28 août 2021

L’HISTOIRE DES BECASSES

Comment un vœu se réalise ? 

Ma curiosité ne s’arrête pas qu’au voyeurisme. Elle a des résurgences dans tout mon être, entre autres, mon côté épicurien : vouloir connaître le plus possible les saveurs à notre portée, que cela soit aussi bien les légumes, les fruits, les viandes, les poissons, les champignons en un comme en deux, le plus grand éventail des mets d’aujourd’hui ou d’hier.

 Je ne vais pas énumérer tous ces manques, la liste serait bien trop longue. Je m’applique à combler ces carences en acquérant tout ce que je peux dans les différents commerces spécialisés, ou non.

 Je sais très bien qu’avec la meilleure volonté, il ne me sera possible d’en déguster qu’une partie infime de tous les aliments comestibles, produits sur notre terre, mais je fais de mon mieux pour gouter le plus grand de ces denrées comestibles.

Pour les champignons, je fais mes expériences seul, pour les volatiles et le gibier c’est autre chose. N’étant pas chasseur, je suis dans l’obligation de m’approvisionner auprès des gens de l’art.

Tout ce palabre pour en arriver à une dégustation de bécasse, ce met manquait à mon appréciation gustative. J’avais mis à contribution un de mes amis artisans travaillant pour l’agence. Un chasseur pratiquant ce soi-disant sport dans un territoire de chasse où ce genre de gibier n’était pas rare.

Ce fait n’aurait pas dû figurer dans mes histoires si un événement tel que je les aime ne c‘était introduit entre le moment de ma requête et la réalisation de mon vœu. Cet événement amusant c’est produit comme pour agrémenter ce petit récit.

En fin d’après-midi au coucher du soleil l’heure où la lumière du ciel est entre chien et loup, je revenais d’une visite en empruntant une artère de la ville très droite traversée par des rues à angle droit, comme il n’est pas rare de les rencontrer dans notre cité. C’est justement à un de ces carrefours qu’il m’a été donné l’occasion de me conforter dans mon orgueil bien connu, me targuant de reconnaître à leur vol, les oiseaux de notre région, toute modestie mise à part.

Il m’est arrivé ce soir-là en arrivant à une bifurcation pas très éloigné de notre maison, c’est-à-dire en pleine ville, qu’un oiseau volant dans une rue transversale, a dû vouloir tourner à angle droit. Ne maîtrisant vraisemblablement pas son changement de direction, notre volatile est venu percuter un mur de plein fouet, ce qui a eu comme conséquence sa chute devant ma voiture.

C’est là que ma connaissance sur le vol des oiseaux a été intriguée. Je n’avais pas reconnu ce vol. Comme la victime de cet accident est restée sur le sol, je me suis empressé en sortant de ma voiture de récupérer ce petit être estourbi qui jusque-là m’était inconnu.

À ma grande surprise cette victime était une bécasse. Comme blessure elle saignait un peu de son bec, je ne discernais pas d’autres maux. Je tenais dans mes mains la petite bête qui pouvait venir combler mon désir de panachage dans mes dégustations.

N’étant pas un tueur né, je remis à plus tard l’exécution, voulant faire profiter à mes proches, l’incongruité de cette prise, me doutant bien qu’en faisant cette démarche, la mise à mort de ma future fricassée serait bien compromise.

Malgré ce pressentiment, je me suis présenté à la maison avec ma prise en annonçant mon désir de gouter ce gibier. Cris de récriminations à mon égard ayant droit à tous les noms du dictionnaire synonymes d’assassins, proférés unanimement par tous les membres de ma famille.

Pour me disculper de ces accusations, j’échafaudais un plan en proposant deux alternatives. La première de ces suggestions : si notre rescapé survivait à une nuit de récupération, bien en sécurité dans une position préconisée par les soigneurs d’animaux, des gestes de secouristes animaliers, qui m’ont été révélés par les documentaires des émissions télévisées, traitant le cas des oiseaux blessés, pour bien montrer mon intention d’être parfaitement régulier je proposais à Arnault notre fils de m’accompagner sur la berge du Cher pour la libération de notre ‘patiente’.

La deuxième hypothèse : dans le cas où notre rescapée aurait eu des difficultés d’envol, je revendiquais le droit à satisfaire mon péché de gourmandise en cuisinant l’échassier blessé après sa mise à mort dans le but de lui éviter des souffrances.

Comme prévu, à l’aurore le lendemain, nous nous sommes rendus sur les rives de l’affluent de la Loire. Arnault devant assister à la libération de la bécasse, en tant que témoin, et moi le personnage qui semait le doute dans sa rectitude, me connaissant bien, j’en suis sûr, ils étaient convaincus du respect de ma parole donnée. Cet assistanat fournissait aussi à mon observateur une occasion de profiter d’un levé de soleil au bord de l’eau.

Notre opération fut de courte durée. A peine ai-je relâché l’emprise de mes mains que notre prisonnière prit son envol caractéristique en zigzag comme pour éviter les plombs d’un chasseur, la technique retenue par ce gibier dans les sous-bois suite à un débusquage par un chien de chasse.

Mon insatisfaction culinaire fut compensée par ce moment de remise en liberté.

Cette histoire aurait pu s’arrêter là, et bien non il y eut une suite.

Je pense que le hasard fait bien les choses. Il m’est impossible de penser que ce soit dieu, ou alors il n’est pas très occupé, ce dont je doute fort, vu l’ampleur des dégâts sur notre planète.

Laissons là ces considérations et revenons au sujet qui me concerne, en revenant au coup du hasard. Ma curiosité épicurienne côté saveur, fut satisfaite de la plus belle des façons. Dans la même journée en rendant visite pour mon travail chez l’artisan chasseur travaillant pour l’agence, celui-ci m’a fait un présent, une bécasse tuée la veille à mon intention.

Et voilà comment il m’a été donné la chance de pouvoir tester la saveur d’une bécasse.

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3 Comments

  • Quelle présentation ! Ça !sent le professionnalisme dans la mise en page ! Jusqu’au texte où l’on ne trouve plus moult fautes d’orthographe
    Quant au style, c’est le tien ..;en montant au pinacle certains de ces petits comportements critiques que tu te complais à exagérer !!!
    Belle initiative. !
    jluc

  • Si tu m’avais dit que tu avais tué cette pôv’ bécasse, je t’aurais incendié, te traitant aussi d’assassin, meurtrier, criminel, de tueur, etc …
    J’imagine le bonheur que tu as dû ressentir en la voyant reprendre son envol.

  • Je ne connaissais pas l’histoire de la bécasse mais je n’apprécie pas
    que tu en manges.
    J’aime beaucoup ton chapeau il te va à ravir.

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