1 février 2025

EGYPTE N°3

Le jour suivant, nous sommes allés à Abou-Simbel. Cette visite fut inoubliable, et pour ne pas l’oublier, la nature nous a réservé une petite surprise en organisant une tempête de sable, nous obligeant à patienter dans le hangar de l’aéroport. La fin de ce temps tumultueux empêchant notre avion de décoller, l’attente dura environ deux ou trois heures. Nous avons patienté dans une grande salle où les enfants ont pu jouer. Pour ma part, je ne devais pas être des plus rassurés, car les problèmes aériens depuis un certain Cologne-Nantes ne me laissent pas indifférent. 

Notre deuxième excursion fut Louxor. Pour nous rendre d’Assouan à cette ville, Jean-Yves avait loué les services d’un taxi : une 504 break bleue aménagée afin que nous puissions tenir tous les huit en plus du chauffeur ; rien de plus normal pour ce pays. Ce qui me parut moins logique, c’est la façon de conduire de ce chauffeur. Je ne tiens pas compte des coups de klaxon sans raison rien que pour se faire plaisir ; par contre, ce qui m’a laissé pantois, c’est la manœuvre complètement irraisonnée de ce monsieur. Nous roulions sur la nationale, une ligne droite assez longue, presque pas de circulation, sinon une voiture venant à notre rencontre. Rien d’anormal jusque-là, si ce n’est qu’au moment du croisement, les deux conducteurs firent une manœuvre, pour moi inconnue et me laissant toujours perplexe : comme d’un commun accord, ces deux chauffeurs se sont déportés sur la voie de gauche de la route, le temps du croisement, pour se rabattre sur la droite le croisement effectué.

Lotus Hôtel

Arrivée à Louxor, Simone nous avait réservé des chambres dans un petit hôtel : le Lotus Hôtel. Il n’était pas des plus luxueux, mais assez confortable pour le peu de temps où nous sommes restés dans cette ville. Cet établissement fut le point de départ de nos excursions vers les sites environnants, entre autres Karnak, où Arnault et Karine jouaient à cache-cache derrière les colonnes, n’étant l’un comme l’autre pas du tout intéressés par le côté historique de ces monuments. Un fait m’interpelle encore sur le comportement des habitants de ce pays : celui-ci s’est déroulé dans la vallée des Rois.

VALLÉE DES ROIS (accueil côté business)

Nous étions les seuls visiteurs dans un tombeau couvert de hiéroglyphes. Le propre de toutes les tombes, il était interdit de prendre des photos. Un gardien montant la garde à l’extérieur veillait à ce que le règlement soit respecté, mais, en bons franchouillards que nous sommes, nous croyant des plus malins, nous avons dérogé à ces consignes. Pour moi, pas de problèmes, mon appareil photo était silencieux, mais pour Simone, un déclic se faisait entendre à chaque cliché. Quand celle-ci activa la prise de photo et que le bruit se fit entendre, notre guetteur, qui ne devait attendre que ce bruit significatif, occasionnant une bonne affaire dans son intérêt, fit irruption parmi nous, intima à Simone l’ordre de lui remettre son appareil et nous fit signe de le suivre au poste de police se trouvant à l’entrée du site. Ma conviction était que le zèle déployé par ce monsieur était surfait, ce qui me fit dire à Nono : « Ça s’achète ! ». Et de là commença une tractation, un accord fut trouvé tant et si bien que notre homme préposé à la bonne garde de ce site protégé nous ramena à la fameuse tombe, sujet de cette altercation, et nous donna l’autorisation de prendre toutes les photos que nous voulions, montant la garde afin que nous ne soyons pas importunés le temps de nos « méfaits ». Cerise sur le gâteau, il alla nous chercher une vieille momie afin que nous puissions la photographier sur toutes les coutures. C’est pourquoi j’ai pris la photo de notre groupe dans cet endroit interdit aux photographes.

Ce séjour à Louxor ne fut que du bonheur : spectacle de son et de lumières à Karnak en soirée, après-midi à l’hôtel, étape piscine et restauration où nous avons mangé nos premiers sandwichs au pain de mie-poulet-salade mayonnaise, menu qui a été refait après notre retour en France. Visite de la ville, balade en calèche, traversée du Nil à bord d’un bac pour nous rendre dans la vallée des rois et des nobles, visite du musée, etc.

