Autre décor
Cet événement ne s’est pas passé comme le précédent dans le cadre de mon travail. Un voisin fut l’instigateur de ce dénouement qui, pour un homme comme lui, ne l’a pas grandi ; j’impute cette incivilité à son grand âge : dans les 90 ans.
Le pignon de sa maison, étant plus haut d’un étage que la nôtre, domine notre toiture ; de là vient notre différent. Ce mur étant embelli par un lierre, question esthétique, nous ne pouvions que nous réjouir de la verdure offerte (la frondaison d’un lierre grimpant est une espèce de plantes à fleurs de la famille des Araliacées. C’est une liane arbustive à feuilles persistantes. L’espèce est spontanée en zone tempérée eurasiatique de l’hémisphère nord. Il est également cultivé comme plante ornementale).

Nous ne pensions pas que ce décor viendrait jeter un trouble dans nos relations plus que courtoises pendant plus de quarante ans. Nous ne partagions pas les mêmes idéaux : gauche et droite, bien que notre homme soit aux antipodes de ma façon de voir. Pour le situer, il nous est arrivé d’entendre le leader de son parti clamer dans des haut-parleurs des discours de l’autre côté du mur.
Malgré la différence de nos points de vue, aucune acrimonie quant aux fois où il a essayé de me rallier à sa façon de penser, toujours avec des raisonnements qui ne risquaient pas de me convaincre. Il aurait pu être mon père compte tenu de son âge ; milieu catholique pratiquant assidu. Un matin, pour conclure la conversation, je lui avais, après sa tentative de conviction, rétorqué comment et pourquoi je ne pouvais adhérer à son idéal, avec surement un air détaché pigmenté d’ironie. Comme réponse pour mettre fin à ce débat, il m’a répondu du même ton :
– Monsieur, vous êtes un sage ? Sur un ton des plus sarcastiques pimenté d’ironie.
Une autre fois, un petit accrochage causé par des branchages tombés dans notre jardin a eu pour conséquence l’émondage du micocoulier implanté dans leur carré de verdure, les élagueurs ne pouvant maîtriser la dégringolade de quelques-uns.
À la pause du déjeuner, pensant bien faire, j’avais balancé par-dessus la haie les rameaux qui avaient dingué sur notre pelouse. Je n’avais pas prévu la fin du chantier, je présumais un retour des ouvriers l’après-midi, que nenni.
Malgré mes explications, le couple a interprété mon geste comme une agression. Un petit froid s’est glissé dans nos relations, une incartade éphémère.
Nous nous sommes toujours montrés très présents afin de les rassurer en leur offrant notre disponibilité dans des moments d’avatars, ces situations scabreuses en cas d’incidents dus aux années pesant sur nos carcasses. Il faut se rendre à l’évidence : la force d’un sexagénaire est plus efficace que celle d’un nonagénaire.
Revenons à ce pourquoi l’intitulé de notre histoire est Fourberie. Notre homme, ayant pris la décision de débarrasser son mur du lierre grimpant, a fait venir une entreprise pour la réalisation de cette tâche. À mon mécontentement, les ouvriers ont bien coupé les branches maitresses de la plante grimpante sans retirer la frondaison accrochée au mur surplombant une partie de notre toiture. Compte tenu de l’ampleur de la végétation, j’en ai déduit un amoncèlement dans les gouttières, ce qui générait des futurs dégâts à venir. Mon incompréhension : un entreprise digne de ce nom se devait de prévenir son client de son devoir de ne pas laisser un chantier pouvant causer des préjudices à un tiers.
Je n’ai pu faire autrement que d’interroger notre voisin de son intention à venir, en lui précisant qu’il se devait de faire le nécessaire pour éviter les dégâts qui ne manqueraient d’arriver dans la mesure où la situation resterait dans cet état. Je lui ai aussi précisé ma situation de personne concernée par cette malfaçon. Ne pouvant plus monter sur les toits, je lui ai précisé que, dans le cas où il ne ferait pas le nécessaire, je ne pourrais faire autrement que de payer une entreprise pour exécuter cette tâche. Pour la réponse, je ne me rappelle plus vraiment. L’artisan trouvé a frappé à notre porte en m’avisant de la requête de son client pour faire le travail. Il lui avait estimé le coût de la besogne à 400 euros.
Je suppose un état de fait qui pourrait s’avérer vrai : avoir proposé à mon vis-à-vis une participation au financement. Je ne suis pas certain de cet engagement, mais allons-y, soyons bon joueur.
Là commence la déloyauté : à l’annonce du devis des travaux, je ne pouvais faire autrement que discuter avec l’artisan.
– Monsieur, je ne suis pas d’accord pour votre prix. Je vais consulter une autre entreprise. Je suis sûr de trouver moins cher.
Il me demande alors de lui faire une proposition.
– 200 euros pour le travail à effectuer.
Sans hésitation, il accepte.
Je m’empresse de communiquer la bonne nouvelle à notre associé de l’instant, en lui précisant bien le résultat de mon marchandage.
Je suis allé à sa rencontre pour régler ma dette, espérant devoir, suivant mes comptes, 100 euros. Que nenni, de là ma surprise à l’annonce du montant de mon dû : 200 euros.
Une conversation de haut ton est née :
— Monsieur, je ne comprends pas ce montant. Je ne suis pas en face de vous par complaisance. J’avais discuté la facture pour nous deux. Aujourd’hui, je dois bien comprendre qu’il n’en est rien (il se peut que ce monsieur n’ait pas tenu compte de notre compromis), et pourtant je vous ai bien tenu au courant du marchandage, nous ne devions payer que 200 euros. Je vous donne ce chèque en vous faisant remarquer ma désapprobation, car, en réalité, ces travaux sont entièrement à votre charge.
Il y a un doute dans mon esprit, mais je ne suis pas certain, car sans facture et après mon marchandage que ce monsieur comme dans LA FOURBERIE 1 avait l’intention de me faire payer la totalité, je n’ai pu que lui faire partager ma façon de penser.
Comme je lui avais donné le chèque en arrivant, suite à notre algarade, il me l’a tendu en me disant qu’il n’en voulait plus.
J’ai refusé en lui précisant qu’il n’en était pas question.
– Vous avez le choix de le déposer ou pas, pour moi je suis quitte.
Nous nous sommes quittés sur ce dernier mot, nous n’en avons plus jamais parlé. J’ai continué dans ma disponibilité comme par le passé.
Fourberie ou pas ???
fourberie ou pas tu t’en tire toujours bien ,ceci étant le mûr appartenant à ton voisin ,c était à lui de supporter le cout des travaux ,me semble t’il .