Ces trois historiettes vont entrer dans l’article, non pour des faits remarquables, mais tout simplement pour me remémorer des instants qui ont participé à meubler mes loisirs d’adolescent.
La première, à cent mètres de notre maison familiale, résidait une ancienne fermière : madame Courson. J‘aime à citer ces héros décédés il y a fort longtemps. J’ai l’impression en les citant de les sortir quelques instants du néant. Cette dame avait conservé quelques hectares à cultiver afin de nourrir une petite basse-cour. Pour ce faire, elle se servait d’un petit cheval de la taille des chevaux arabes qui avait un caractère loin de celui de ces pur-sang.
L’animal paissait toujours dans une prairie, jouxtant un petit chemin où nous nous amusions fréquemment, nous les gamins du village.
Un beau matin, j’ai frappé à la porte de la propriétaire pour lui demander si elle me permettait de monter son cheval, avec l’intention de caracoler dans la campagne. Pour mon plus grand plaisir, cette ancienne cultivatrice acquiesce à mon désir. N’étant pas un cavalier, pour ma première montée, ne connaissant pas la réaction de l’animal, j’ai demandé à un voisin de tenir la bride du licol. Le temps des premiers instants de ma mise en selle, mot inapproprié, car je suis monté à cru, n’ayant justement pas d’articles de sellerie autre que le licou.
Je monte ma monture, tout se passe très bien, un demi-tour étant exécuté, allez savoir pourquoi mon lad d’un instant se retrouvant au cul du canasson, a frappé dans ses mains pour donner un démarrage rapide. Bien mal lui en a pris, l’animal apeuré a rué des quatre pattes. Comme cette scène s’est passée dans une courette bétonnée, les fers ont glissé et je me suis retrouvé coincé sous le cheval, dans un parterre au milieu de rosiers. Par bonheur, ma monture et moi n’avons rien eu hors des égratignures infligées par les épines des fleurs.
Malheureusement, ce fut la seule fois qu’il m’a été donné de monter la bête. Une chose est certaine, je ne sais comment la propriétaire a eu vent de cet aléa, elle m’a demandé de ne plus emprunter son cheval de peur d’un accident.
Que vient faire ce cliché, nous offrant l’image d’un cheval et son cavalier dans une course de rodéo ? Ma monture était bien moins fougueuse, une seule ruade m’a désarçonnée.
Pour vous dire que ces ruades en série n’ont rien à voir avec un mustang sauvage. Ces réactions sont la conséquence des deux brides tellement serrées qu’elles coupent le souffle du martyrisé. Question souffrance animale, bonjour la torture.
La deuxième de ces petites histoires de cavaleries, je l’ai vécue avec deux amis, nous logions dans le même foyer. Bien qu’ils soient plus âgés que moi, nous partagions quelques moments de loisirs ensemble. En leurs compagnies, ces moments se différenciaient de ceux de mes autres amis beaucoup moins sages, mais à mon goût pas moins intéressant.
Nous passions, sinon culturels, des week-ends tels en Belgique en Normandie etc…
Un dimanche, nous étions en vadrouille dans la campagne du côté de Chantilly. C’est en passant devant un centre hippique, il est vraisemblable, je ne suis pas certain même sur, que mes amis du moment auraient suggéré de louer des chevaux pour caracoler dans les allées forestières jouxtant le manège.
Mon histoire n’aurait pas lieu d’être conté sans que ce qui va suivre n’eût pas été un événement des plus cocasses.
Pour moi, pas de problèmes, j’ai enfourché ma monture comme une chose banale, à la différence de mes deux amis qui, installés sur les canassons, n’ont pas osé imposer leurs directives aux chevaux. Je les avais pourtant incitées à vaincre leurs appréhensions en s’affirmant à leurs montures. Las de les voir hésiter, je suis parti me promener sous la canopée, je ne sais plus quelle forêt du nord de la région parisienne.
Une chose est certaine, quand je suis revenu de mon escapade, mes deux cavaliers étaient restés en selle, ils avaient passé le temps à tourner en rond autour des bâtiments du manège.
La troisième anecdote hippique qui va terminer ma série n’a rien que de banal autre que le moment vécut sur l’instant.
Un après-midi d’automne, roulant sur une départementale au nord du département, en suivant une prairie où une dizaine de chevaux paissaient, l’œil toujours à l’affût, surtout question champignons, je remarque un rond des rosés-des-prés fleurissant le vert du pré. Il ne m’en fallait pas plus pour que je m’invite à une cueillette. Sitôt pensé, sitôt exécuté, pour l’instant rien d’extraordinaire.
Les champignons, je n’en ai presque pas récolté. Les occupants des lieux ont vu autrement. À mon incursion dans leur territoire, les quadrupèdes se sont dirigés à mon encontre, ils sont arrivés les uns après les autres. Au fur et à mesure de leurs approches, ils se regroupaient. Quelques naseaux se sont trouvés à la portée de mes mains, je ne pouvais faire autrement que de les caresser, de là mon malheur. La manade a formé un cercle autour de ma personne, dès que je me baissais pour cueillir, ils me poussaient les mains avec leur tête ; le reste, ils l’ont tellement piétiné que j’ai dû abandonner ma cueillette.
Ma dernière chevauchée tunisienne 1990
Le cheval c’est mon dada…