Une présentation de cette série qui se veut malicieuse.

LES CHAMPIGNONS ET MOI
Mon premier contact avec les morilles date de 50 ans, au début de ma carrière de représentant dans la machine agricole vers les années 1970. Je le dois à un ami, JP. Au début de nos relations, en ami, il m’emmène à la recherche de ce champignon. À cette époque, ma connaissance en mycologie s’arrêtait à quelques variétés, les plus communes ????
Mon rapport avec ce champignon de la famille des pézizes est des plus cocasses, il me fuit, il a envers moi un comportement de joueur qui le rend insaisissable. Toutes les occasions étaient bonnes pour me narguer.
Ceci dit !
Moi et les morilles.
Le hasard qui fait bien les choses veut que peu de temps après cette leçon de sciences naturelles, j’ai pu mettre à profit mes nouvelles connaissances.
La première étape d’une série de déconvenues qui a perduré presque un demi-siècle.
Cette occasion de montrer mon nouveau savoir s’est déroulé dans le cadre de mon travail, lors d’une visite chez un de mes clients arboriculteur. Je voulais racheter son tracteur que je jugeais trop ancien, il était tant dans mon intérêt de le remplacer par un neuf.
Lors de leur absence au domicile, j’allais à la rencontre de ces travailleurs dans les champs, lieux de leurs travaux. Ce jour-là, mon homme travaillait dans un verger, je pense vu la saison qu’il devait se livrer à la taille des pommiers. Laissant ma voiture au bout du verger, je me dirige à pied vers lui.
Arrivant à quelques mètres de cet homme, devant moi s’épanouissant au soleil, une morille, une belle blonde, car comme pour la bière, il y a des blondes et des brunes. Si la mode pour les femmes n’est pas aux rondeurs, il n’en est pas de même pour les morilles. Nous les préférons bien en chaires, leur grosseur n’est pas un handicap, je dirai même plus, nous les préférons si possible, assez rondes.
Je tombe en arrêt devant ce champignon, peut-être ai-je esquissé le geste de vouloir me baisser pour le cueillir, j’ai exécuté ce mouvement ouvertement devant ce tailleur en l’informant de ma découverte. Quelle ne fut pas ma surprise d’entendre ce monsieur me dire d’un ton s’accordant avec ses paroles :
– Nous sommes assez grands pour les ramasser nous-mêmes !
Le ton de cette remise à ma place m’a surpris, cette intonation ne correspond pas au personnage, car ce monsieur était et je le pense toujours, d’une très grande sympathie.
Je prononce ces mots en parlant au présent, pour la raison suivante, ce couple d’arboriculteurs se sont mis à vendre la production de leur exploitation en direct sur les marchés. Étant un grand chaland de ce genre de commerce, nous avons souvent l’occasion de discuter ensemble, moi pour lui rappeler qu’il y a 40 ans j’étais resté chez eux un soir, insistant pour changer leur tracteur. Cette discussion avait duré bien après minuit, sans pour autant réussir, ce qu’il aime à me rappeler encore aujourd’hui, en me faisant remarquer qu’il n’a toujours pas changé de matériel, que celui-ci, lui donne encore pleinement satisfaction.
Tout comme moi, il se souvient très bien de l’épisode de la morille, à la différence de moi, lui, il a oublié sa phrase légitime de propriétaire. Me connaissant comme vous me connaissez, je ne rate jamais l’occasion de lui rafraîchir la mémoire. Tous les ans, à la saison des morilles, nous évoquons cette anecdote, du fait que lui et son épouse, surtout son épouse, propose sur son étal, les premières morilles de l’année.
La deuxième fois qu’il m’est arrivé de tomber en arrêt sur ce champignon, nouvelle déconvenue. Ce jour-là encore, le destin a voulu que je sois accompagné du propriétaire du terrain. C’était mon patron, nous étions descendus des bureaux pour voir du matériel en exposition à l’extérieur, et là, sur le falun, quelques morilles s’épanouissaient. Mon patron, me prenant à témoin, me demande de le conforter dans sa décision de vouloir déguster ces champignons.
Bien sûr, je lui ai affirmé qu’il pouvait les manger sans crainte.
Jamais deux cent trois qu’ils disent ! Si aujourd’hui, je conte mes petites histoires, c’est pour conforter la véracité de cet adage. Cette année, comme tous les ans, les premières morilles se sont offertes à ma vue sur l’étal de mon arboriculteur. L’homme de ma première découverte il y a plus de 40 ans.
Après avoir constaté la pousse de ces champignons, sachant que l’an passé le jardinier chargé d’entretenir le jardin de maman, avait eu la chance de cueillir dans les plates-bandes entretenues par ses soins, une petite quantité de morilles. Me remémorant cet événement et comme nous allions déjeuner chez un ami à Chemillé, le lendemain de cette constatation, j’en profite pour faire un tour dans le jardin de maman, pas de chance aucune morille n’apparaît à ma vue.
Cette histoire aurait pu s’arrêter sans suite, si le destin en avait décidé autrement. Notre repas terminé, nous sommes allés faire une promenade dans la campagne Chemilloise. Comme toujours, je ne peux déambuler dans la campagne sans marcher la vue baissée, mais rien de ce qui pourrait ressembler à un champignon, s’est offert à mon observation.
Nous revenions de cette promenade bucolique par un petit chemin, qui dans son parcours sillonne des parcelles de jardin appartenant à plusieurs propriétaires, les habitants du bourg.
Dans la traversée de cette étendue cultivée, nous croisons un groupe de personnes, des Chemillois de notre connaissance. Ils nous apostrophent, en nous demandant si nous pourrions les renseigner sur des champignons, fruits d’une cueillette qu’ils venaient de faire.
Nous les présentant dans la paume de leurs mains, incontestablement, les champignons qui s’offraient à notre vue étaient des morilles. J’ai rassuré ces gens en les jalousant, sur la comestibilité de leur trouvaille. Suite à cette constatation, nous sommes retournés là où ces veinards avaient fait la découverte de ce met on ne peut plus délicieux.
eh oui, pour la troisième fois, j’ai bien vu des morilles à mes pieds, mais comme les deux premières fois, je n’ai pu qu’assister à la cueillette de ces champignons par de tierces personnes, n’ayant eu que le loisir de les conseiller pour les cuisiner.
LE 12 AVRIL 2016
Comme je ne pouvais pas toujours jouer de malchance, il fallait bien qu’un jour mon vœu se réalise et que j’en trouve de ces maudits champignons !!
Ce jour-là est arrivé, pour mon plus grand bonheur.
Ce 12 avril, comme toujours, mon premier geste suite à ma sortie du lit fut d’allumer mon ordinateur pour savoir combien de visiteurs sont venus sur mon site « le pèlerin de Touraine » et bien sûr, en « addicte » de cette institution qu’est l’informatique, j’en profite pour ouvrir ma boîte mail.
Ce 12 avril, un message de Jean-Lou, un ami d’enfance avec lequel j’ai toujours gardé une relation suivie, me demande s’il m’est possible de lui rendre un service (pour information déployer et transporter une grande échelle). Il m’était impossible de dire non, c’est pourquoi je me suis rendu à sa résidence. Nous avons accompli notre tâche et comme il se doit ensuite nous avons bu une bière en fumant un cigarillo.
Après notre au revoir, je monte dans ma voiture, à peine démarrée, que ne vois-je pas sur le parterre du voisin de Jean-Lou, trois morilles. Mon sang ne fait qu’un tour, pour la première fois, je vais pouvoir cueillir ces champignons et les déguster (photo ci-dessus).

