Cette histoire-là, je ne pourrais l’oublier pour une simple raison. Elle était écrite et imagée quand je me suis trompé en manipulant, je ne sais quelles touches, c’est pourquoi je vais pour la deuxième fois faire travailler mes neurones pour revenir dans mes souvenirs vieux de plus de cinquante ans.
Au début de l’année, en fin d’une matinée, Danièle m’avise d’un appel téléphonique. La voix entendue était celle d’un homme âgé nous souhaitant la bonne année ; elle n’a pas tout compris, sinon l’évocation d’un mécanicien. J’ai fait le rapprochement avec mes anciens artisans mécanos avec lesquels je collaborais, il y a plus de cinquante ans.
Malheureusement, j’ai appris, par la presse et des anciens collègues avec lesquels je suis resté en relation, la disparition de beaucoup d’entre eux. Pour moi, il ne pouvait s’agir que de Régis Baudoin, mécanicien dans un village du sud du département, Nouans-les-Fontaines. Cette bourgade est située au centre d’un triangle de trois forêts Loches : Saint-Aignan et Valençay, le château du diable boiteux.
Fort de mon flair, je compose le numéro de téléphone du susnommé. Comme bien entendu, je tombe sur son répondeur, de ce fait, je lui laisse un message.
Peu de temps après mon initiative, je suis relancé par mon mobile. Contrairement à mon attente, une voix féminine me demande, si j’étais la personne auteur de l’appel à monsieur Baudouin. Comme réponse, ayant reconnu la voix comme étant celle de sa maman, pour l’avoir ouï, il y a plus de cinquante ans.
– Tu es Chantal ? Je reconnais le son de ton verbe, c’est le même que celui de ta maman.
– Il n’y a rien d’étonnant, je suis devenue tout son portrait.
Notre conversation n’y est allée que de plus belle. Elle était étudiante, à l’époque de mes visites chez ses parents. Fort et ravi de cette conversation, sans attendre suite à nos aurevoirs, je relance le papa.
De là, la raison de cette histoire. Vous connaissez mon affinité avec les centenaires, eh bien, ce jour-là, tout au début de notre palabre, il m’annonce son prochain anniversaire, il allait avoir cent ans en 2024.
Ceci dit, nous partons dans nos souvenirs communs, et voilà-t-il pas qu’il me rappelle un repas préparé lors d’une invitation, pas n’importe quel plat, j’avais cuisiné des pieds bleus.
Si j’ai cité ci-dessus la position de la commune de mes hôtes, il en est une raison. Ce territoire, du fait de son environnement entouré de forêt, se situe au centre d’un triangle propice aux cueillettes de champignons.
C’est pourquoi les êtres humains vivant dans ce lieu boisé s’y connaissaient en variétés de champignons forestiers. Je ne me rappelle plus comment j’ai appris la non-toxicité des pieds bleus, ayant comme terrain de prédilection le bocage, ces prairies délimitées par des haies.
Il m’amuse à penser lors de cette dégustation, d’il y a plus de cinquante ans, que mon hôte me rappellerait notre repas à l’occasion des vœux de l’année 2024 ; en me remerciant de lui avoir fait connaître une nouvelle saveur à son palais.
Les châteaux de Loches et de Valençay sont des portions d’un tableau peint par : Lucie Chaurin, une famille chère à mon cœur.