Des situations qui devraient être complètement improbables et pourtant…

Avant de narrer l’histoire qui va suivre, il me faut vous aviser qu’après ces quatre années et ces deux cents souvenirs, je suis dans l’obligation de torturer mes méninges. C’est pourquoi, cette semaine, il m’amuse de vous raconter une histoire en lien avec deux des articles déjà parus : Madame Ugen : le 03 novembre 2024 ; Les sabots de bois et la Marchère, paru le 07 décembre 2024.

L’histoire d’aujourd’hui vient compléter la série de ces événements qui ont fait de mon parcours professionnel un enchaînement d’inattendus et de rencontres impromptues.
« Jamais deux sans trois », dit-on. Je parle de trois, car il me plaît de regrouper ces anecdotes en complétant ce florilège avec ma rencontre improbable : celle du directeur de l’usine MICHELIN.
Pour les deux premières, ces deux personnes, je pense sans aucune acrimonie qu’elles auraient été dubitatives si une tireuse de cartes leur avait prédit leurs relations avec l’adolescent que j’étais.

Pour le troisième personnage, il en est autrement. Ce monsieur n’a jamais su, quand il m’a confié la vente de sa maison, que je me suis bien gardé de lui faire part de mon emploi comme caoutchoutier dans ses ateliers. Bien entendu, mon esclandre généré par ma dernière confrontation avec mes supérieurs n’est jamais arrivé sur son bureau.

Ceci est une autre histoire qui devrait figurer dans ma collection, mais pour l’instant, si elle est écrite, elle n’est pas diffusée.
Suite à une visite du bien mandaté pour la vente, une proposition orale m’a été faite par un couple rémois. Il m’a fallu marchander l’affaire au téléphone, le vendeur ayant déménagé dans la capitale.

Quand nous nous sommes mis d’accord oralement, il me fallait faire signer un compromis pour le vendeur : une proposition écrite et signée des deux parties ne suffisait pas pour la rédaction de l’acte notarié.
Tout était OK, mais un hic : je ne pouvais obtenir un rendez-vous avec les acteurs. J’ai donc pris la décision, afin de régler le marché, de me transporter à Reims pour les acheteurs et de m’arrêter sur le retour à Paris pour les vendeurs.
Une belle et bonne journée, le résultat étant au bout.
Si je prends la plume, il en est une raison : il m’est fréquemment arrivé de me trouver dans cette situation compte tenu des vingt-cinq ans dans la transaction immobilière qui ont généré plus de cinq cents transactions. Ne soyez pas étonnés, cela ne représente qu’à peu près une moyenne de deux ventes par mois.
La gestion occupait une bonne partie de mon temps.

Ceci dit, il me faut dire que quand je me suis retrouvé dans le bureau situé aux Champs-Élysées, en face de l’ancien directeur de l’usine Michelin, je me suis pris à penser que, à ma sortie du centre d’apprentissage, avec mon CAP d’ajusteur en poche, jamais je n’aurais imaginé vivre une telle scène.
Et pour mon vis-à-vis non plus, quand j’ai quitté l’usine. Si on lui avait dit : « Regardez bien ce quidam qui vous tourne les talons », vos sbires, après l’avoir semoncé sur sa façon d’être (ils étaient quatre sur son dos pour l’ultime fois), en lui précisant un avenir pas des plus souriants…

Le Le bureau dans lequel j’ai fait signer mon interlocuteur était digne d’un directeur. J’étais intrigué de voir affichée au mur une carte géographique prise au-dessus des Caraïbes avec, à côté, le plan d’un futur lotissement. Ces éléments n’étaient pas là par hasard. Dans notre entrevue, je me suis autorisé à lui poser le pourquoi de cette exposition.
Il était en train de réaliser une opération immobilière dans ce coin du monde. Les photos de ces futures constructions annonçaient des villas de très haut standing.
Je ne sais comment est venue cette phrase, mais je ne peux oublier sa réponse suite à ma grande stupéfaction. Ce monsieur m’a dit :
• « La destination de ces villas est réservée aux Américains, pas à des smicards. »
Nous nous sommes quittés sur ces bonnes paroles.