Illico, je m’empare de ces futurs mets, pensant que cette fois rien ne m’empêchait de les garder pour notre table.
Quelque chose me chiffonnait entre ma conscience et mon orgueil, faire part de ma découverte à mon ami ? Mais ne voulant pas encore une fois partager ma récolte avec un tiers, je fuis avec mon trésor.
Me disant qu’il n’en saurait rien, mais c’était bien mal me connaître. Je n’ai pu tenir ma langue, il me fallait faire part de ma découverte à mon ami, ce que je fis ultérieurement.
Il me tardait de retourner à cet endroit pour savoir si de nouveaux champignons n’étaient pas sortis de terre. Bien m’en pris, deux morilles s’offraient à ma vue, je me suis empressé de les cueillir pour les offrir à Jean-Lou. En faisant ce geste, je m’innocentais de mon comportement égoïste de la veille.
Comme un bienfait n’est jamais perdu, sur ce parterre en compagnie de ces morilles, des pézizes, une autre variété de champignons était sortie de terre. je les connaissais bien ces champignons pour avoir vu une vieille paysanne les cuisiner tout au début de ma carrière de représentant en matériel agricole.
Ces pézizes, cette dame les nommait d’un nom très imagé : « Oreilles de chat ». Photos ci-dessous.
Je ne peux que satisfaire à ma curiosité de mycologue (encore mon orgueil) en cuisinant ces mets encore inconnus à mon palais.
Le lendemain, après la dégustation, je suis toujours vivant et très content d’avoir savouré ce met qui m’a régalé…

Bonne degustation de lecture c’est déjà ça et moins dangereux.
Bonne semaine et à bientôt
Je ne me souvenais pas de cette histoire. Ton oeil est bon chasseur.
Je ferai plus attention en traversant mon jardin.