Là encore, je vais y aller de ma certaine façon d’interpréter « les signes du destin » qui sont intervenus tout au long de mon parcours que ce soit professionnel ou dans le cheminement de ma vie courante.
La deuxième fois qu’il m’a été donné d’être concerné par un départ pour l’au-delà viendra conclure cette histoire. Avant cette conclusion, je vais y aller de la narration d’une rencontre qui a changé le cours de ma vie, l’achat de ma première voiture une, R8 bleu ciel, baptisée Dolorès. Cette appellation n’était pas anodine : une chanson écrite par Charles Aznavour qui s’est avéré prémonitoire dès sa première phrase :
Sans doute, je ne serais pas qui je suis, je ne serais pas là où j’en suis si je n’avais jamais connu Dolorès etc…
Mon permis de conduire en poche, j’ai chargé le mécanicien exerçant son art à Chemillé de me trouver une R8 d’occasion, ce qu’il fit.
Il me présenta un représentant en matériel agricole avec lequel j’ai négocié l’achat de cette première voiture, à cet instant rien de plus normal.
En ce temps-là, suite à mon retour en Touraine, l’herbe plus verte, je travaillais comme ajusteur dépanneur dans une usine de pneumatiques.
Un an passé, je rencontre dans une rue de Chemillé mon vendeur Monsieur Guillard. Les formules de politesse étant dites, nous bavardons et je m’entends lui dire :
-C’est un travail comme le vôtre que j’aimerais faire.
J’étais loin de me douter que notre future conversation allait changer mon destin.
Comme réponse, il m’indique le nom d’un de ses concurrents recherchant un représentant. Illico, je propose ma candidature, je suis embauché à mon premier entretien pour le 4 octobre 1967, jour de mon anniversaire.
Pour ne rien cacher, cet homme me prévient : « dans cette société, la SERM (société d’équipement rural moderne) le patron est une vieille crapule en comparaison du directeur commercial Michel Leclerc qui lui, est un personnage de très grande qualité ».
J’ai travaillé 6 ans dans cette entreprise grâce à la présence de mon chef des ventes. Pour ce qui est des patrons, je ne me reconnaissais pas du tout dans l’esprit de ces personnages, mon informateur avait eu raison dans son appréciation.
Le destin a voulu que ce Monsieur tombe malade, je parle du chef des ventes. Il représentait à mes yeux un Seigneur dans son comportement, dommage pour les autres, mais dans ma vie, jamais je n’ai croisé une telle attention envers les autres, tout le contraire des dirigeants.
Le PDG de la société n’a pas attendu pour me faire une vacherie, comme je gardais des relations avec le malade, je l’ai avisé du comportement de ce patron en l’informant aussi de mon départ de cette entreprise.
Comment et pourquoi j’ai quitté ces gens-là ?
Un matin, en arrivant au bureau, M. Leclerc me dit : M. Duhard aujourd’hui vous allez vendre un tracteur. Tout content de cette annonce, je le regarde d’un air interrogatif me demandant : où, comment lui qui n’était pas sur le terrain pouvait-il m’annoncer ce qui aurait dû être de mon ressort ?
L’aviser de cette information ? Ne faisons pas le difficile, il ne m’arrivait pas tous les jours de commencer la journée par une telle perspective. Ce M. continue son message en m’indiquant le nom de l’acheteur et son adresse, me précisant le type de tracteur, mais là, il y avait un hic, ce futur client ne résidait pas dans mon secteur, il habitait dans un canton, celui-ci, était prospecté par un autre représentant de la même société, ce qui me fait répondre à mon chef :
-Non, ne comptez pas sur moi pour concurrencer mon collègue !!
C’était la première fois en six ans que ce Mr. a haussé le ton envers moi me rappelant qu’il était mon patron, que c’était lui qui commandait et que je devais obéir.
Pour ne pas m’avouer vaincu, je lui demande comment allait se passer la rémunération de cette vente, moi je ne voulais pas travailler pour rien et en aucun cas, je voulais léser mon collègue dans sa rémunération. Je vois mon interlocuteur soulagé me disant, mais non Mr, vous aurez votre commission et votre collègue aura la sienne. Suite à cet entretien, mon premier mouvement fut de prévenir mon collègue, qui me donna son accord.
Comme mon supérieur l’avait prévu, j’ai réalisé la vente. Ce qui avait été convenu pour ma rémunération a été respecté. Pour moi cette transaction était close.
Eh bien non, la maladie qui malheureusement frappa jusqu’au décès, M. Leclerc me conforta dans l’antipathie que je ressentais envers le PDG de cette société. Ce M. est venu, vu ses attributions de grand patron, superviser la bonne marche de la succursale de son entreprise, chose tout à fait normale.
Ce qui le fut moins dans mon cas, c’est quand il demanda à la comptable de bien vouloir payer la commission pour mon collègue du tracteur que j’étais allé vendre, sous les conditions convenues avec mon supérieur, quand celle-ci lui dit qu’elle m’avait rétribué pour cette transaction, il tint les propos suivants :
-Duhard il n’a point à prendre la commission des autres, vous lui retirerez le montant de ce qui lui a été versé pour la vente de ce matériel à la fin du mois. (Sic).
À l’annonce de cette nouvelle, je me suis empressé de téléphoner, à ce M. en lui demandant de bien vouloir se renseigner auprès de M. Leclerc, des accords conclus dans la perspective de cette transaction. Tout ce que ce M. a pu me dire :
-Nous n’allons point emmerder Leclerc avec ça.
Ma réponse fut :
– Parfait! Demain vous aurez ma démission. Ce que je fis.
Mon donneur d’ordre a quitté ce monde peu de temps après ma démission.
Nous étions dans une époque euphorique pour subvenir aux investissements de matériel chez les paysans, j’avais la chance de connaître presque tous mes concurrents, je n’ai pas eu de mal à retrouver du travail. J’ai choisi la meilleure société, celle qui m’a proposé des conditions d’embauches inespérées.
Pour une seconde fois mon avenir a changé suite à un événement tragique, un départ pour l’au de là.
De la couleur rouge SAME je suis passé au vert DEUTZ
Et roule, ma Poule !!!
Rouge de colère, SAME suffit pas !
Et de DEUTZ ! Vert d’espoir !