Ce reptile ne vient pas alimenter mes histoires de mon fait. Cette couleuvre, je ne l’ai pas vu personnellement, ce sont les acteurs animant la troupe des Passeurs de légendes qui l’ont croisé dans les bois du Rochoux, futurs décors prédisposés à l’aménagement des tableaux où se déroulera leur spectacle.
Quand Bénédicte m’a téléphoné pour m’annoncer sa rencontre avec le serpent, grâce à sa description, il m’est revenu en mémoire un événement qui s’est déroulé il y a plus de 70 ans.
Pour je ne sais quelle raison, Papa avait fait venir un camion de terre dans le jardin qui allait devenir un terrain à construire ; celui-là qui verra la construction de la maison familiale.
Un tiroir a été tiré dans mon cerveau, un événement a pris corps. Je devais avoir 8 ou 9 ans quand un camion-benne, un P45 bleu, est venu benner ce chargement de terre. Dans le contenu versé, un serpent est sorti, pas n’importe quel reptile, il mesurait plus d’un mètre de long. Les adultes de mon entourage ont reconnu la bestiole comme étant une couleuvre de la race des Fouets. Je ne pense pas avoir jamais réentendu ce mot de fouet depuis mes dix ans ; pour le mot couleuvre ? Oui ! Mais le fouet ? Non !
Mon histoire aurait pu en rester là, mais vous me connaissez, il me suffit d’un rien pour en faire toute une histoire. Je ne sais pas la raison, mais le fait est là : un des personnages a estourbi le rampant. Pour la dépouille, il a été pris comme décision de la remettre à notre instituteur : Monsieur Hémery.
Jean et votre serviteur se sont chargés de la mission. Personnellement, je crois me souvenir que la mise en bocal de la bête fut l’œuvre de mon aîné, car j’ai essayé de pendre dans ma main l’objet concerné, mais au premier contact, je n’ai pas aimé du tout la sensation au touché.
Un bouleversement dans Chemillé-sur-Dême mon village
Je profite de l’occasion pour évoquer tout le respect envers ce Monsieur, qui a laissé un souvenir des plus agréables dans les souvenirs de tous les anciens élèves, qui ont passé de 7 à 14 ans à s’instruire sous sa maîtrise.
Une situation délicate, la fermeture de l’école catholique des garçons. Il lui a fallu gérer la récupération d’une quinzaine de gamins issus des familles pratiquantes. Du jour au lendemain, les enfants de chœurs, dont je faisais partie, ont été accueillis. Tous mes amis, anciens servants, se louent de l’impartialité de cet homme.
Le curé a avalé « la pilule« , il a profité de l’occasion pour donner le change en enrôlant dans la communauté religieuse, des garçons qui, sans cette nouvelle donne, n’auraient jamais intégré cette petite congrégation d’enfants de chœurs. Hé, oui ! En ce temps-là, les petites filles ne pouvaient que nous regarder dans nos habits blancs et rouges.
Un petit aperçu de l’esprit qui animait nos villages qui, selon ma façon de voir, pourrait être comparé aisément à celui de Brescello Le petit monde de Don Camillo.
Ton histoire « serpentante » m’aura donné le plaisir de posséder enfin un cliché de François Hémery, cet homme remarquable entre tous, merveilleux instituteur. Il m’avait plu de le décrire en quelques mots dans le bouquin que j’avais consacré aux années de 40 à 60 à Chemillé.