Comme toujours, je ne peux m’empêcher de partager des instants égayants, une vie rendant celle-ci moins routinière. Deux petites anecdotes, qui se sont déroulées en trois jours, ont agrémenté mon quotidien, des résurgences d’un passé de 60 ans.
+ Une.
La visite annuelle de nos soldats du feu, bien qu’intéressée, ne nous est pas désagréable (et même pour le fesse-Mathieu que je suis), il devrait en être autrement.
La raison de cette réaction, à subir sans trop de souffrances ce moment que j’assimile à la présentation de la sébile, ce geste que j’ai beaucoup pratiqué entre les piliers de mon église, toute modestie mise à part, avec sa nef, ses allées latérales, font de cet édifice une mini cathédrale. Ma participation en tant que quêteur (ayant été enfant de chœur entre 7 et 14 ans) ne me gênait pas. Il faut dire que j’étais du bon côté du manche, à ce stade de ma vie, je n’avais pas réalisé l’importance que j’accorderai aux picaillons.
Le bon accueil réservé à ces secouristes, est sûrement dû au fait que notre grand-père maternel et un oncle, le jumeau de Papa, ont officié en tant que capitaines des pompiers bénévoles de notre village.
Après ces blablas, il me faut revenir au pourquoi de ces lignes. Notre visiteur de la génération suivant la mienne, avait le profil du personnage propice à mes investigations. Comme toujours dans cette situation, j’interroge mon vis-à-vis pour savoir s’il est originaire du département, en lui expliquant la raison de ma curiosité.
Ma carrière en tant que marchand de tracteurs m’a donné l’occasion de connaître un certain nombre de paysans, qui comme moi, sont sur la voie de garage. Par bonheur, il m’arrive de retrouver des petits enfants de mes anciens acheteurs au fur et à mesure des rencontres comme ce jour.
Il n’est pas rare que des descendants d’anciens paysans se soient convertis en citadins. Pour mon plus grand bonheur, dès que je juge un personnage en face de moi pouvant être un de ces exilés, j’intrigue pour éclairer ma lanterne. Allez savoir si par hasard, comme souvent celui-ci à mon encontre, se montrait généreux ?
Suite à ce genre d’interrogatoire, il m’est arrivé d’avoir des nouvelles de personnages sortis de mes relations depuis bien longtemps. Ce 09 décembre 2023, la chance m’a souri. Le sapeur questionné, comme réponse, il me renseigne sur ses origines : le canton de Preuilly-sur-Claise, dans le sud du département. En terminant sa phrase, il m’informe que le père de sa maman était paysan dans le nord du département, à Chemillé-sur-Dême. Alors là ! Pas besoin de vous expliquer ma réaction en entendant ces trois mots magiques. Comme il me précisait l’état civil de sa maman Marie-… J’y suis allé de ma réponse :
– Saches que la personne en face de toi n’a pas de sang coulant dans ses veines, mais l’eau de la Dême, et que ton grand-père fut mon premier patron il y a 70 ans, j’avais 8 ans. Quand je passais une partie de mes vacances comme garde vaches dans son exploitation agricole. (Une histoire déjà narrée, « LE POIRIER VERT » diffusée le 18 septembre 2021). Il y aurait tant à dire sur les rapports d’amitiés entre les parents de ta maman et les miens. J’arrête là la narration de notre rencontre, car j’y suis allé sans modération dans ce qui est de mes souvenirs.
L’enfance d’un gamin vivant dans l’ambiance contemporaine à « la guerre des boutons et de Brescello« .
——————————–
Un autre temps de plaisir.
Le lendemain, donc le 10 décembre 2023, un autre événement qui s’est déroulé entre 1961 et 1964, l’entre-temps de ma vie parisienne.
La raison de ce déplacement, peu importe. Je traversais la place du palais de notre belle ville en début d’après-midi, je m’engageais sur le boulevard Heurteloup quand, je vois sur le trottoir une femme déambulant.
Je reconnais cette personne âgée de 81 ans aujourd’hui, en tant qu’une jeune fille, Denise S… Habitante dans un village limitrophe du mien, Villedieu-le-Château, lieu de pèlerinage dédié à la vierge Marie. Je relate en aparté cette manifestation, car sans cette cérémonie, pas de lien entre les deux communes. Comme pour l’histoire précédente, nos parents étaient amis, la raison de nos rapprochements, nous les enfants partagions des moments de loisirs.
Je n’ai pas besoin de raconter encore une fois de plus la façon dont j’ai agi pour interpeller Denise, l’héroïne de mon pamphlet, avec coups de klaxons et gestes, qui la firent regarder dans ma direction, loin de se douter que la gesticulation de cet automobiliste lui était adressée. Par bonheur, j’ai pu me garer sur le parking d’un arrêt de bus.
Sorti de ma voiture, j’ai hélé Denise que de plus belle en l’appelant par son prénom. Voyant l’énergumène qui lui faisait des signes en la nommant, elle se dirigea vers moi. Arrivée à portée de voix, je me présente en lui rappelant l’époque où nous partagions des moments de loisirs avec une précision qui l’a laissée interdite. Je lui ai remémoré un dimanche après-midi, car elle comme moi avons vécu une période de vie parisienne, c’est la seule escapade à mettre notre vie parisienne, nous sommes allés au cinéma dans la plus fastueuse salle de Paris à l’époque « LE GAUMONT PALACE » place Clichy, pour voir « Les grands chemins » film tiré d’un roman de Jean Giono.
Dire que je me rappelle du film serait mentir, comme souvenirs, seuls les paysages bucoliques, le décor du tournage. Notre conversation n’a duré que quelques instants, elle a eu juste le temps de me dire :
– C’était un très beau film.
Il me fallait partir, car la police avait repéré ma voiture en infraction de stationnement et s’apprêtait à me verbaliser.
———————————–
Un autre souvenir avec cette famille qui s’est déroulé en 1981, je suis précis pour la date. Je débutais ma carrière comme négociateur dans une agence immobilière dans la banlieue sud-est de Tours : Saint-Avertin.
À un croisement de rues, j’attendais qu’un feu passe au vert, quand je reconnais la conductrice d’une deux chevaux arrêtée. Elle aussi, pour la même injonction, en tant qu’une amie de papa et maman, mon tempérament de provocateur m’a impulsé une idée saugrenue, ouvrir la portière droite et de m’assoir comme passager.
Je n’ai pas été déçu de la réaction, rien qu’en me rappelant l’expression de son visage, je ne regrette rien de mon initiative.
La suite à mon sans-gêne ne fut que bonheur. Après avoir décliné mon nom et la raison de cette incongruité. Sa surprise passée, nous avons profité de cette rencontre pour échanger de nos situations du moment, des visites ont suivi cette entrevue pendant des années. Il était facile pour cette dame de passer à l’agence me saluer pour mon plus grand plaisir.
Ces dernières lignes ne sont pas là par hasard, si elles viennent clore mon histoire, la raison en est que cette dame était la maman de Denise « la Parisienne », mon accompagnatrice au GAUMONT PALACE.