Par ce manque de respect à la personne que je veux être, en tant que radin, je ne pourrais comprendre le comportement des personnes de mon entourage qui, sous des bouilles débonnaires, sont des charlots de la meilleure espèce.
N’hésitant pas à profiter d’une situation indépendante de ma volonté, la réitération d’une mésaventure déjà vécue et relatée dans une histoire parue dans ce registre sous l’appellation : Un porte-monnaie le 04 novembre 2023.
Ce morlingue, encore une fois, je l’ai oublié dans la boulangerie LA COQUINIERE, lieu de ma rencontre avec Rolande, la Chemilloise, l’héroïne en deuxième partie de l’histoire : « Un drôle de mardi matin », éditée le 04 mai 2024. J’avais pourtant pris la précaution, avec preuves à l’appui, en faisant l’inventaire à tout le personnel au service de la clientèle du contenu intentionnel de mon crapaud.
Pourquoi tout ce petit monde a tenu sous silence la trouvaille de mon objet perdu ? Il a fallu attendre plus de deux mois pour que la boulangère en titre, « une coquine », (je n’ai rien inventé, mais ce sobriquet lui va à merveille) ne me le dise. N’est-ce pas une coquinerie que d’avoir attendu tout ce temps pour m’aviser de sa possession de l’objet retrouvé dans son magasin ?
Compte tenu de mes rapports avec l’argent non ignoré de ce petit monde, je pense avoir été la risée de cette brigade au service des panivores du quartier. Pour ne pas en rester à cette appréciation, il me faut continuer dans un autre registre, quoique !
Une autre fois, cette dame ne m’a pas raté ; n’est-ce pas elle qui, un matin où la boulangerie était pleine de clients, m’a interpelé d’une façon on ne peut moins délicate :
– Monsieur, vous êtes un « pervers ».
C’était la deuxième fois que l’on me qualifiait comme un personnage peu recommandable : souvenez-vous, la première fois, j’étais un « violeur » avec photo à l’appui. Pour se justifier de cette appellation, mon injurieuse de continue :
– Oui, monsieur, tous les matins, en prenant mon petit-déjeuner, vous vous invitez à ma table !
Cela change tout au contraire : me voilà ravi de cette « perversion ». Elle n’est pas la première personne à m’évoquer cet instant matinal ; les autres dames n’emploient pas les mêmes termes depuis leurs entrées en possession des plateaux que je leur ai offerts.
Une explication pour le « violeur ».
Cette suite est une partie de l’histoire éditée le 11 juin 2022 sous le titre : LES ALÉAS D’UN MARAUDEUR. Pour ne pas en rester là, je ne peux que continuer dans ce registre avec une autre histoire bien plus récente. Le site de cette aventure, une prairie clôturée. Pour marauder dans cette prairie, il ne me suffit pas de passer outre la lisière, comme je le fais pour pénétrer dans le lieu où s’est déroulée l’histoire précédente.
Il me faut, pour accéder aux espaces prédisposés à la pousse de mes cueillettes (rosés des prés, mousserons, pieds bleus, coulemelles suivant les saisons), enjamber les fils de fer barbelé, ce que je fais allègrement. Jamais je n’ai rencontré d’âme qui vive, en cinquante ans d’errance, hormis les chevaux. Si, une fois, un chevreuil s’est carrément envolé en faisant des bonds au-dessus des bouillées d’arbrisseaux, les seuls hôtes de ces pâtures.
Je parcourais ces surfaces agraires en toute quiétude, quand j’ai remarqué, lors d’une pérégrination, la venue d’humains dans cet espace. J’ai tout de suite pensé que ces visiteurs n’étaient d’autres personnes que les propriétaires, car ils avaient positionné une caméra sur un pieu. « Malin » comme je suis, j’ai avancé vers l’objectif de l’appareil enregistreur, pensant qu’il l’avait installé dans le but de filmer la faune sauvage.
J’étais loin de penser à ce que me réserverait ma naïveté. Il m’a fallu vieillir de plus d’un an pour être confronté aux conséquences de cette négligence. C’est en déambulant dans les rayons d’un supermarché que je fus interpellé par un étudiant, vraisemblablement en stage pour travailler durant sa période de vacances. Ce jeune « hobereau » ou « freluquet », je ne le nomme pas innocemment de ces qualificatifs, car à sa façon de m’apostropher, j’ai ressenti, venant de sa part, une telle arrogance que je suis encore à me demander, comment ce gamin encore boutonneux, qui à cet âge devrait avoir l’esprit empreint de tolérance et de mansuétude, puisse prendre des attitudes propres à des vieux réacs ?
En m’apostrophant d’un ton agressif et me montrant sur l’écran de son iPhone une photo de mon visage en gros plan :
– Vous reconnaissez cette personne ?
– Comment voulez-vous que je ne la reconnaisse pas ?
– Monsieur, vous êtes un « violeur ».
Cette appellation me prêta à sourire.
– Oui, monsieur, vous avez violé une propriété privée ; toujours sur un ton de justicier, fort de son bon droit.
Vexé, je crois, par mon sourire narquois, il me regarde du haut de ses, peut-être, vingt ans, et encore, je ne suis pas sûr qu’il eût cet âge. C’est à cet instant que je me suis rappelé la caméra dans la prairie. Eh oui, bêtement, je me suis présenté sans méfiance devant l’objectif, ne pensant pas qu’une machine à faire des films ne faisait aucune distinction entre les animaux et les humains.
Ce qui m’a le plus interloqué, ce fut l’outrecuidance de ce jeune « freluquet » en m’adressant la parole. Comme bien entendu, je lui ai fait remarquer qu’avec le temps, il en rabattrait de sa superbe. Je mis fin à cette altercation en prononçant cette phrase, avant de tourner les talons :
– Tu vois, jeune homme, je te donne rendez-vous dans cinquante ans afin de voir, comme je l’espère, et de juger si ton arrogance se sera amoindrie.
Cette histoire se voudrait être la dernière dans le registre champignons ? À moins que mes déambulations en forêt aillent encore imager mon futur.
Il se peut et, comme je l’espère, d’autres événements viendront ornementer mes recherches bucoliques. Soyez certains, je m’empresserai de compléter cette série.
Entre radin, pervers, maraudeur, violeur, il semblerait que tu te complaises ici, à justifier l’emploi de ces qualificatifs, pourtant pas très flatteurs émis à ton encontre… Leur degré d’agressivité est lié bien évidement, à leur provenance et à l’occasion qui a provoqué leur acerbe invective !
Mais il faut quand même bien reconnaitre, que tout au long de tes habituelles pérégrinations, délibérément par prédilection ou provocation, tu as l’art de te fourvoyer, ou faire éclore, des situations, pour le moins abracadabrantesques !!! FR