Un drôle de destin pour une petite chienne, je suis l’instigateur de ce destin, mais si j’avais prévu le sort réservé à ce petit être, jamais au grand jamais je n’aurais pris cette décision.
Encore une fois, je vais évoquer le merveilleux temps où je vendais des tracteurs chez les paysans. Comme pour la tortue (autre histoire à venir), une collègue de Danièle avait émis le désir d’acquérir un jeune chien. Elle avait fixé son choix sur un cocker gold, chien à la mode. Le malheur a voulu que je connaisse ce désir et l’imbécile que je suis, a fait du zèle.
Il a fallu que je me trouve le jour de sa naissance chez des paysans propriétaires d’une chienne cocker, celle-ci était en train de mettre bas et dans la portée, une petite chienne couleur d’un roux très clair arrivait parmi nous. En la voyant, je me dis que ce petit chiot pourrait combler le vœu de Nicole, la collègue de Danièle.
Je demande à la paysanne quel serait le destin de cette petite chienne, sachant que l’avenir de ces nouveaux arrivants était bien compromis, ces naissances n’étant pas désirées, je connaissais leurs destinées, l’éradication dans les plus brefs délais.
Informant la maîtresse du vœu de Nicole, je m’empresse de lui demander si elle pouvait accorder un sursis à cette petite boule de poils roux afin que j’informe la personne en quête d’un compagnon à quatre pattes, si elle était toujours d’accord pour adopter un canidé. La demande fut formulée, la réponse comme je m’y attendais, s’avéra positive, la tractation se fit dès le sevrage du chiot.
De là commence une vie de chien pour l’animal (c’est le moment de le dire) si j’avais connu l’avenir, il est certain que rien ne se serait passé, mais les dés étaient jetés.
Comme de bien entendu, je me charge de la livraison de Sanny chez sa nouvelle maîtresse. C’est le bonheur, mais ce bonheur fut de très courte durée, dès ce moment-là, commença une vie d’errance pour ce futur chien.
Cette jeune femme ne connaissant rien aux animaux, loin de se douter des désagréments causés par la présence d’un chiot dans un appartement inoccupé dans la journée. Celui-ci étant livré à lui-même, le désarroi, la solitude ont fait que sa maîtresse le soir, en rentrant chez elle a eu la surprise de retrouver son appartement souillé. C’est à ce moment-là, étant une femme très égoïste, qu’elle ne mesura pas les conséquences du reniement de son engagement pris envers cet animal.
Dans les jours qui suivirent, elle informa ses collègues de son intention se séparer de son compagnon, une de ses camarades pleine de bonnes intentions se proposa de récupérer le chiot, ce qui se fit.
Par malheur pour Sanny, cette personne avait pour ami un chasseur de la catégorie des snobinards. À la première rencontre du chien et du chasseur, l’humain constatant que l’animal n’était pas de pure race, mais un bâtard demanda à son amie de se séparer de Sanny.
Que croyez-vous qu’il arriva ? Hé bien, ce chien est revenu chez nous par la force, il n’avait pas été prévu que nous posséderions un animal, mais il fallait bien trouver une solution pour arrêter ce changement de maître, voilà comment nous nous sommes retrouvés avec Sanny dans la maison.
Une cohabitation pas toujours facile, ce petit chien, n’ayant pas un caractère des plus facile, n’aimant pas la solitude, il nous a occasionné d’avoir une cuisine repeinte, car un jour d’absence motivée par le travail, il a manifesté sa mauvaise humeur en lacérant avec ses griffes tout le bas de la tapisserie de notre cuisine.
Notre cohabitation se serait déroulée à peu près normalement, mais le caractère vindicatif de Sanny nous a posé un problème ; Danièle devant donner naissance à Bénédicte, nous n’avons pas voulu prendre de risques. Le tempérament jaloux du chien nous faisant craindre le pire pour notre bébé, une décision fut prise d’éloigner Sanny et encore une fois l’animal, changea de maître.
Nous l’avons mis en pension chez tonton Henry pour un temps donné pensant que son caractère belliqueux s’améliorerait pendant son exode et qu’à son retour, nous pourrions cohabiter sans avoir rien à craindre pour la sécurité de notre petite fille.
Cette période, je crois fut la plus terrible, cette petite chienne citadine se retrouva au milieu d’autres chiens avec des fonctions bien définis : deux pour la chasse, trois autres bergers pour les moutons, l’autre gardien de troupeaux était dédié aux bovins, le cinquième attaché à une chaîne montait la garde.
Cette petite meute n’a pas acceptée l’intruse, il m’a fallu récupérer notre petite bête bien amaigrie.
Contre toute espérances, le tempérament de Sanny ne s’améliora pas. Il fallut nous rendre à l’évidence, nous ne pouvions garder notre chien, il était trop dangereux pour notre bébé. Je fis connaître aux ouvriers travaillant dans l’atelier de la société où j’étais représentant notre désir de nous séparer une nouvelle fois de l’animal. Un chasseur parmi ceux-ci me proposa de le prendre pour en faire un chien de chasse et une nouvelle fois notre compagnon à quatre pattes changea de maître.
Pendant quelques années, j’ai cru que Sanny avait élu domicile chez le chasseur, quelle ne fut pas ma surprise un beau matin où je me suis rendu dans une ferme afin de faire un devis pour une installation de stockage et séchage de céréales.
Les bâtiments de cette ferme étaient loués à un ouvrier portugais, Augusto, travaillant dans l’atelier de mon employeur. Je ne sais comment Sanny était arrivée dans la cour de cette ferme, mais elle était là ! Folle de joie, sautant partout après cinq ou six ans de séparations, elle m’a reconnu.
J’avais laissé la portière de la voiture ouverte, la chienne profita de ma négligence pour sauter dans l’habitacle, impossible de la faire descendre, elle me montrait les dents relevant les babines en me menaçant de ses crocs, tel un fauve.
Pour la faire descendre, je suis entré chez le locataire où elle m’a suivi. Nous avons essayé de la distraire, me permettant par cette manœuvre de pouvoir partir, je pensais ce jour-là que Sanny avait enfin trouvé un refuge agréable ? Hé bien, il faut croire que non, Augusto m’informa que des bûcherons étaient venus travailler aux alentours de son logis et que Sanny était partie en leur compagnie.
J’arrive à la fin du récit, au revoir Sanny. Et mille regrets pour toutes ces turpitudes.
Bon Dimanche et très bonne fête des pères
A bientôt
les chiens sont comme les hommes pas toujours faciles
Fort belle illustration de la parole biblique de Saint-Bernard au XIIe siècle : » L’enfer est plein de bonnes intentions ».
Au grand risque pour ma part de commettre sacrilège, car hypothéquant en cette histoire, qui est le plus en cause ou à plaindre : les différents protagonistes concernés ou le pauvre animal ??? Ah chienne de vie !!! FR
Pour en savoir plus : https://www.youtube.com/Ik9bilQKMq8