LA PREMIÈRE PRÉMONITION (20.10.2022)
Ces nouvelles n’ont d’intérêt que la mise en exergue, ma façon d’apprécier tous ces petits avatars qui enjolivent ma façon de gamberger.
Mon amitié avec le héros du St Jean, le tavernier de ce bar n’était plus à démontrer.
Aujourd’hui, il en est plus de même, mes rapports avec cet ami n’ont pas changé, mais des événements ont interféré dans cette amitié.
Suite à l’achat de son bar, il m’avait octroyé le droit de me garer dans le parking attenant à son établissement, dans la mesure où il y avait des places libres. J’ai joui ainsi de ce passe-droit avec cette autorisation, soit une dizaine d’années, en toute sérénité, jusqu’au jour où je me suis fait éconduire.


Ces photos ont été prises sans bouger de place.
La façon dont s’est passé cette mise à la porte, je la passe sous silence. La seule chose certaine, ou alors je serais très étonné : ces deux scènes relatives à mon éviction, générant ma décision, ne sont vraisemblablement pas parvenues aux oreilles du patron.
Je garde pour les trois acteurs de ces esclaffes de la rancœur, mais sans plus.
Comme je ramène toujours tout à moi, il me faut relater le pourquoi de cette histoire qui va prendre place dans une nouvelle classification : Les prémonitions.
Cette narration n’aurait aucun intérêt sinon celle d’un simple fait divers, la suite va cautionner ma verve.
À deux cents mètres du parking en question, il est une salle de spectacles sise dans un quartier piétonnier du vieux Tours, les passeurs de légendes y animaient une soirée.
Cette zone est interdite aux voitures hors service.

En tant qu’accessoiriste de ces comédiens, une autorisation m’a été octroyée ponctuellement, il me fallait faire baisser le plot servant de barrière pour accéder à ce secteur protégé.
Le tordu que je suis, en parcourant l’itinéraire de notre domicile au théâtre, je me suis fait un roman en imaginant une coïncidence, quel bonheur j’éprouverais, si un des personnages qui m’avaient évincé assistait à mon entrée dans cette zone réservée à des privilégiés.
Encore un heureux hasard, ma présomption a pris corps à l’instant précis quand j’ai donné l’ordre de faire baisser le plot interdisant le passage.
Eh bien oui !
Que croyez-vous qu’il arriva à cet instant précis ? A la seconde près, un des quidams, cause de mon évincement, passait devant ma voiture. Nous nous sommes salués d’un geste assez discret, mais geste il y a eu ! Je ne pouvais pas, ne pas lui communiquer cette joie autrement qu’avec un sourire que j’ai voulu un tantinet narquois.
Ne pouvant garder pour moi ce satisfecit, il me fallait attendre une occasion pour enfoncer le clou, l’opportunité ne s’est pas fait attendre. En épiant la terrasse de l’estaminet, je savais qu’il me serait donné l’aubaine de croiser un serveur non concerné par la rixe.
Mon espoir ne fut pas vain, peu de temps après cet événement, j’ai eu l’occasion de combler mon vœu en contant le dénouement de cette turpitude à cette tierce personne.
J’ai terminé ma narration en lui faisant la remarque :
– Tu peux te renseigner sur la véracité de ces dires en questionnant ton collègue, il m’a vu donner l’ordre de baisser le plot de l’ouverture !
À sa mimique, je me suis rendu compte de mon satisfecit, mon entrée de privilégié lui avait été révélée.
La semaine prochaine la deuxième de ces prémonitions.
Une histoire, excusez du peu, avec comme personnage principal La fontaine.
J’adore quand le karma est aussi facétieux.