Un autre problème qui aurait pu avoir des conséquences dommageables, résultant de nos manques d’information en tant que voyageurs novices :

Heureusement pour nous, le hasard ou la chance a voulu que nous nous retrouvions dans un restaurant à la table voisine de Français voyageant dans les mêmes conditions que nous. Au cours de la conversation, ils nous avisent de l’obligation de confirmer notre vol de retour 2 jours avant notre embarquement. Chose matériellement impossible pour nous, étant donné notre emploi du temps et notre situation géographique. Qu’à cela ne tienne, notre souci fut résolu grâce à la sollicitude de ces voyageurs à qui nous avons confié nos passeports et nos billets d’avion, avec un mot destiné au directeur du Novotel afin qu’il fasse le nécessaire pour un embarquement futur sans problème en vue de notre retour.

Je remercie encore ces inconnus. Il est facile aujourd’hui de me rappeler sereinement l’événements mais, sur le moment, quand j’ai demandé à notre retour le soir au Novotel si nos passeports et nos billets confirmés étaient entre leurs mains, un moment d’inquiétude me turlupinait, et s’ils n’avaient pas été là ? Je n’ose pas imaginer dans quel pétrin, pour être poli, nous nous serions retrouvés. Tout est bien qui finit bien, ce fut le cas.

De ce point d’attache à Louxor, nous nous sommes rendus à Abydos, un endroit de rêve. Le voyage s’effectua en taxi, toujours une 504 aménagée comme la première : 8 passagers. La petite anecdote de ce périple est le repas de notre chauffeur, une salade genre chicon achetée sur le bord de la route tout juste sortie de terre, un morceau de fromage blanc dans un cornet de papier de journal. Le regardant manger sa salade brute d’arrachage, comme si c’était une banane, il dut penser que j’étais tenté de partager son repas, il me tendit son légume, me faisant comprendre que je pouvais croquer moi aussi. Comme vous pouvez vous en douter, je ne pus m’empêcher de décliner cette généreuse offre, autant pour la salade non lavée en plus de la couleur de ses dents et l’état de celles-ci.       

Une autre excursion eut pour but le temple de Deir el Bahari, temple de la reine Hatchepsout. Là aussi, ce fut un émerveillement pour le néophyte que j’étais. La petite histoire qui marqua notre passage dans ce site, nous la devons à Karine et à Arnault : comme toujours, ils riaient tellement de leurs jeux que Karine en a fait pipi dans sa culotte.

Notre retour à Assouan s’effectua en train, nous l’avons pris en gare de Louxor. Entre l’heure annoncée du départ et celle du départ réel, la différence fut, je crois, d’un peu plus de deux heures, ce qui me permit d’observer notre environnement. Dans cette gare, il était chargé des wagons de canne à sucre et nous pouvions voir les Égyptiens tirer des brins de ces canes et mâcher celles-ci à pleines dents, ne pouvant plus dire « à belles dents », qui, compte tenu de cette alimentation, offrait à la vue de leurs vis-à-vis des dentitions dans des états de caries catastrophiques.

Ma mauvaise langue n’ayant d’égal que ma méchanceté, je me suis permis de dire à un autochtone :« Ça ne s’assoit pas, ça se pose » pour me justifier de ce jugement. Comme je le disais plus haut, je profitais de cette attente pour me conduire en voyeur. Devant nous, sur un banc, un homme était posé. Quand je dis posé, la raison en est que cet homme, assis sur ses talons, n’avait pas remué d’un poil tout le temps de notre attente. À notre départ, il n’avait toujours pas bougé telle une statue, soit à peu près deux heures. Le train qui nous ramena à Assouan était un pullman de fabrication allemande assez récent, dans un état de saleté inimaginable. Rien d’étonnant, car nous avons voyagé en compagnie d’un homme qui devait être préposé au nettoyage. Un balai lui tenait compagnie, mais celui-ci devait lui servir d’ornement. À aucun moment, il n’a fait usage de cet ustensile. Il a passé le temps du voyage allongé sur une banquette, ne se levant qu’à l’arrêt pour nous demander un bakchich.

