Mercredi 26 juin 2024
Il est des jours de sourire ! Ce début de journée éclairé d’un soleil particulièrement présent, il m’a été donné de vivre en tant que spectateur dans ce coin de verdure une comédie digne d’un vaudeville, d’une spontanéité, que seule l’improvisation des acteurs en fait une réussite des plus belles, à nulle autre pareille.
Il n’est pas rare que je m’assoie sur les bancs disposés le long des allées pour le plaisir des promeneurs qui, comme moi, veulent profiter des vues offertes par cet îlot de verdure. Cette oasis urbaine, en plus du décor, a le privilège de ne subir aucune pollution bruyante. Seuls les oiseaux s’en donnent à cœur joie pour égayer de leur symphonie les déambulations des quidams de mon genre parcourant les allées avec un plaisir toujours renouvelé.
Mon bonheur est d’autant plus grand qu’il me donne l’occasion de récupérer ma participation avec mes impôts à l’entretien de cet aménagement !
Le décor est parfois agrémenté de manifestations musicales, la raison du kiosque. Ce matin, pas de musique, hors les divers pépiements des nombreux oiseaux, entre autres le roitelet à triple bandeau, etc. Aujourd’hui, c’est un spectacle d’un autre genre auquel je vais assister.
Comme dans tous les lieux publics, il est interdit de traverser le parc autrement qu’à pied. Les cyclistes se doivent de faire comme tout le monde, descendre de leur machine, guidant celle-ci à la main en marchant le temps de traverser le parc.
Il n’est pas rare que des « hors-la-loi » enfreignent le règlement. En général, ces agissements délictueux se passent sans heurts.
Il en fut autrement ce mercredi matin. Un sacripant, un athlète de haute taille, pédalant d’une façon décontractée, se croyant vraisemblablement seul au monde. Pour moi, rien de plus normal, nous étions trois dans un espace désert : il y avait bien une dame d’un certain âge promenant un petit chien. Tout n’était que quiétude ! De là est partie la raison de cette histoire rocambolesque.
La cacophonie de la gente ailée était devenue inaudible dû à un déferlement de cris. C’était la promeneuse, tenant son chien en laisse qui s’adressait au cycliste, lui rappelant la loi régissant cet espace de loisir. Sa prose ne donnait pas dans la dentelle :
– Grand « c…..d » !
Suivi de paroles du même genre, réitérant de nombreuses fois la nomination c…..d, tout en lui rappelant l’interdiction de pédaler en cet endroit.
Ne pouvant faire autrement qu’assister à cette altercation, je suivais le spectacle qui m’était offert. Il faut dire que je n’ai pas été déçu. L’insulté a croisé l’injurieuse en la snobant. Il s’était éloigné d’une vingtaine de mètres quand subitement, il a fait demi-tour pour se rapprocher de l’ordurière. Arrivé à sa hauteur, il s’est rapproché de la mégère, au plus près, tout en restant stoïque, lui répliquant. Je ne sais pas avec quel langage, de mon éloignement, je ne pouvais pas suivre les invectives, je suppose qu’il a dû la traiter de vieille.
La réplique de l’invectivée à l’encontre de son vis-à-vis est encore montée d’un ton. Ils étaient tellement près l’un de l’autre qu’ils avançaient comme agglutinés, tout en s’injuriant que de plus belle. Ce spectacle donnait l’impression, compte tenu de la différence de grandeur des personnages, d’un géant et d’une nabote, ce qui me faisait penser au petit roquet en face d’un Saint-Bernard.
La venue des policiers de la ville, alertés vraisemblablement par ces hurlements, comme par magie, avec l’intention, ce qui paraît normal, de ramener le calme. Bien mal leur en a pris, « la protagoniste » a retourné sa furie à leur encontre. Les pauvres bougres ont reçu une volée de bois vert.
Comme il fallait s’y attendre, à la fin, tout ce petit monde s’est séparé sans réconciliation. Ce divertissement inattendu m’a retenu plus d’un quart d’heure. Je me suis amusé de cette escarmouche, ce qui m’a changé du rythme quotidien, qui se voudrait bucolique.