’aurais agi autrement, mais que nenni, nous étions à la disposition du chirurgien et comme nous n’avions aucune information sur la disponibilité de cet homme, nous étions obligés d’attendre qu’il se libère pour s’occuper du blessé, ce qui pouvait se produire à tout moment, la raison de notre disposition au bon vouloir du chirurgien qui devait suturer la plaie.

Heureusement ou malheureusement, cet état de fait (personnellement, j’opte pour le deuxième adjectif) m’a permis, pour meubler ces instants de pied de grue, d’assister au travail admirable des infirmiers et infirmières préposés à ce service, sans oublier les pompiers et les ambulanciers qui font un va-et-vient incessant, venant alimenter les patients hétéroclites de ce service hospitalier on ne peut plus indispensable.

La patience et la gentillesse de ce personnel d’accueil est remarquable. Il m’a été permis de juger de leur comportement. Un incident dont j’ai été le témoin m’a conforté dans mon appréciation vis-à-vis du dévouement de ce monde au service des autres.

Déjà, quand les futurs patients (cet adjectif ne correspond pas obligatoirement) arrivent, ils déploient un zèle remarquable malgré l’impudence et l’arrogance de certains de ces personnages.

Il devait être minuit quand un couple s’est présenté devant la réceptionniste en tant que parents d’un jeune homme venant d’être hospitalisé en urgence. L’homme apostropha, je dis bien apostropha, et cet adjectif est encore faible ; il voulait ramener son fils de suite chez lui. L’infirmière avait beau lui expliquer que c’était impossible, son fils était dans le coma et qu’il fallait le diagnostic des médecins avant tout espoir de libération. Cela engendra une colère chez ce père, ameutant un pompier se trouvant dans la pièce contiguë au bureau où se déroulait cet événement. C’est le même pompier qui venait d’amener le jeune homme récupéré sur la chaussée dans un tel état d’ébriété et qui nécessita son hospitalisation. Il fallait voir et entendre ce monsieur mesurant peut-être 1 m60, en tout cas pas beaucoup plus, invectivant le sapeur qui lui devait mesurer 1 m90 et peser pas loin de 100 kg. Ce freluquet est allé jusqu’à vouloir lui « casser la gueule ». J’emploie ce vocabulaire, étant celui usité par le belligérant. Je ne me rappelle pas toute l’altercation, mais il me reste en mémoire un échange verbal hurlé par les antagonistes.

Le père du malade, gueulant qu’il était assez grand pour s’occuper de son fils et que lui, il saurait réveiller le comateux. La réplique du secouriste sur un ton pareil à celui de ce vociférateur ne se fit pas attendre :

— Il est un peu tard, vous auriez dû vous occuper de votre fils avant que nous ne le ramassions sur la chaussée dans ce coma éthylique.

Cette altercation a cessé au moment où sont arrivés deux autres pompiers et trois infirmiers, ameutés par les cris de l’engueulade ; tout ce monde cernant l’irascible, un « nabot » au milieu de géants. Ce cercle de personnages de forte corpulence a vraisemblablement impressionné le belligérant, car un silence s’est imposé de facto.

1 Comment

  • Pimpon !!! Alerte à la connerie, eux aussi sont contraints de s’y frotter chaque jour, lors de leurs interventions !!! FR

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