De retour chez nos hôtes, nous avons repris nos pérégrinations dans les environs, balade en felouque. Celle-ci fut une grande partie de plaisir ayant pour capitaine, un Égyptien des plus atypiques. Visite du mausolée de l’aga khan et du monastère de St Siméon, un après-midi à l’hôtel Old Cataracte avec visite du musée.

Un souvenir sortant du contexte de ce voyage instructif, pour entrer dans les faits divers. C’est une odeur de putréfaction qui régnait dans l’atmosphère environnant la résidence de nos hôtes. La cause de cette nuisance : la proximité du cimetière. Cette odeur ne nous parvenait qu’à une certaine orientation du vent.

Pour le voyage de retour, comme à l’aller, nous avons fait étape à Rome. Entre Le Caire et Rome, nos places étaient disséminées dans l’avion. Je me suis retrouvé derrière Danièle et les enfants, avec une voisine partageant les mêmes angoisses que moi pour les vols aériens. Ce point commun a fait de nous des bavards. Pour moi, rien que de très normal, mais pour elle ? Sa fille qui voyageait à deux ou trois sièges, était très étonnée d’entendre sa maman me raconter sa vie et ses malheurs : la perte de son fils défenestré à New York. La raison de ces confidences : elle me trouvait une ressemblance avec ce fils. L’étonnement de sa fille venait du comportement de sa maman, une femme très réservée d’habitude. Au début de notre conversation, j’ai dû lui faire part de mon aversion pour les avions et leurs voyages, ce qui a dû la rassurer de voir qu’elle n’était pas la seule à être inquiète.

Au tout début de nos échanges verbaux, elle ouvrit ses mains jointes, découvrant une médaille de la vierge Marie, talisman sécuritaire pour cette dame, j’en suis sûr, elle me l’a dit. Cette femme était Française mariée à un Égyptien, celui-ci possédait une usine de ferblanterie à Alexandrie (confection de boites de conserves). Si je dis possédait, la raison en est que ce monsieur est parti un jour sans aucune explication. Suivant les dires de cette femme, il serait entré dans une secte !

Elle me raconta le quotidien d’une Européenne vivant en Égypte, avec les avantages et les inconvénients dus aux cultures dissemblables pas toujours faciles à vivre. Vous n’allez peut-être pas me croire, mais, si je me rappelle bien, elle ne m’a pas laissé en placer une. Nous nous sommes quittés à Rome après avoir trinqué dans le bar de l’aéroport.

Dernier vol pour le retour : Rome – Roissy.

Arrivée à l’aéroport, notre chauffeur, la même personne qu’à l’aller : Philippe, nous attendait pour nous convoyer en Touraine, retour sans incident. Bien sûr, nous sommes restés sur notre faim, c’est pourquoi Arnault nous a révélé, quelques mois après notre retour, qu’il vivrait sa vie en compagnie des pharaons.

La semaine prochaine, une autre histoire…

1 Comment

  • Abou Simbel …
    mais aussi Gizeh, Sakkarah, Louxor, Kom Ombo, que de beaux souvenirs pour nous aussi, portés par le Nil du Caire à Assouan. Toutes ces pierres dorées, érodées par les siècles, nous faisaient prendre conscience, intensément, de la relativité des choses.
    Néfertiti, un nom connu de tous mais qui se souvient (hormis le rédacteur du site et sa famille, bien sûr) de son pharaon d’époux, Aménophis IV ?
    Qui se souvient du nouveau culte d’Aton qu’il instaura malgré beaucoup d’agitation, de troubles et d’opposition des « élus » de l’époque ? Sa nouvelle « CIN » portait d’ailleurs son nouveau nom, Akhenaton.
    Qui se rappelle de sa nouvelle capitale, Tell el-Amarna, disparue depuis bien longtemps dans les couloirs du temps ?
    Des décisions, des politiques, des orientations vieilles aujourd’hui de plus de trente trois siècles …
    Qui se souviendra … en l’an 5380, des agitations, des troubles, des oppositions qui émaillent actuellement … notre cinquième république ?
    Relativité des choses …

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